Le Projet Blaireaux ou Préparatifs avant la Saint-Con (1 et 2/4) #SaintCon2015

Le 10/04/2015
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par HaiKulysse
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Thèmes / Saint-Con / 2015
Un texte que j'estime cryptopunk mais probablement que Dourak qui ne semble pas l'avoir particulièrement aimé me contredira. Le narrateur dont on ne sait rien sinon a priori qu'il devrait courir à l'hosto le plus proche pour faire un scan cérébral de routine, psalmodie en postillonnant des centuries haineuses quelque part entre le diable de Tasmanie et Nostradamus, il les attribue à ses deux personnages principaux, Charles Manson et un certain Taylor que je soupçonne d'être Tyler Durden (mais j'avoue ne pas avoir poussé les recherches spéléopsychiatriques très loin) Alors bon, nous y sont prédites une Saint Con 2015 médiocre ainsi que la fin de notre rite séculaire préféré. C'est peut-être une sorte de malédiction ? Le texte abonde violement dans ce sens, quoi qu'il en soit. Vivement la suite annoncée.
Ils étaient les intrus qu'on veut oublier. Voilà pourquoi La Saint-Con, cette année-là, fut en quelque sorte escamotée. Selon Charles Manson, à qui Taylor reconnaissait un langage de plus en plus ironique, c'était tous les jours, La Saint-Con. Mais cette fois, une fois pour toute, ils allaient sonner le glas de cette fête pitoyable.
Ils avaient roulé toute la nuit dans une Renault Scenic de troisième zone, avec des poules qui n'arrêtaient pas de glousser à chaque blague vaseuse de Manson. On entendait aussi, provenant du coffre, un son étouffé : tantôt un couinement ou gémissement, tantôt une plainte aiguë, une complainte revigorante pour leurs deux cœurs transis : Charles Manson et Taylor avaient capturé le roi et la reine de la Saint-Con et ils comptaient les ramener chez nous, en piteux état, dans notre bourgade où se déroulait annuellement la célèbre Saint-Con.
Au petit matin, alors que Charles Manson gara la Scenic sur le parking de la place du village, Taylor commença à exulter à l’idée de se voir enfin en haut du podium, la Golden Cup à la main et le sourire vainqueur. Pétrifiée par son maquillage extravagant, l’une des poules atténua son ardeur en esquissant une moue qui en disait long. Selon le rapport de son dernier psychiatre, Taylor était aussi mégalomane que le sieur Ramsès II, ses idées les plus loufoques jaillissaient directement de sa sentinelle cérébrale ; raison pour laquelle il affectionnait Age of Mythology, ce jeu lui donnant l’illusion qu’il possédait "un génie stratégique" selon ses propres mots.
Quant à Charles Manson, frustré d'un lointain amour filial, ses projets d'éducation se résumaient à la vivisection de petites têtes blondes ou brunes ; à cette heure d'ailleurs, trempant à moitié dans l'eau ensanglanté, ses grumeaux se mélangeaient aux lubrifications vaginales d'une merdeuse qu'il avait affligé, formant des décalcomanies étonnantes sur les parois de sa baignoire. À sa mémoire, Manson baptisa sa nouvelle œuvre d’art du nom d’une actrice hindoue de Bollywood dont le maquillage indien, en particulier ce bindi (ou troisième œil de Shiva), seyait si bien avec ses tenues affriolantes. Il aimait débattre de longues heures sur ce sujet à vif lors de ces repas de famille, toujours bien arrosés de ce bon sens œnologique (ce bon sens œnologique qui avait parcouru les époques et les strates des divers sociétés, de la petite paysannerie du Moyen-Âge jusqu’à la Grande Noblesse de nos jours). C’était un véritable supplice, ces repas de famille, longs comme un interminable déballage intestinal, pour Kurt Cobain son ado de fils qui utilisait les substances et traitements adaptés pour s’endormir avant le dessert et ainsi rater le fameux « nivellement par le bas » thème propre à sa classe sociale.

« Pingouins dans les champs, hiver méchant » avait prédis Tréfonds Tournesol, le bhikshu du village ; celui-ci vivait dans une semi-huttes de palmes, dans une marmaille accidentelle de pieds, pénis et nombrils, morves et rires, et cherchait maladroitement à se faire aimer de ses semblables en lançant ses prédictions à la cantonade tous les matins de bonne heure sur la Place du Village. Ce fut ainsi qu'il croisa la route de Taylor et Manson en train de décharger du coffre de la bagnole le roi et la reine de la Saint-Con. A force de gueuler dans tous les azimuts, cette espèce d’illuminé allait les repérer, ils seraient alors pris en flagrant délit d’enlèvement ; Manson eut un haut-le-corps, des secousses de répulsion, face à cet individu incontrôlable puis il se ravisa, il fallait garder la tête froide : il prit le manche de pioche qui trainait à l’arrière de la bagnole et commença à avancer en direction de Tréfonds qui ne le voyait pas arriver, perdu à travers les ténébreuses absences du flux et du reflux de son harangue onirique (probablement à cause de cette ingestion d’étranges pilules quelques heures plus tôt.)
A suivre !