Gérer le deuil des People...

Le 13/05/2016
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par Versus
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Thèmes / Débile / Phénomènes de société
Versus nous est apparu sur le site à la faveur de la Saint-Con avec une fiction sous forme de polar à conclusion lovecraftienne. Rien de tel ici avec un mini-article un rien poli traitant du phénomène, appelé à s'amplifier dans les années à venir, de pathos surmédiatisé à l'occasion de décès forcément impromptus mais tout de même attendus, hein, je dis ça je dis rien, la mort est un couperet fatal qui nous pend au nez, des grandes stars du baby-boom qui bercèrent notre jeunesse. A lire vite et sans loucher.
… ayant passé l'arme à gauche. Non parce que le deuil personnel des People, les soutenir dans leur douleur suite à la disparition d'un proche ou d'un chien, franchement, il faudrait pas exagérer non plus. Déjà que nous sommes tous censés pleurer dès que calanche un vieil acteur, un chanteur oublié, un footeux ou le premier connard venu qui eut la chance de vivre pleinement son petit quart d'heure de gloire... Franchement, qui se souvient réellement de Hans-Dietrich Genscher, hein ? Qui, à part un cinéphile jusqu'au-boutiste, connaît Ülkü Erakalin ?
C'est vrai, je pousse la logique à son extrême. J'entends ainsi souligner l'inanité des pleureuses en tout genre qui pullulent dans les médias, et notamment dans la grande et magnifique poubelle des médias sociaux, lorsqu'il s'agit d'attirer l'attention sur le passage de vie à trépas d'illustres individus qu'il n'est pas toujours bon d'avoir connu et qu'il est parfois bon de méconnaître. Prenons Delpech. Franchement, excusez-moi, mais les roucoulades mielleuses d'un chanteur à la noix ne m'intéressent pas et je ne vois pas en vertu de quelle loi sinistre je devrais infliger à mon cerveau déjà surpeuplé le traitement de toute information le concernant - surtout si elle est accompagnée de musique. Pareil pour Merle Haggard, que j'appréciais toutefois davantage, de loin et pas trop souvent, ou ce bon vieux Keith Emerson qui ne m'enthousiasmait en définitive qu'une année bissextile sur trois.
    
On a tous nos modèles, nos héros culturels, nos totems, nos anges tutélaires - lesquels, rappelons-le à toutes fins utiles, se fichaient comme d'une guigne de notre personne pour la simple raison qu'ils ne nous connaissaient pas personnellement, et puisqu'on en est à répéter des évidences, le gars qui parle dans le poste ne nous entend pas - mais faut-il pour autant distribuer avec autant de largesse des émotions, par ailleurs sincères, parfois extrêmement puissantes, au profit d'individus dont n'avons jamais fréquenté qu'une image, un reflet, un son ?
    
Par pitié, gardez vos larmes pour ce qui est en vaut la peine. Pleurez les vivants qui frôlent la mort par milliers, en Syrie ou ailleurs, pleurez les victimes du système, les maladies graves et les clodos. Pleurez les putes importées via les réseaux mafieux et les junkies décharnés, les victimes de la route et les fonctionnaires, prétendument responsables de la crise, du chômage et du reste.
    
Ou plutôt, ne pleurez pas. Arrêtez juste d'être cons.