Mort d'amour

Le 01/04/2015
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par Pascal Pratz
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Thèmes / Obscur / Introspection
Encore une contribution tardive pour notre grand concours 'Innomable' de textes sans substantifs, qui devient décidément un grand succès de foule post mortem. Cette contribution s'en sort plutôt bien, avec ces considérations philosophiques cohérentes et désabusées. Attention tout de même, ça parle d'amour.
Ça te tombe dessus sans prévenir, tu l'auras remarqué. Ça vient toujours par surprise. Pourquoi je dis « Ça » ? Parce c'est un « Ça ». C'est indépendant de qui. Que ce soit masculin, féminin, animal, végétal, c'est imparable. C'est immatériel. Tu tombes amoureux de Ça. Tu l'as pas vu venir. Et tu te retrouves complètement idiot et gaga. Ça peuple tout. C'est permanent. Diurne et nocturne. C'est partout. On peut même se demander si on a vraiment besoin du « Ça » pour vivre ce truc, si le « Ça » n'est pas superflu. Ne serait-on pas simplement face à soi-même, n'aimerions-nous pas simplement aimer, ne serions-nous pas tout simplement amoureux de nous-même, de ce que nous en renvoie autrui ? D'aucuns invoquent l'instinctif, d'autres sont oniriques, d'autres encore mystiques. Je les trouve comiques, ridicules ou pathétiques. Personnellement, je n'en démords pas : tu fais ça tout seul. C'est là-haut que ça se passe. Tu peux gémir, tu peux pleurer, tu es seul, il n'y a que toi. Tu souffres mais n'aimes-tu pas souffrir, en définitive ? Tu me fais rire et, de moi, tu n'auras rien d'autre.