DayZ

Le 02/05/2016
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par HaiKulysse
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Thèmes / Obscur / Polar
La publication reprend avant même que le Grand Inquisiteur de l'Ordre n'ait été élu. Parce que les rituels et les festivités ne sont que des référentiels collectifs, que ce n'est pas le plus important, tout du moins vos repères personnels sont bien plus intéressants que nos fêtes païennes. Ici le nouvel épisode d'un texte d'HaiKulysse à suivre. Ne me demandez pas s'il existe des épisodes précédant celui-ci dans la série. Je pense que oui, qu'il s'agit d'une suite des textes initiés durant la Saint-Con 2016 mais qu'importe mon avis. Quoi qu'il en soit, ça décrit les effets de la zombification des auteurs et des lecteurs zonards en fonction du temps passé en exposition aux contenus du site. ça se passe à une époque éloignée, avant même l'existence d'Internet, au temps où il fallait se connecter sur 3615 LAZONE pour poster des contributions. Quant à la drogue évoquée, c'est celle du storytelling qui aujourd'hui s'est banalisée avec le téléchargement de séries sur le net, la substance active contenue dans toute intrigue narrative, celle qui nous aide à nous soustraire de nos corps, nous désincarner de nos réalités et quotidiens mornes : l'aventure et l'exotisme pour trois francs six sous.
« Tu crois que des groupes d'hommes survivant et luttant pour leur survie vont vendre/fabriquer/consommer de la drogue ? »
A 3 h 30 du matin, la nuit du 5 juin 1992, la saturation ; Chinaski, en s'efforçant de recoller pour la énième fois une page déchirée couverte de caractères noirs, sature bruyamment. Aussitôt l'organisme plié, révulsé de douleur, vide ce qu'il reste des tripes ; le Cerveau des Ordres de la Nuit cuve sa soirée Grunge ; douleur.
Anastasia. Anastasia, dans son rêve continuel, essuie sa morve en blablatant et Buk, encore sur le déclin, en profite pour piocher, à discrétion, une hallucinante quantité de sachets sous son matelas. Anastasia, revenue fraîchement du goulag, est à elle-seule une orchidée de ballons multicolores, bien que ses formes soient tristes, goulues ; dans le conte de la folie ordinaire de Hank, comme le tremblotement d'une lumière au fond d'un tunnel, elle brille. Sa figure disparait du fond d'écran tandis que des bandes de papier se déploient, jonchées de lettres et de chiffres, elles débordent parfois jusque sur le parquet... Pénuries de neurones.
Anastasia grogne d'une voix ensommeillée qu'elle a besoin elle-aussi de drogues pour favoriser ses visions.
De ces Ordres de la Nuit, ils ne veulent pas en démordre. Sous leurs yeux, le Livre s'ouvre : des hommes dans la trentaine, chauves aux quatre cinquième et à la chemise blanche sont décris dans ce récit ; le vieux dégueulasse mémorise leurs visages en tripotant les boutons de l'étrange ordinateur. Quelques heures auparavant, il a placé dans la chambre de hautes et solides étagères dans lesquelles il a entrepris de ranger selon un ordre réfléchi les antiques Tomes pourrissants des Ordres de la Nuit.
Il a aussi rangé la vaisselle dans des cartons et couvert les meubles de housses blanches et fantomatiques. Car cette nuit, cette nuit les personnages des Ordres de la Nuit vont débarquer.
...

Tout avait commencé ainsi : il vérifiait la dilatation de ses pupilles dans le rétroviseur ; elles paraissaient de la même taille que les zombies de DayZ et en position debout il n'avait guère d'aplomb mais il roulait quand même sur cette route de campagne crénelée comme la mâchoire d'une vieille et arriva sans dommage à Lubr-X ; ville d'émeutes, de grabuges zonards suite à la guérilla urbaine, menée par des hommes à moitié zombies, hybrides.
Il était minuit passé et les usines, fabriquant le Virus, tournaient encore à plein régime, hoquetant et éructant dans l'air frigorifié, rejetant leurs fumées puantes, frelatées et déversant leurs effluents acides dans le fleuve. Leurs faisceaux de lumières étincelantes, qui les faisaient ressembler à des vaisseaux spatiaux, attisaient la légende, cette rumeur selon laquelle on préparait une nouvelle drogue, du genre Crocodile.