LE DERNIER DES ENCUL2S #SaintCon2015

Le 10/04/2015
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par Lourdes Phalanges
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Thèmes / Saint-Con / 2015
Démarrage de la Saint-Con 2015. Lourdes Phalanges, un perdreau zonard de l'année écoulée, s'adonne à ses premières réjouissances saint-connesques en s'attaquant à l'un des piliers historiques du site, Lapinchien, choix de jeune loup audacieux aux dents longues, soucieux de renverser les vieilles hiérarchies au sein de la meute. Mais où se croit-il donc, ce petit foutriquet ?
«Tout le monde connait le syndrome de la page blanche qui s'abat sur toute personne qui à pour métier, passion, hobbie, perversion, aliènation, obligation voire doudou, l'écriture et quand je dis "s'abat", vous l'aurez bien compris, je ne parle bien entendu pas du...» Les quatre murs en granit étaient recouvert de ce genre d’inscriptions. Dans un coin, un matelas noir de crasse et encrouté de vomis, ainsi qu’une petit seau pour les besoins.

-«Capitaine, vous me recevez ? J’ai trouvé sa cellule, il n’y a personne»
-«Sainte Mère de Drieu, fouillez les environs, il nous le faut !» gueula Glancreux dans le micro.

Le Lieutenant Etlesaboutissants soupira. L’oxygène se raréfiait à nouveau et le scaphandre l’empêchait de se mouvoir normalement. Le soldat s’était retrouvé sur des théâtres d’opération difficiles : les commentaires d’un blog serbe semi-nécrophile interracial, «Retour à la Terre» : la page fan de Marc Dutroux, un forum esperanto laissé à l’abandon; mais là, on s'enfonçait un peu plus dans l’Horreur à chaque pas.

Le Lieutenant continua son exploration. Un véritable dédale éclairé par des torches précaires, du sang contaminé sur les murs et des portes vermoulues aux noms sibyllins : «L’invitation», «Années 2066», «Comme son ombre»... Et ce silence, pesant, troublé de temps à autre par une suite de litanies incompréhensibles diffusées par des hauts-parleurs archaïques.

Il finit par déboucher sur une pièce plus grande que les autres. Un néon fushia grésillait près d’un bassin : «Articles en Attente». Un ramassis de métaphores en décomposition flottait tant bien que mal parmi les blocs syntaxiques et autres parti-pris esthétiques graisseux. Sans crier gare, une bouillis noire coula d’une ouverture dans le plafond.

-« Lieutenant, du nouveau ?»
-«Toujours rien Capitaine, je poursuis mes recherches»
-«Faites le nécessaire avant qu’il ne soit trop tard !»

Des heures durant, le soldat arpenta des couloirs sans fin, explorant les différents niveaux à la recherche de sa cible. Il ne croisait jamais personne. Trébucha sur un cadavre. 
Arrivé à une intersection, il entendit des petits gémissements. Il s'approcha prudemment de la source du bruit, prêt à faire feu. C’était lui, le Lagomorphe, accroupit au milieu de ce qui ressemblait à un vieux cimetière païen. Il soliloquait en caressant ses testicules atrophiées et pelantes, griffonnant on ne sait quoi. Le Lieutenant fut pris d’un haut-le-coeur. On l’avait décrit hideux mais c’était Lucifer qui avait enfanté cette chose pour mieux répandre le Mal dans le coeur des Hommes.


Soudain, Le micro grésilla :
-«Lieutenant, où en êtes-vous ?»

Alertée, la Bête Immonde se redressa et lança :

-«C QUI QUAI LA ? C KIKI VEU MON VOTE ?»


Etlesaboutissants était repéré. Il fallait faire vite. Il fit feu à plusieurs reprises mais sa cible était trop rapide. Et fourbe. Dans un souci d'aérodynamisme, le Lagomorphe attacha ses longues oreilles vérolées à l’aide d’un élastique bon marché et pris la fuite en s’engouffrant dans une trappe.

Le Lieutenant s’élança à sa poursuite. En descendant l’échelle qui le conduisait tout droit dans un tunnel plongé dans le noir, il put lire sur un vieux panneau rouillé : «Virualité Réelle» : «Un nom débile pour une action du même acabit….» Etlesaboutissants était déjà pris de nausées. Il avait beau être entrainé, il n’avait jamais rien vécu de semblable. «C’était pratiquement mission impossible si on souhaitait faire partie du public, surtout en déboulant à l’improviste. Il fallait montrer patte blanche.» La masse graphique commençait déjà à s’introduire dans sa combinaison. Glancreux tentait d’entrer en communication mais le signal était altéré. Arrivé en bas de l’échelle, le Lieutenant s'enfonça dans une sorte de fange putride. Il activa sa frontale et entrepris de progresser tant bien que mal à la recherche de celui qu’on surnommait dans la gribouillosphère «l’Enculé des Carpates». Ou «Celui qui n’en avait qu’Une», il ne se rappelait plus très bien. «Mais non, en fait là, je raconte n’importe quoi». Le soldat commença à saigner du nez. Les gémissements capslockés se faisaient plus étouffés.

Le Lagomorphe surgit soudain de la fange : «KOUKOU, C UN HAIKU ?» Etlesaboutissants tomba à la renverse. Quand il refit surface, son arme avait disparu.

La Rat Musqué des milieux opaques 2.0 se dressait devant lui, fièrement installé sur un trône en bois de cagette. C’était comme s’appeler Goldstein en 42 (et aimer Wagner), ou éternuer en plein cunni, ou se raser les gonades au beau milieu d’un tremblement de terre. «Ce fut comme une mégatonne de claques dans la gueule». Au moins.

-«MON PLAN EST PRAIT? TU NE POURRA PAS M4ARRETER? QUAND J4AURAI FUZION2 MON ANTRE AVEK LE MONDE R2EL? ELLE SE REPEUPLERA? ET TOUT REDEVIENDRA KOM AVAN8888»

Etlesaboutissants, dont les rétines commençaient à fondre à la vue d’une telle abomination, se dit qu’il valait mieux se sacrifier pour éviter qu’un projet de la sorte n’aboutisse. Il attrapa son briquet et l’alluma. Le soufre contenu dans l’air s’embrasa. «la quintessence de vos vies intérieures bouillonnantes» Les mots entraient dans ses poumons, pénétraient ses pores, grignotaient sa chair. Les flammes n’étaient que caresse et volupté en comparaison : une libération. «formalisez vos angoisses». Le Lagomorphe brulait aussi, mais salement. Ce n’était pas une créature terrestre qui se consumait, «Que dalle», mais bien une partie du Royaume de Satan qui partait en fumée (lol). «un néo-Andy Warhol».
«Le néant happa le tout et conclut cette histoire qui par on se sait quel miracle en réchappa…». «de mes couilles».