Chronique de nowhere

Le 28/03/2016
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par Louise Sullivan
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Thèmes / Obscur / Psychopathologique
Louise Sullivan est née en 1985 en Normandie. Elle est ce petit mélange de babillage enfantin et de décor glauque qu'on ne soupçonne jamais réellement chez les enfants. Elle déambule dans les allégories poétiques de ses cauchemars pour laisser sortir toutes les images accumulées dans sa tête. Enseignante et auteur de la nouvelle Louise dans la maison vide aux éditions Edilivre, elle dresse patiemment sa petite montagne de projets pour des revues comme Nouveaux Délits dans laquelle sortira la nouvelle Epingler les papillons en Avril 2015 et la revue Le Cafard Hérétique pour la nouvelle Manger les éponges en Mai 2015. Après avoir terminé son premier roman Ordonnance 45 (inédit à ce jour), et le second La peau de Job elle signe pour sa nouvelle Les Amours rétiniennes chez L'Ivre-book dans un format 100% numérique. Quand la voix de la petite surpasse celle de la grande rendue muette, c'est un bonbon dans du papier de verre.
Moi quand j'étais petite, quand je n'étais pas encore souillée par le monde
J'imaginais là, devant, moi, dans une ligne parfaite
Une foule de gens les uns à côté des autres qui grouillait là comme une onde
Massive et silencieuse, guettant mon oeil fixe, inquiète
Je payais pas de mine à l'époque avec mes dix ans à tout casser
Avec ma petite robe blanche et mes jolies couettes
La foule ne se doutait pas de ce qui allait se passer
Quand dans un sourire j'appuierai sur la gâchette

Ouais parce que je ne rêvais pas de jolies histoires mensongères, j'avais bien compris
Que toutes ces faces de chiens alignées là en joue de ma mitraillette
Que ces ordures médiocres d'adultes qui m'écartelaient, j'avais juste envie
De tous les crever, de lâcher les balles, de leur exploser la tête

De tirer maintenant, de faire comme ça avec mon bras de gauche à droite
TA-TA-TA-TA-TA et regarder les tiges horizontales s'affaisser à tour de rôle
Pour une seule fois d'être la plus forte, d'être celle qui a la main adroite
De faire des trous en eux tout partout comme dans un viol.

Mais c'est pas le sexe, non ça n'a rien à voir avec ça qui fait mal
C'est tous ces putains d'incestes qui m'ont juré que j'irai bien plus tard
Pourtant j'ai toujours ma jolie robe au tissu pâle
Et bien chargé, mon gros pétard.