Les producteurs de cinéma ont ceci en commun avec nos politiques qu'ils se positionnent systématiquement selon le point de vue des masses. Le public pour les uns, les électeurs pour les autres. Tout ça, c'est kif-kif bourricot, puisque l'on se prétend sempiternellement enchaîné aux desiderata de la masse. Humbles dans l'intention et généreux dans leur souci de fédérer les cons, autant du point de vue des suffrages, des entrées en salle, des points de sondage, des courbes d'audimat, voire pour les plus cheap, du nombre de vues sur You Tube, nos grands créateurs de cinéma hexagonal sont prêts à user de tous les prétextes pour nous abreuver de la pire bouillie filmique depuis que les frères Lumière et Georges Méliès se sont fendus, chacun dans leur coin, de la plus belle invention humaine depuis la naissance de l'impression.
L'excuse de vouloir plaire à un maximum de spectateurs potentiels achève de nous éloigner de tout ce que le cinéma peut comporter d'artistique : une vision esthétique, désintéressée, débordant volontiers sur le terrain social, la possibilité d'un regard critique, éventuellement féroce, sur des choix politiques précis, des idéologies triomphantes, de patentes injustices. Il existe aujourd'hui un dangereux cahier des charges auquel tout film doit se plier s'il compte un jour imprimer une pellicule. Le cinéma dépend des dividendes de grands groupes, de chaînes de télévision affiliées à ces mêmes groupes et nul besoin de dévorer avidement le Monde Diplomatique pour se convaincre que ce sont des intérêts économiques et financiers qui président désormais à l'élaboration des multiples œuvrettes actuellement accessibles sur petit et grand écran.
Quid alors de certains films récents, censément politiques, la Loi du Marché en tête ? La plupart tissent un décor artificiel dans lequel déambule un personnage dont les motivations dépassent généralement le contexte social, qui, de fait, ne constitue qu'un prétexte de plus à raconter une histoire qui n'a rien de politique. La vengeance personnelle du protagoniste de Dheepan, par exemple, plonge rapidement le film dans un exercice de style autour des codes du polar musclé. Autre exemple, Un Français, ou l'itinéraire d'un skinhead repenti, prend bien soin d'éviter toute connexion avec l'actualité brûlante. Un regard sur le passé, ça d'accord, mais surtout, ne parlons pas de ce qui fâche.
Exit, Costa-Gavras. Saluons Kev Adams et tant pis pour nos neurones.
Quid alors de certains films récents, censément politiques, la Loi du Marché en tête ? La plupart tissent un décor artificiel dans lequel déambule un personnage dont les motivations dépassent généralement le contexte social, qui, de fait, ne constitue qu'un prétexte de plus à raconter une histoire qui n'a rien de politique. La vengeance personnelle du protagoniste de Dheepan, par exemple, plonge rapidement le film dans un exercice de style autour des codes du polar musclé. Autre exemple, Un Français, ou l'itinéraire d'un skinhead repenti, prend bien soin d'éviter toute connexion avec l'actualité brûlante. Un regard sur le passé, ça d'accord, mais surtout, ne parlons pas de ce qui fâche.
Exit, Costa-Gavras. Saluons Kev Adams et tant pis pour nos neurones.