Jet de bile n° 3

Le 02/02/2016
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par Mala Espina
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Rubriques / Jets de bile
Visiblement, Mala Espina ne traîne sur la Zone que pour nous affliger de ses textes bilieux à frange de poète à la dérive. Nous avons choisi de poster le Jet de bile n° 3 en hommage aux Shadocks et parce qu'il semblait répondre à l'étrange parodie de Lourdes Phalanges. Ici, l'accent est mis sur les plagiaires et les escrocs de la prose à deux balles, le tout dans un gloubiboulga confus et maniéré, ce qui n'est pas pour nous déplaire, avouons-le, puisqu'on retrouve tout de même quelques mots intéressants, comme "verveine", "oesophage" et "Janet Leigh". Les poètes apprécieront mais nom d'un glaviot lancé à la face du vent : qu'est-ce qu'ils viendraient donc foutre ici ?
Allez vous faire foutre, photocopieuses et pilleurs, plagiaires obstinés, psychopathes du copie-colle, adorateurs de la machine, de la glue et du Tipp-Ex. Vos verbiages distillent un nuage rance et le sang de vos palabres puisent dans l'urine porcine un improbable aphrodisiaque, un extrait de red bull et des relents de rien, ce rien sublime qui vous englobe et vous narre parce que l'époque est creuse, parce que la vie s'étiole, parce que le monde est nœud. Votre insignifiance vous étonne là où il faudrait en jouir : vous choisissez de compenser en accouchant d'images laborieuses et surannées, volées à d'autres, parfumées de naphtaline et de verveine séchée, et lorsque le rire survient, cynique mais sans humour, c'est pour écraser de ses lourdes semelles les fières aspirations d'une larve parmi d'autres.
L'image de l’œil que vient percer la lame dans le Chien andalou, le regard de Janet Leigh après son meurtre sous la douche, ce regard mort où l'on distingue la pénible caméra de Sir Hitchcock, la castration atroce d'un martyre de film d'horreur, la beauté sacrée d'un homme qui court pour sauver sa vie, vous mangez ces prototypes, vous les dévorez, les régurgitez pour les ravaler encore et encore, et vous en perdez le goût, à chaque nouvel aller-retour dans cet œsophage lubrifié de merde : vous mâchez du papier prémâché, vous l'engloutissez en souriant béats et en levant le petit doigt, la peau du ventre bien tendue, l'esprit repu comme une loutre après un festin d'asticots. Vous aimez tant vous distinguer que vous en oubliez votre condition de vermine, de cendre et de morceau de boue. S'il est normal que vous ne soyez rien ni personne, je vous hais de passer outre, de l'infliger à d'autres et de vous prétendre au-dessus, mortels et dérisoires. De simples panoplies en quête d'un millier d'accessoires.

Il faut se dire ombre, accompagner son encre et la laisser respirer. Il faut lâcher du lest, recracher la vapeur, laisser le nuage t'investir. Et tant pis s'il est plus sombre, plus opaque, plus dense que les autres. Il faut pleuvoir en soi-même et n'y prendre aucun goût, se rappeler le temps où les anges volaient des miettes à la table des dieux. Leurs ailes allaient prendre feu, leurs entrailles se retourner et chacun de leurs gestes, chaque parole prononcée les attendaient au détour d'un grand livre qu'un autre avait écrit. Ils n'en conspiraient pas moins.

Crevez, maintenant, crevez sans espoir, mourez dans les ornières ou sur le terre-plein central, passez l'arme blanche à gauche de votre gauche, allez creuser la terre et bouffez-en des pissenlits, crevez grandioses et littéraires ou crevez médiocres et mous, sautez dans le grand bain d'acide et regardez-vous fondre, inhalez la flamme sans passez par la case fumée. Crevez sans haine ni désir, crevez humain et fichez la paix à mon épine dorsale.