Le Projet Blaireaux : Danse avec les Ombres ! (3 et 4/4) #SaintCon2015

Le 12/04/2015
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par HaiKulysse
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Thèmes / Saint-Con / 2015
Kirikoulysse vient d'inventer le concept du feuilleton de Saint Con. Ce processus ingénieux consiste à poster un premier texte avant la date limite puis les autres épisodes entre le 10 Avril et la date de fin de dépôt des participations prophétisée par Dourak 2 ou 3 jours auparavant en interprétant les éclaboussures du sang menstruel d'une chèvre et son planning personnel. On trouve donc ici la suite et fin du premier volet. Il comporte toutes les réponses aux questions que je me posais dans le descriptif du premier. L'histoire reste surréalustre mais si on prend le toboggan tout s'éclaire. Il s'agit de la vie télescopée de Charles Manson et Roman Polanski, tout le monde s'en rendra compte avec la fin de cette histoire carrément pompée sur le film la Neuvième Porte. Perso, ce que je trouve drôle c'est que Polanski porte le prénom Roman, comme un roman qu'on écrit, quoi. Vous voyez ? C'est drôle, n'est ce pas ? Comme c'est un texte à vocation littéraire, c'est drôle. Faisez pas vos putes de l'humour.
Les résultats et conséquences de son approche étant facilement à deviner, l’auteur emblématique de la nouvelle génération des romanciers français de l’imaginaire, avait jugé bon d’effectuer une ellipse à la moon-walk pour revenir sur cette douloureuse et incongrue crémation qui s’était déroulé quelques heures plus tôt avant leur arrivée sur la Place du Village.
Mais l'auteur, avait-il cramé la fin de son histoire ?
Ce dernier épisode, d’après le manuscrit retrouvé dans les décombres fumants du Château de Crussol, traitait malheureusement de la genèse de ce récit que quiconque ne voudrait jamais écrire ni lire.
L’auteur, un consultant pour les montres Hermès, avait inventé deux personnages : Taylor et Charles Manson ainsi que le regretté Tréfonds Tournesol, alors qu'il revenait d'une randonnée sur sentiers sableux. De retour dans sa chambre d'hôtel à Saint-Péray, où il se plaignait, penché sur son ordinateur aux bourdonnements déconcertants, des brûlures causés par le soleil, préludes avant sa crémation certaine.

Il avait soif.
L’alcool, ce liquide psychotrope contenu dans les bouteilles de vin blanc, avait fait son chemin, il avait perdu littéralement, mais peut-être l'avait-il déjà perdu bien auparavant, sa raison.

Et ses multiples blessures solaires n'arrangeaient rien, il était devenu ce « porc grillé, trop salé » comme dans cette chanson si personnelle de Julien Doré qu'il aimait écouter lors de ses cuites.

Le Projet Blaireaux n'avait pas non plus de mémoire. Il n’y avait plus rien à faire : le disque dur et la carte mère de son ordinateur avait été noyés suite à cette tasse de café renversée et depuis son crâne la suite géniale avait été jetée aux oubliettes des tréfonds de l'esprit.
C'était pourtant un très bon café, provenant des hauts plateaux de l’Éthiopie, mais l'ordinateur n'avait vraiment pas apprécié.

L'auteur avait cherché toute la nuit à trouver une solution, jonglant de temps en temps avec le film "Taking 2 big Dicks" qui passait sur une chaîne porno et ses carnets de moleskine, désespérément vides.

Au-dessus du Château de Crussol, qu'il voyait depuis la fenêtre de sa chambre, les étoiles restaient immobiles et contractées au fond de leur fièvre, avec leur aveu et l'horreur de ne pouvoir imaginer une suite avec lui à ce triste récit...


Il allait soulager sa vessie lorsqu'il entendit, du fond des ténèbres oubliées, les hurlements du châtelain de Crussol se répandre hors des ruines, ces murailles qui l'avaient protégé pendant son règne maléfique. Ces cris, colportés par le vent qui l’étranglait en pensées contradictoires, l'invitaient à le rejoindre au sommet du donjon abandonné pour une danse macabre avec les ombres défuntes du Moyen-Âge.
Cet appel ténébreux du Châtelain de Crussol l'avait étreint et ce fut ainsi qu'il sortit furieusement de l'hôtel, guidé par ces voix d'outre-tombe.

De cette obscurité, il ne garderait peut-être rien.

Quatrième et derniers épisodes !

Les rumeurs d’ici disaient que le fantôme du Châtelain avait toujours existé et qu’il existerait toujours, observé en cachette en des immensités lointaines ou en ces lieux obscurs situés sur les hauteurs du château de Crussol, en attendant le moment où l’on élèverait de sa sombre demeure le Bûcher des Ombres Fanatiques et réduirait à nouveau la terre à sa merci.
Nul ne pouvait plus entendre, aujourd’hui, ses hurlements, seul l’auteur de ce récit avait été l’heureux élu pour transmettre le rituel psalmodié de la Saint-Con. La mélopée signifiait simplement : « Dans sa demeure de Crussol le Sieur De La SchwarStich rêve et attend. »
Roi, il régnait aux premiers temps de la cité. Prophète, il avait prédit sa fondation et sa fin. Ectoplasme, il pleurait les cons du passé en des nécropoles depuis longtemps réduites en poussière.

L’auteur parvint aux escarpements et fut un peu surpris de remarquer que la clarté trompeuse de la lune leur donnait une apparence subtile qu’il n’avait pas notée auparavant -dans cette curieuse lumière, ils paraissaient moins éperons naturels que ruines de remparts cyclopéens et titanesques, jaillis de la pente de la montagne. L’auteur s’arracha avec difficulté à cette hallucination et ayant atteint le plateau, il hésita un instant avant de s’engouffrer dans l’obscurité inquiétante des bois jouxtant les ruines du château.
Après quelques heures de marches effrénées, il arriva au sommet où le grand donjon abandonné se dressait de toute sa hauteur, redoutable, imprenable de tous les côtés. Un coup d’œil jeté sur sa montre lui révéla que minuit approchait. L’auteur luttait contre la somnolence, mais le sommeil le gagna pourtant ; le donjon parut se balancer, danser, se déformer étrangement sous son regard, puis il s’endormit.
Il rouvrit les yeux et tenta de se relever, mais y renonça aussitôt, car une poigne glaciale paraissait s’être posée sur lui et l’avoir réduit à l’impuissance. Une grande frayeur s’empara de lui. La cour du donjon n’était plus déserte. Une foule silencieuse, étrange, s’y pressait et formait un vaste cercle autour de lui et attaquait une sorte de mélopée -gloire et longue vie au Saint Con de l’année ; tous les regards étaient tournés vers l’auteur, qu’ils paraissaient invoquer.

Au centre de la cour du donjon, une sorte de brasier brûlait et il s’en élevait les tourbillons d’une abominable et nauséabonde fumée jaune. Il était nu, allongé et attaché fermement à côté du brasier. De l’autre côté du feu, se détachant nettement de la foule par ses somptueux habits, le Châtelain ordonna, aux rythmes des tambours, la mise à mort tant attendue de l’auteur qui avait osé participer et souiller ainsi le rituel de la Saint-Con. Les fidèles, hurlant, écumant, se précipitèrent sur le corps du jeune auteur innocent, et l’attaquèrent avec les ongles et avec les dents, en une passion aveugle de bestialité, avant de lui fracasser le crâne contre une pierre et de laisser une tache horrible sur la sombre surface. Ainsi la forme rouge et déchiquetée du corps du pseudo écrivain fut jetée dans le brasier ; sous une pluie cramoisie de flammes et de fumées, le Con brûlait tandis que les brutes en folie hurlaient sans fin le Nom du Con de l’année prochaine…