Le Lobe de Kurt

Le 02/03/2016
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par HaiKulysse
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Thèmes / Obscur / Anticipation
Ce texte de HaiKulysse me fait penser à ce qui serait une bonne petite nouvelle de Philip K Dick. Il y a une très bonne idée tapant dans l'anticipation mais ce n'est pas pour cette raison. En effet, un bon auteur de SF ne cherche pas forcément l'anticipation, pas plus qu'il ne cherche à projeter dans le futur des problèmes sociétaux de son époque pour dénoncer des dérives, prévoir leurs conséquences. Non. Un bon auteur de SF, comme Philip K. Dick donc, se pose la question de la perception du monde et l'usage de drogues est bien facultatif. La perception du monde est unique à chacun de nous, quelque soient les croyances institutionnalisés pour normaliser nos ressentis, elles n'y parvienne pas, tout simplement parce que la vérité est subjective, la plus intime des religions. Ce soir à 22h40, ARTE consacre une programmation spéciale à l’univers visionnaire, oblique et psychédélique d'un des plus grands auteurs de la science-fiction, Philip K. Dick. Une exploration en trois volets avec un documentaire, un jeu vidéo et le premier court-métrage de fiction en vidéo 360° et en relief. Sinon il y a le replay Arte+7 aussi.
Comment me suis-je aventuré par ici ? Et surtout comment ai-je pu écrire ce texte qui semble sans fin ni commencement ? Tout m'apparait vide à présent.
Il me semble que la dernière injection - de l'Alien, liquide, pur, directement dans la veine, avec une mémoire et une logique qui lui est propre - a produit à sa suite des complications si singulières que je ne peux décrire pour l'instant. Et pour l’instant, cette chose qui circule dans mes veines, collecte simplement des observations au sujet de mon organisme à conquérir.
Délicatement et à première vue, on pourrait dire que je sombre entièrement dans la folie. Mais sa complexité est telle qu'il parait imprudent de jeter tout de suite un diagnostic.
Une funeste usine, à deux heures du matin lorsque la fatigue fait naître un silence parmi le vide ambiant : l’Alien, je le sais, vient de là ; de ces pays industriels où la décroissance sévit… mais peut-être que j’invente complètement : un observateur discret tel qu'on l'imagine pourrait relever la phase délirante aiguë qui se lit sur mon visage.
Mon corps réclame la fameuse injection - une chose étrange provenant des voies lactées les plus orientales - avant de repartir à l'assaut, mes regards tournés maintenant vers la porte de sortie du souterrain : la vie. A l’air libre.

L’espace de la place Bellecour se délite maintenant ; c’est inexact mais cette pensée me permet de survivre. Je suis là, au milieu de la place, avec mon cornet de frites, et je bave sur mes baskets troués, devant une publicité pour les jeans Levi’s. Et la période, cette époque du Grunge que je n’ai pas connu d’ailleurs, est inscrit pourtant dans mon génome.
Plus tard, assis sur un tabouret de bar, Il me passera discrètement l’Alien et ainsi j’irais gueuler sur la scène Underground hardcore pour bosser un peu.
Ma mémoire est tellement foutraque, un vrai écoulement de chasse d’eau ; à tel point que je me demande ce que j’ai fait toute l’après-midi et le début de la soirée avant le concert : j'ai dû changer de programmes TV en zappant tous les épisodes crapuleux sans que je puisse même embobiner un écran noir sur la bande passante. Bien souvent je me réveille de ces absences avec la gueule de bois mais l'alcool n'y est pour rien, crois-moi.
Même si je ne vais jamais sur Internet, je sais que des milliers de profils m'inventent chaque jour une page Facebook qui est comme une Invitation au Voyage selon Charles Baudelaire. D'ailleurs je m'en suis inspiré pour ma chanson fétiche - Smell Quelque Chose- alors que ces incultes l'ignorent totalement. Le délire : ils ont kiffé sans connaitre le sens profond, les cons.
Quand je l'ai écrit le papier jaune et mince de la tapisserie de ma chambre s'est décollé et a dégouliné jusqu'au pallier de la mansarde où je créchais à l'époque. Les enculés d'en haut en ont fait un truc déchirant mais au départ elle ne devait servir qu'à enchanter les gnomes et les survivants de la forêt de Nottingham... ça fait des années que je ronge mon frein pour ne pas chier sur scène au beau milieu du solo, ce jour-là ce n'est pas ma guitare que je vais casser : c'est le point névralgique de votre putain d'idolâtrie. Kurt vous emmerde du fond de sa tombe même si il connait lui-aussi les limites : elles tapissent les parois intérieurs du Nostromo.