Les mémoires de Jésus (I-IV) #SaintCon2015

Le 13/04/2015
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par Jon Ho
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Thèmes / Saint-Con / 2015
J'ai longtemps hésité avant de valider ce texte de #SaintCon2015. Je n'évoquerai que quelques raisons : le ou les cons n'y sont pas trop clairement désignés, quoi que si en fait, mais ils ne flambent pas, ou pas distinctement en tout cas. Il y est bien question de crémation mais en plein milieu du texte et il me semble qu'il s'agit d'une pure allégation mythologique. Quoi qu'il en soit, en ce moment, c'est pas trop la fête du slip des textes en attente de #SaintCon2015. Comme qui dirait y a disette. Je me sens comme un petit biafrais affamé devant un paquet Célébration Mini Twix, Mars, Bounty, Snickers sauf qu'à la place des barres chocolatées ce sont des divinités caramélisées qu'il y aurait dans le paquet. Bon je vais pas faire le difficile, surtout que ce n'est pas moi qui juge au final, et puis l'histoire est vaguement intéressante et correctement écrite. C'est un peu de la HATER littérature mais ça rentre dans la ligne éditoriale. On y découvre le quotidien d'un couple, Jésus et Marie, que j'ai pris pour des portugais au début avant de comprendre qu'il s'agissait d'une interprétation freudienne du nouveau testament où le Nazaréen aurait règlé ses problèmes d'Œdipe en passant à l'acte (Je me demande si c'est pas Joseph le gars qui a cramé dans l'histoire du coup). ALORS OUI D4ACCORD, l'auteur se la joue athée qui a tout compris à la life : les religions sont la source de tous les maux, le bon gros discours de base du gars qui convertit l'athéisme en religion sans s'en rendre compte, mais #JeSuisBiafrais , je vais pas faire la fine bouche.
Jésus et les nases arrêtent ...

I

Brunch dominical
Des hosties soufflées en scones, délire hypnotique.
Exploration vaginale
Le sang du Christ lui gonfle ses veines phalliques

Sa sainteté mal épinglée, à moitié becquetée par les corbeaux descend de son cruciforme en sifflotant. Marie est en cuisine, simplement vêtue d'un linceul porté en foulard. Elle brouille des œufs en suivant, distraitement et sans réel intérêt, la retransmission de la messe à la télé. L'église est bondée, le chrétien, parfumée aux essences de bondieuseries, borborygme des ânonnements latinisants. Marie se marre.

Jésus lui claque la fesse gauche en la frôlant. Il se passe les mains sous le robinet pour retrouver quelques sensations. Il a faim !! 3 heures à faire le con, cloué à moitié à poil sur cette croix aux aspérités urticantes, pour amuser la galerie lui ouvrait à chaque fois un appétit féroce.
- " Je vais fabriquer du pain " murmure JC à l'oreille de son amoureuse. Il commence une série d'incantations autour des ingrédients qui se mettent à composer la recette en intervention divine.
- " Tu pourras rajouter des noix mon cœur ? j'aime bien avec un bon fromage. "
Le couple déjeune en échangeant des pensées plus ou moins philosophiques. Pour rompre le silence religieux, ils aiment se raconter leurs rêves respectifs ou gratter un peu les cordes usées, rouillées d'une vieille fender de gaucher pour quelques notes de nirvana, le 7' ciel toujours à portée de l'orgasme des sens.

Disparate et bacchanale
La farandole de l'alleluyah
Agneaux de dieu qui prennent le pêcher
En pleine gueule...

JC touche 500 USD chaque lundi matin pour sa prestation du dimanche. Ça lui paye le loyer, le pif, la beu et grâce à ses pouvoirs magiques, il y a toujours de beaux légumes frais dans le potager. Il mène une vie de rêve avec sa vierge supposée. Si les cons savaient...

La société GOD IS LIFE lui ont proposé ce contrat en pleine campagne texane. Il a fait une croix sur sa vie de martyr, incapable de supporter plus longtemps d'être adulé par une population shootée à l'opium, à l'hébétude figée dans l'espace vide, la distance inféconde entre leurs deux pupilles.

II

Une fois par semaine, Jésus reçoit la visite d'une dizaine d'incurables à la mort déjà programmée. Il revêt son costume de prestidigitateur-guérissologue, flatule en gargouillis une forme de transe divine latinisante et faussement incantatoire, saupoudre le tour de passe-passe de fronçages de sourcils et invite les miraculés à passer en caisse, tenue par une Marie-comptable de toute beauté.

- " Pour 10$ je vous propose notre produit miracle qui cartonne dans les hospice, les sanatoriums et autres maisons de retraites. Le concentré de sang de mon mari. Comme du sirop, vous y additionnez une rasade d'eau bien fraîche et vos péchés sont instantanément pardonnés par le tout puissant. Le sang est prélevé à jeun pour vous offrir une absolution de la plus haute qualité. "
- " Je vais vous en prendre 2 flacons. J'en filerais un à Simone, elle a la conscience pas nette depuis qu'elle trompe son Raymond. "

Les aveugles verront
Que dans leur porte-feuille
Il manque quelques biftons
Pour chasser les cercueils

L'éclopé se dressera
En hurlant au miracle
En mélangeant
Religieusement
l'alleluyah et l'abracadabra.
Jusqu'au prochain obstacle.

- " Etes-vous intéressée par notre carte de fidélité ? Pour 100$ d'achat nous vous offrons au choix un porte-clé crucifix, un sticker " GOD is perfect " ou l'indispensable coque pour smartphone imprimée de prières. "

La petite entreprise tourne à plein régime. Le carnet de rendez-vous est plein à craquer et comme dans un bon restaurant, il est préférable de réserver plusieurs mois à l'avance.

Le petit groupe psychologiquement rassuré retourne à son quotidien. Marie range la caisse dans le coffre fort du salon, grossièrement dissimulé derrière un tableau de la vierge au rocher. Léonard était un homme charmant, au génie indéniable. Un homme comme il en existe peu. Quand il lui a offert ce tableau en 1484, elle n'a pu s'empêcher d'esquisser un sourire et de le remercier chaleureusement par la nature d'une nuit de sexe torride. Jésus n'en a jamais rien su. Même les hautes sphère de la prétendue virginité absolue ont leurs petits secrets...

- " Merde, j'ai plus de Soja pour assaisonner le repas... Les nems vont être bien fades. Mon amour, tu veux pas aller voir si Bouddha est chez lui ? "
- " Okay, je prends 50$ dans la caisse, je les lui avais promis quand il est venu avec son éléphant nous remorquer le pick-up. "
- " Ça marche, et molo sur l'apéro si tu veux pas finir comme lui. "

Finir comme lui ? Oui, c'est vrai Bouddha n'était pas la plus svelte des divinités et avait une fâcheuse tendance à pratiquer le lever de coude sans aucune modération mais avec ses côtes saillantes, son teint blafard d'anorexique et la taille de ses multiples cicatrices, Jésus ne personnifiait ni l'image du bon vivant, ni celle de l'alcoolique notoire.

En récupérant l'argent derrière le tableau de maitre, Jésus s'arrête un instant devant un détail qu'il n'avait jamais remarqué. Planqué derrière le plus gros des rochers, un chevelu à la barbe soyeuse, portrait craché de De Vinci tenait d'une main ferme sa queue en érection. Sûrement, une hallucination. Il était à jeun et son maraboutisme de pacotille l'avait épuisé.

III

- " C'est ouvert... "

Avachi sur le cuir vachesque de son confortable sofa, Bouddha, un gong dans la main droite et une Bud dans la gauche, médite en marmonnant quelques adjurations. De longues tiges enflammées diffusent dans le salon une ambiance olfactive bon marché. La zenitude dégouline des murs dans le feutre de cette atmosphère ouverte à toutes formes de litanies et rappelle à Jésus comme il est bonze de dilater son karma, d'épanouir sa fleur de lotus au bon vouloir d'une destinée cosmique.

Accaparé par ses songeries dominicales, Jésus ne remarque pas tout de suite la main tendue par le mandarin obèse. Sous la pression de ses doigts boudinés, il grimace une méchante et vive douleur au niveau de ses paumes. Il improvise un psaume à base de " Bordel de merde j'ai encore oublié de dire à la Marie de plus me suspendre avec du gros clou. "

Bouddha déplie un bras jusqu'à une boîte de mouchoir qu'il propose à Jésus, le regard plein de compassion. Le christ s'en bande copieusement des poignets aux phalanges.

- " Je sais ce que c'est... Mes cons à moi, vénérables ramassis de constipés jaune citron adorent quand je m'immole. Ça ajoute un petit quelque chose au spectacle mais ça laisse pas mal de cicatrices... "

Bouddha soulève son tee shirt 5XL et montre ses brûlures. Jésus constate une peau cramée à un bon troisième degré, plein de balafres stigmates de leur douloureuse adoration. Entre un dragon tatoué aux couleurs du Japon et une carpe koï de toute beauté, les cicatrices se faufilent comme les germes d'un virus mortel, d'une incurable maladie ou la bactérie à la prolifération pandémique en demande toujours plus jusqu'à l'overdose.

- " Tu sais Jésus, ils finiront par nous tuer. Pas physiquement ni mentalement bien sûr mais par la profondeur de leur connerie. "

Le Christ acquiesce en hochant une tête au fatalisme subordonné. Il sait que sa force jadis épineuse et salvatrice n'est plus que la relique d'une obsolescence portée fièrement en chapelet-porte clé. Chaque croyant tire un peu trop sur sa ficelle de marionnettiste pendant qu'il bouge péniblement un corps usé par des milliers d'années de Bis Repetitas...

Bouddha s'avale une lampée de bière.

- " On va très certainement finir à l'asile mon frère, coincés entre ta toxicomanie et mon alcoolisme, au double tranchant d'une existence-pénitence jalonnée d'hystériques du chapelet. J'ai envie d'aller taguer des " God is gay " sur les murs de la ville, de transformer leurs prières faussement plaintives en accords de Fender, d'iroshimiser au napalm leurs tentatives d'absolution et faire disparaître leurs corps lilliputiens dans une forêt de bonsaïs. J'ai envie de vivre... "

Bouddha écrase sa Bud et balance le cadavre dans la poubelle archi pleine. Il se lève en direction de la cuisine et revient avec une petite bouteille de Soja.

- " Celui la faut pas en mettre beaucoup. C'est de ma réserve personnelle, j'y fais macérer quelques pincées d'opium pour relever le goût. Et oui, accessoirement je lis dans les pensées mais ça, faut surtout pas qu'ils l'apprennent. Fais une bise à ta femme, vous êtes mignons tous les deux. "

Le monolithe retourne se fissurer sur sa croute bovine, les jambes dans leur capacité maximum à se mettre en tailleur.

Aujourd'hui c'est dimanche
Ça pue la came et la soutane
La religion est un dos d'âne
Sur l'autoroute en carte blanche

Un ou deux avé Maria
Tout est permis dans mon royaume
Tout est permis dans ce coma
Ou tout s'efface le temps d'un psaume.

IV

Les nems, plutôt fades au départ, transformés en rouleaux de l'espace par le soja de Bouddha percutent leurs lunes cérébrales en une myriade d'étoiles filantes. Dans son délire digestif, Jésus a d'étranges visions. Il se voit parcourir des étendues d'eau à pied, guérir la cécité, multiplier de la nourriture au simple pouvoir de sa pensée. L'opium du peuple...

Au summum de la défonce, après avoir ingurgité au goulot la totalité de la petite bouteille d'opiacé ( alors que normalement il en faut juste une petite goutte ) Jésus se rappelle cet adolescent étonnamment barbu pour son âge, d'une incroyable sagesse mais toujours partant pour une bonne soirée sans alcool. Un pro fête bout en train, capable en quelques phrases de galvaniser un public plus ou moins réceptif. Il s'appelait Mohamed mais tout le monde le surnommait Mo. Ils se sont perdus de vue sur les bancs de l'université de Nazareth. Mo s'est consacré corps et âme à la théologie, Jésus préférait jouer de la guitare en tirant sur des gros joints. Des bons souvenirs.

Passés les trois heures de trip, à califourchon sur une défonce hallucinatoire des plus spectaculaire, Jésus commence à redescendre doucement. Avec Marie ils s'installent en terrasse, les pieds dans l'eau de la piscine, le temps d'un café.

Il aurait pu poursuivre ses études, devenir un dictateur de la pensée, offrir son existence en pâture aux ovins toujours friands d'herbe fraîche à mastiquer. Aux promesses de béatification il a préféré le petit cul appétissant de Marie, au chemin de croix, celui qui fuse en ligne droite aux portes d'un septième ciel où le seul dieu légitime se trouve entre ses jambes. Il n'a aucun scrupule à faire le clown au sommet de son perchoir pour amuser la galerie de trépanés. Aucun désir de prêcher la bonne parole, aucune volonté de porter le fardeau d'une humanité incapable d'assumer son irresponsabilité. Il veut juste qu'on lui foute la paix.

L'homme ferait mieux d'étudier Nietzsche au lieu de décortiquer des quantiques sans finalement rien y comprendre. S'ils savaient que la bible est le fruit d'une nuit d'ivresse, écrite sous 3 bouteilles de picrate par un alcoolique à jamais anonyme, persuadé de tenir à l'instar des frères Grimm un best-seller du conte ou de la science fiction. Comment prendre cette fable pour argent comptant ? Qui, sans les astuces bien ficelées d'un Gerard Majax, peut faire marcher un paraplégique au delà de ses 2 mètres d'élan ? Sans le tenir, sans opérer sur lui autre chose que la puissance du saint esprit...

Les croyants ne sont que des ivrognes à jamais assoiffés qui fantasment devant la possibilité de multiplier à l'infini les verres de tise.

Jésus termine en souriant sa tasse de café et va nager. Sous l'eau.

À suivre...

In - Les mémoires de Jésus -
2015