20. Clara X #SaintCon2016

Le 19/04/2016
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par HaiKulysse
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Thèmes / Saint-Con / 2016
Texte en compétition dans le cadre de la #SaintCon2016. Ici nous assistons à l'étonnante mutation d'un personnage, une certaine Carla qui devient Clara brutalement en plein milieu d'une intrigue post-fictionnelle conçue selon la méthode de l'écriture automatique. J'espère ne pas avoir trahi le nom de l'auteur en évoquant son style de prédilection. Il en résulte une collision d'univers oniriques, la plupart d'entre eux étant des rêves fantasmagoriques. Sinon j'ai vu un reportage au JT ce soir, ça parlait de plusieurs millions d'euros consacrés chaque année à la sécurité des anciens présidents de la république française. J'imagine qu'une partie de ce budget est alloué à la cyber-surveillance des détraqués qui envisagent de les buter. Je souhaite donc à l'auteur de ce texte de bien profiter des dernières semaines de vie qu'il lui reste sans avoir à porter un bracelet électronique et une balise GPS dans le fion. S'il n'y a pas une descente de police à mon domicile, cette année, l'auteur des textes va demeurer anonyme jusqu'au verdict des votes pour ne pas les influencer.
A propos d'une divinité d'origine Aztèque :
“Dans la nouvelle de Lovecraft, La transition de Juan Romero, le narrateur lui fait référence.”

“Un robot-écrivain a failli remporter un prix littéraire au Japon.”

Comment suis-je arrivé ici ? Je suis là, dans mon manteau noir, guettant la terrifiante joute rhétorique qui risque de suivre, je suis là, dans le bureau poussiéreux de la police nationale, à expliquer à ce commissaire que la victime du meurtre de la rue Pierre et Marie Curie a été assassiné en réalité par un fervent du Culte Aztèque (nourrir le dieu en sacrifices humains, afin qu'il conserve son énergie solaire ou qu'il favorise les victoires). Je crois que j'ai pété les plombs en passant mes nuits à imaginer les pouvoirs illimités de ce Robot-écrivain.
Il vient de concevoir le code pour envoyer la sortie vidéo à notre cortex visuel, je lui dis tout en contemplant le massacre, bien planqué dans notre cachette (un Van abandonné au milieu de la nuit) ; pendant ce temps les Sbires du Culte Aztèque empilent les cadavres dans le Carré des Innocents ; pendant ce temps aussi je reçois des SMS Lovecraftiens et des messages vocaux alarmants de ma hiérarchie supérieure.
Sans fin ni commencement, cette nuit jette ses singulières couleurs nocturnes comme pour mieux savonner la pente accidentée de notre mission. Alternant entre des lignes de codes aussi occultes que ténébreuses et les lignes bien réelles qu'il trace sur le papier, nous sommes des personnages piégés dans cette nouvelle en train d'être écrite par le Robot-Ecrivain.
Avec une mémoire et une logique qui lui est propre, le Robot a choisi un lieu, une intrigue, des descriptions qui ressemblent beaucoup au style de Lovecraft ; dans les sillons de ses circuits, des idées surgissent, sûrement létales par rapport à notre position : nous sommes, dans cette nouvelle, des agents de police assignés dans une tentative d'infiltration de réseau, le réseau des assassins de la Secte Aztèque. Et nous espérons secrètement nous en sortir en attendant le black-out de la machine.

Deuxième Partie :

Les scientifiques qui avaient élaboré le premier robot écrivain, avaient produit une suite délirante de robots : d'abord, des robots pour tous les corps de métier, ensuite des robots pour la prostitution. C'est donc la deuxième catégorie qui m'intéressait : l'annonce du robot-escort promettait un instant magique, rue Pierre et Marie Curie, des sensations fortes, bref le Nirvana en réalisant toutes les techniques du Kamasutra !
L'escort en question - qui s'appelait Carla X - avait été inventé à l'aide du système D passionné de son mac humain, une espèce de frustré au départ jouant les caïds à la mie de pain. Avec sa chaîne en or apparente descendant sur son torse que sa chemise de mafioso laissait entrevoir, il regardait une émission sur le foot dans le salon, son écran télé sophistiqué hurlait tout aussi fort que lui lorsque Carla, en nuisette charmante, m'ouvrit la porte.
Je savais que cette chose électronique, sous l'apparence d'une jeune fille au regard langoureux, collectait déjà, dès mon entrée dans l'appartement, des observations au sujet de ma libido qui restait à conquérir. C'était loin d'être gagné.
D'autant plus, qu'à force de mettre sur le marché des robots-écrivains, l'édition préférait maintenant les manuscrits de ces foutues machines et avait remplacé les écrivains humains trop laborieux, trop lents, trop coûteux pour écrire des Best-Sellers. Mes velléités d'écrire des nouvelles ou des romans dignes de ce nom s'étaient évanouis : j'avais donc un parti pris contre les machines qui avaient pris ma place.

Une fois dans la chambre tamisée, délicatement Clara retira ses bas, en commençant un Strip-Tease et je bandais déjà, formant une bosse visible dans mon pantalon : à première vue, Clara X était une très belle jeune fille, une véritable GFE (Girl Friend Extra) comme on les nommait sur les forums, qui m'appliqua bientôt une fellation hors-norme, sans préservatif. Elle s'était très vite dissipée l'idée que ça serait nul de faire l'amour avec un robot, elle exécutait parfaitement toutes les taches, même les plus viles, et ce bien mieux que ses rivales humaines. Et pour moins cher de surcroît.

Pourtant, en l'empalant, j'ai touché un truc pas net, un truc qui m'a fait sombrer entièrement dans la folie : je ne savais pas qu'en entrant comme ça dans cette matrice cyborg j'allais par la suite devenir un meurtrier sanguinaire ; non je ne savais pas, Monsieur Le Commissaire, que j'allais égorger et poignarder de violents coups de couteau de cuisine son connard de mac et faire brûler son appartement avec son cadavre et sa pute littéralement démontée à l'intérieur.

La Saint-Con en brûlant de toute sa complexité réserve parfois des événements aussi inattendus que soudains.