fin de vie de gilles chabert

Le 11/03/2016
-
par monsanto carnage
-
Thèmes / Obscur / Fantastique
Bienvenue à ce nouvel auteur sur la Zone, tout du moins sous ce pseudonyme, puisqu'il y a longtemps que Monsanto Carnage est inscrit sur le groupe du site. Son premier texte est donc une nouvelle d'anticipation se déroulant dans une dystopie sombre où des expériences scientifiques sont réalisées sur des cobayes aliénés afin d'en faire des piles électriques. On suit ici la vie rebelle d'une soi-disant malade mentale exploitée dont on a l'impression plutôt qu'elle est devenue malade mentale du fait de son exploitation, ce qui en ferait un personnage ordinaire dans nos sociétés modernes. Il y avait probablement un moyen de caser des vannes à base de claquer un câble, fondre un fusible, péter les plombs dans ce descriptif de texte mais ce serait tellement de mauvais goût. Rappelons que la technique des électrochocs est toujours en pratique, certains psychiatres la prescrivent contre la dépression sévère. Un tel personnage pourrait rendre la monnaie de leur pièce à ces charlatans qui n'hésitent pas à bricoler des courts jus dans ses neurones.
“ Je suis née à l’institut.

Ils ont forcé mes parents à copuler ensemble, injectés d’hormones fallacieusement excitantes au niveau du cucul. Je le sais, je connais toute la scène, parce qu’ils l’ont enregistré en quatre dimensions, images avec du son avec le ressenti physique et émotionnels et qu’ils me l’ont retransmis par câblage neuronal, depuis mes deux ou trois ans. On pourrait croire que cette habitude aurait fini par devenir une norme, mais ils ne travaillent que par l’antagonisme, le souffle chaud de la carotte et le froid du bâton. Ils ont cultivé ma colère depuis la naissance en couveuse, pour utiliser la force brute de mon agressivité comme source d’énergie.
J’ai grandi dans une haine absolue. Je n’ai compris que très tard, à l’âge de huit ou neuf ans, que nous étions une race à part, ceux qui absorbent leur tristesse sous un buvard corporel de colère.

Le câble neuronal étant bipolaire, ils donnent et ils prennent ce qu’ils veulent de la matrice que nous représentons.

Ils ont modifié des bobines Tesla pour accumuler l’énergie absorbée. Ils la distribuent sur le réseau énergétique national.

L’idée du professeur Gilles Hervé Chabert était d’utiliser ces gens anormaux, poids de la société, ceux enfermés dans des hopsy, dont on ne tirait rien à part insultes et coups. De nous transformer en ampoules, jusqu’à ce qu’on crame par surchauffe. Cerveau baisé jusqu’à la mort.

L’étendue des tortures est indicible. Les premiers viols, à 10 ans tout juste, après m’avoir inculqué l'horreur de la pédophilie par pellicules documentaires 4D, m’ont tellement fâché que j’ai grillé trois de leurs câbles. Ils les ont adapté.

J’étais une des plus belles réussites du labo. On venait me voir de loin, pour des séances immondes, aux scénarios toujours plus tordus.

Je suis à ma connaissance la cinquante deuxième cobaye. Ma mère était numéro 18 et mon père 24.
Ils les ont supplicié devant moi. Méthodes très wiccanes : au feu, à l’eau, à la terre, à l’air, à l’électricité.
Puis la peau, enlevée chirurgicalement. Puis les organes, non vitaux, jusqu’à un tas de sang dont seul le coeur et les poumons fonctionnaient encore, aidé par les injections de substances dont je ne connais pas le nom.
Ce processus a duré plusieurs mois. Ma mère est morte la première. Sans dents, plus de langue, elle me criait je crois, pardon.
Je n’ai pas eu droit à ce traitement. Je pense qu’ils attendaient de me faire reproduire avec quelqu’un génétiquement compatible avant. Toujours plus.

J’ai tué dix huit personnes de mes mains lorsque je me suis échappée.

Ils avaient fait grand cas des droits de l’homme, la nuit surtout lorsqu’ils diffusaient des reportages sur des petites filles normales, riches, heureuses, de l’autre bout du monde, pour bien me rappeler ce que jamais je n’aurai et m’empêcher de trouver le sommeil.

Je vis depuis ma sortie cachée, mais ils n’ont mis que quelques semaines à me retrouver. J’ai changé de planque trois fois ces derniers jours. Je pense qu’ils me tracent aux ondes gamma-b, les ondes de la colère.

Je vais me suicider fissa, il est hors de question de recommencer un nouveau cycle avec les fous de la science.

J’ai bien essayé de profiter de ces jours dans le vrai monde, mais je ne sais pas m’adapter. Ni à la lumière, ni aux gens, ni au système.

Si vous lisez cette lettre, je vous en supplie, faites sauter l’institut hopsy de Saint Lys, près de Toulouse. Il y a peut-être d’autres laboratoire dans le genre, mais je n’en suis pas certaine. Faites tout péter. Pas besoin d’alerter les médias, d’essayer de nous sauver. Butez tout.

Zoé Kalak, le 11 mars 2057. “

L’homme musclé regarde le corps sans vie de la fille. Il a bien envie de se la faire. Elle est couverte de cicatrices et ça l’excite encore plus. Mais elle est déjà toute rigide et ça commence à puer.

Son téléphone vibre deux fois. Il jette un coup d’oeil sur l’écran, puis sort de ses pensées et va ouvrir la porte.

Il tend la lettre à Chabert, qui vient de pénétrer dans la pièce avec une lueur désappointée dans le regard. Le docteur parcourt rapidement la missive sans trop y prêter attention puis la jette dans l’insert de la chambre miteuse.

Il se penche sur la fille.
Zo, zo.. Zo, zo…. T’as bien travaillé, va, sale pute. Il lui fout un gros coup de pied dans sa bouche de morte.