La vacuité du vide et ses états qui ont investi glorieusement les lieux

Le 06/02/2016
-
par Clacker
-
Thèmes / Débile / Vie quotidienne
Vous aussi faites des paris avec vos potes tout comme Clacker. Aujourd'hui Claker a parié que dans la présentation de son texte j'allais à un moment ou un autre utiliser le nom Kafka ou l'adjectif dérivé kafkaïen. Comme j'aime plutôt que les zonards remportent des paris, et je ne prends même pas de commission, je suis gentil et je lâche le terme de suite comme ça c'est fait. Kafka, donc. Voilà. Le titre de ce récit fantastique ou tout du moins sa première partie, je me la réservais, je ne sais plus trop dans quel univers parallèle et à quelle époque, pour écrire mon premier roman. Aussi j'ai un peu les boules que Clacker l'ait utilisé avant moi. Sinon j'aime bien faire des comparaisons avec des auteurs morts en ce moment, pour étaler ma culture niveau collège comme on étale les derniers grammes d'un pot géant de Nutella parce que l'huile de palme c'est pas bon pour la planète et qu'il faut pas gâcher, donc dans le même esprit j'étale ma médiocrité car elle rejette massivement, quotidiennement, à chacune des mes expirations du CO2 et que l'empreinte carbone c'est important de s'en soucier en diluant la connerie qui sédimente en nous à la moindre occasion. Sinon j'avais aussi dans ma besace trouée intellectuelle, le Horla de Maupassant. Oui peut être que Clacker avait une grille de bingo pour faire ses paris sur mon commentaire et probablement qu'il y avait aussi ces deux noms-là. J'espère que ça lui fait une ligne et qu'il va remporter un truc électroménager inutile comme une yaourtière par exemple. Pour conclure, je pense que ce texte sera souvent repris sur Doctissimo pour parler d'hernie rectale. Le final twist plagie sans pitié la recette du donut fourré au chocolat.
J'étais pourtant à cent lieues de m'imaginer repartir en digressions aléatoires après mon dernier texte de mes couilles sur mes couilles et le procès intenté à ma personne qui déboucha sur un non-lieu. Mais c'est en pêchant le lieu jaune dans un haut lieu dont je tairais le nom, qui se trouvait alors entre les lieux dits de Lieusaint et Saint-Lieux-lès-Lavaur, dans un lavoir, qu'en passant par le lieu d'aisance me vint en temps et en lieu cette histoire que mon ami Jean-Pierre Lieux m'avait raconté, en plein milieu du boulevard Richelieu.
TOUTE RESSEMBLANCE AVEC DES LIEUX EXISTANTS OU AYANT EXISTE EST PUREMENT FORTUIT ET NE SERAIT QUE PURE COÏNCIDENCE

En attendant la fin, une vague odeur de soufre emplie ma cave. Cette senteur sourd des murs chauds et humides. Ils palpitent par endroits. Des morceaux mous et translucides tombent du plafond et viennent percuter mon abdomen en un bruit mat. Il y goutte, de mon plafond, un liquide tiède, incolore et collant à l'odeur aigre et au goût amer. Je m'en nourris depuis que la lumière a comdamné ma cave, et j'en sens l'effet progressif dans mon corps, comme une pâte synthétique colmaterait les fissures d'une plomberie usée.
Le petit interstice vitré qui faisait figure de fenêtre s'est avachi de lui-même, petit à petit, puis affaissé au point de faire corps avec les murs organiques. On ne distingue plus qu'un relatif rectangle, visible comme en transparence, la lumière tentant toujours de percer au travers.
Mon vieux transistor crépite et mélange deux émissions de radios différentes. Je prends alors connaissance de la découverte de treize mille cadavres de porcs dans le fleuve principal de Shanghai tandis que Lou Reed chante "Men Of Good Fortune" avec cette nonchalance qui lui est propre. Mon cerveau aura associé l'odeur de soufre, la basse luminosité et cette image des carcasses de porcs naviguant par milliers, avec cette chanson, lien mental qui ne m'aura plus jamais quitté jusqu'à la fin. Mais avant de parler de la fin, il me semble important de parler de mon prolapsus.
C'était un matin heureux, le soleil et une odeur de café et de tabac froid emplissait ma cuisine quand mon rectum décida de s'offrir une sortie en plein air tandis que je remplissais mon devoir d'émonction quotidien. Il se déroula de lui-même et plongea dans la petite mare de la cuvette à la manière d'un éléphant immergeant le bout de sa trompe dans l'eau. Je ne ressentis aucune douleur, mais tressailis en sentant le contact direct de l'urine sur mon système digestif. Je ne me l'avouai pas sur le coup, mais c'était agréable, et cette naissance brutale de mon rectum au monde extérieur me remplissait d'une joie étrange, irationnelle, comme une douce fierté maternelle. Plus je m'habituais à sa présence, plus je lui prodiguais d'attentions, comme de le recouvrir d'une chaussette et de le recourber précautionneusement dans mes sous-vêtements pour éviter de l'écraser lorsque je m'asseyais, et plus forte était cette impression, qui par la suite se transforma en certitude, que mon rectum était doué de volonté propre. J'en prends pour cause les différents incidents mineurs qui eurent lieu dans certaines conditions particulières. Laissez-moi vous en conter quelques-uns.
Je marchais comme tout un chacun dans une petite rue de mon village, préoccupé comme tout un chacun par l'impression que pouvait donner ma démarche aux gens et ce qu'elle pouvait révéler de ma personnalité, quand un chien, le chien type de tout un chacun, moyennement grand et peu soigné, je dirais même franchement insouciant de son apparence, quand ce chien, donc, tira son pauvre maître impuissant vers moi, qui marchait, comme tout un chacun, moi qui m'efforçait d'ignorer l'étrange bifurcation que prenait ce chien négligé, bifurcation qui pourtant me concernais totalement. Le chien s'arrêta à hauteur de ma croupe, et me vint l'irrépressible besoin d'arrêter ma démarche pour le laisser me renifler à sa guise. C'est alors, pendant que cet animal collait sa truffe sur mon fessier, que distinctement je sentis frémir mon rectum. Je pourrais vous avouer même que je le sentis se dresser et tirer sur les coutures de mon pantalon. Premier contact.
Je marchais comme tout un chacun dans une petite rue de mon village, préoccupé comme tout un chacun par un caillou dans ma botte - notez que le caillou change selon que vous êtes ministre de l'intérieur ou non. J'ai été les deux, j'en connais un rayon niveau mise à niveau -, botte qui change selon que vous êtes ouvrier ou technocrate -J'ai été les deux à la fois, j'en connais les us et les coutûmes -, coutûmes qui, si l'on n'est pas cordonnier dans l'âme, change selon que vous avez un pied-bot ou deux - j'ai eu un pied à une époque - époque qui, selon que vous avez un rapport dominant-dominé avec votre mère, devient très vite un instrument sexuel bien plus efficace qu'une paire de mains droites - sexuellement droit n'est pas gage de bonne santé mentale - gage qui m'obligea un jour à courir sur mes deux pieds-bots - courir en zig-zag n'est pas un signe du code de la route.
Alors mon rectum m'a avalé. Second contact.

Fin de l'histoire.