Auditions

Le 14/02/2016
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par Muscadet
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Thèmes / Débile / Infos
On sent grâce aux illustrations sur la Zone que la Saint Con approche à petit feu. Ici un texte de Muscadet. Un texte conceptuel prêt à consommer. Muscadet les réussit tout aussi bien que les bons textes à prétention littéraire. A la lecture de celui-ci, qui est assez réaliste, on comprend pourquoi les enquêtes policières sont si complexes. En effet, les témoignages recueillis lorsque survient un fait divers, contrairement à ce qu'on peut voir dans les séries TV, sont confus, contradictoires, incohérents, comme si David Lynch les avait formalisé et mis en scène. C'est probablement lié au fait que les témoins sont souvent en état de choc lorsqu'ils rapportent des faits. Après Jawad logeur de terroristes à l'insu de son plein gré, Jawad à la plage, ici Jawad et la famille voiture Bélier, un cross-over purement marketing. Il est conseillé de manger des popcorns pendant la lecture.
Alors déjà, je suis bien content d'être venu parce que, dites donc, c'est terrible hein, j'aurais jamais pensé voir ça, ici, en plus, c'est terrible quand même, oui eh bien ça, les faits, c'est sûr, eh bien c'était quatorze heures comme je sortais de la préfecture, quatorze heures dix, et donc là je vais pour traverser vers l'esplanade quand j'entends un crissement vous voyez, et une sorte de cri étrange qui me perturbent, et je regarde donc, et là, c'était terrible.
Je rentrais au bureau après la pause (...) je sais pas (...) je sais plus, merci, quelle heure il était exactement, j'étais au feu dans les allées et il y a eu comme un bruit d'accident (...) de mon côté, je croyais que c'était un accident (...) après j'ai un trou, j'ai pas eu le temps de voir ce qui se passait, j'avais trop mal à la tête (...) j'ai pas compris tout de suite pourquoi (...) j'ai pas eu le temps (...).

Moi je vous le dis, c'était pas moi, sur ma vie, vous me croyez ou pas, mais c'est pas moi, eh non si j'ai besoin d'argent je fais pas ça, je monte au braquo c'est tout, donc ça peut pas être moi déjà, franchement, non mais honnêtement, honnêtement je vous le dis, c'est pas moi, vous êtes fou ou quoi, moi je respecte, y a pas de problème, mais jamais de la vie j'aurais fait ça, voilà, c'est tout.


*


Alors déjà, ils sont arrivés avec des casques et tout, oui oui avec les gants et tout, mais celui de derrière avait la visière ouverte, ah ça oui, puisque je l'ai vu, il est descendu et l'autre est parti en moto, mais ça s'est passé très très très vite vous savez, ils perdent pas de temps, et donc il a jeté la femme et démarré, ben moi, j'allais pas faire grand-chose de toute façon, je sortais de la préfecture.

Je me rappelle que j'avais très mal à la tête, j'avais peur (...) d'être écrasée par les voitures, je pouvais pas bouger et (...) quand je me suis relevée les gens parlaient de la police mais j'avais du mal à comprendre, je peux pas dire qui c'était, j'ai pas vu (...) j'ai rien vu, je comprends pas, non je me souviens pas (...).

Sur ma vie, elle m'a insulté, vous croyez quoi, il faut du respect, je le dis y a pas de problème, si on m'engrène je déclenche c'est tout, vu comment elle a parlé je lui ai mis une grosse gifle et c'est tout, voilà, faut pas parler mal comme ça, c'est tout, après elle est restée contre la porte, là, et comme ça gênait la circulation et qu'elle avançait pas, j'ai roulé un peu pour la garer plus loin, parce que voilà, comme je lui avais mis une gifle, même si c'était pas ma faute qu'elle avance pas, je devais faire quelque chose, c'est tout, ça klaxonnait et tout, mais j'ai rien pris.


*


Ben déjà, j'ai pas eu le temps de prendre la plaque, ça c'est sûr, parce que bon, on était pris de court aussi, faut se l'imaginer, j'allais vous appeler bien évidemment mais on m'a dit que c'était fait, donc il restait plus grand chose à faire et donc de la préfecture, j'ai pris les allées vers le centre et voilà, mais c'est dingue c'est vrai.

Merci (...), je vais devoir m'occuper des papiers et tout ce que j'avais dans le sac (...) oui ma mère, je vais lui dire de venir me chercher, (...) non elle va venir, elle travaille en ville, je verrai après pour l'assurance, je suis à bout, je veux juste rentrer chez moi (...).

Qu'est-ce que j'en sais moi, je sais pas qui gare ses voitures là ou là ou quoi, j'en sais rien moi, si quelqu'un l'a volée, moi ce que je sais c'est que je l'ai garée plus loin, là, pour pas bloquer les gens et après je suis parti je suis rentré et voilà, c'est tout, après j'avoue, j'ai mis une gifle, elle a mal parlé, maintenant, comment je pourrais savoir qui c'est qui l'a brûlée sur un parking, comment je pourrais savoir franchement, c'est pas possible.