Jean-Paul Sartre dévalué #InspirationAmibe

Le 18/05/2016
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par Lapinchien
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Dossiers / Écrire quand vous avez l'inspiration d'une amibe
Lapinchien se jette à corps perdu dans l'absurde initiative OuLiPienne qu'il a lancé inconsciemment sans trop le vouloir ni d'ailleurs réellement penser qu'elle aurait le moindre succès. #InspirationAmibe : ce hashtag est une sorte de biographie condensée de Lapinchien d'ailleurs. Chers lecteurs, vous allez ici faire les frais du pitoyable tirage au sort des dix mots imposés pour la rédaction de ce texte, à savoir : " a, attendrisseur, entartements, flinqué, lanouéenne, latrie, renâclement, savonnier, segmentaux, synonymie " On dirait au final une sorte de reportage Grolandais sans chute. En même temps, un texte sans final twist, ça change de ce que le lagomorphe à l'habitude de nous pondre. Votre participation est vivement attendue pour relever le niveau. Testez votre habilité à être créatif dans la contrainte. Plus d'informations ici : http://forum.lazone.org/index.php?topic=3575.0
Lanouée est une commune française située dans le département du Morbihan, en plein cœur du Centre Est Bretagne, à la limite des Côtes d'Armor, un village rural du canton de Josselin, de 1 700 habitants, très étendu puisqu'en effet, il couvre 4 360 hectares. La commune possède deux frontières naturelles : au nord, sa forêt d'une superficie de 3 800 hectares située sur la ville voisine de Les Forges et au sud, le canal de Nantes à Brest, creusé dans le lit de la rivière de l'Oust. La commune bénéficie d'une manne touristique tant au niveau du paysage que par son patrimoine unique avec notamment le site de la chapelle de Pomeleuc, son église Saint Pierre construite entre le XIIème et le XVème siècle, les vestiges de la voie Romaine et ses différents manoirs. La richesse lanouéenne, ne nous voilons pas la face, c'est aussi et surtout, le dynamisme associatif, et les différentes animations organisées tout au long de l'année. D'ailleurs, rappelez-vous, il y eut cette convention littéraire phénoménale, à la fin de l'année 2016, dans la salle des fêtes du stade Henri André.
Noël Godin y débarqua soudain avec ses acolytes. Ils émergeaient de la foule des anonymes et comptaient jouer l'effet de surprise. Armes en mains, les comploteurs s'approchaient prestement de l'estrade. Le service d'ordre les avait repérés mais les joyeux lurons jouaient le surnombre. Les agents étaient de fait débordés. C'est au cri de "Gloup ! Gloup !" que l'ordre de l'assaut fut donné. Beaucoup d'assiégeants furent interceptés et sévèrement molestés, certains furent même violemment plaqués au sol, mais d'autres complices sortaient d'on ne sait où, comme s'ils eussent été le fruit d'une improbable génération spontanée ou qu'un vortex les ait craché d'autres époques, d'autres dimensions, d'univers parallèles, intarissablement. Un déluge d'entartements s'en suivit.

À son tableau de chasse, Georges Le Gloupier comptait les têtes de Marguerite Duras, Maurice Béjart, Henri Guillemin, Marco Ferreri, Jean-Luc Godard, Édouard Poullet, Jean Delannoy, Vladimir Volkoff, Alain Bévérini, Patrick Bruel, Jean-Pierre Elkabbach, Hélène Rollès, Philippe Douste-Blazy, Pascal Sevran, Patrick Poivre d'Arvor, Daniel Toscan du Plantier, les prêtres de la cathédrale Saint-Pierre de Nantes, Nicolas Sarkozy, Bill Gates, le public du concours musical Reine Élizabeth, Bernard Landry, Benjamin Castaldi, Jean-Pierre Chevènement, Karel Dillen et Jean-Claude Martinez, Jean Charest, Doc Gynéco et, 7 fois quand même, Bernard-Henri Lévy. Un beau safari à la tarte à la crème dans la savane sauvage et sans pitié des égotiques mégalomanes qui ne se prennent pas pour de la merde et saturent depuis les années 60, la bande passante des mass media, de leurs discours suffisants, masturbatoires et dédaigneux. La tarte est un attendrisseur d'estime surdimensionnée. Et si le bel esprit est un bijou rare, le mauvais mérite d'être flinqué, émaillé, damasquiné et guilloché. La crème permet de ciseler et polir, les plus grossiers d'entre eux.

Car tous ces fiéffés coquins, énumérés tantôt, ne cessent d'élever des temples à leur petite personne, amener les foules à prier au pied des autels de leur médiocrité narcissique. Et bien entendu, au culte de dulie de ces mécréants et animistes, il fallait que se substitue le culte de latrie. Le seul et unique Dieu à aduler sur terre est la connerie. Créatrice, rédemptrice, législatrice et vengeresse, objet de scandales et de sacrilèges, d'hystérie collective, de massacres de masses et blasphèmes : Concédez-moi la synonymie exclusive des deux termes. Par bien des aspects, tous ces attentats pâtissiers, ces happenings de philosophie appliquée, contenaient de nombreux discours et théories implicites sur des réels ségmentaux car comme tout le monde ne le sait pas les lois de la physique et de la métaphysique se côtoient et agissent à équité sur nos lamentables quotidiens. D'ailleurs Newton et Einstein auraient pu être entartés à leur époque. Ils devraient l'être d'ailleurs à titre posthume tant ils étaient obtus et ont conduit nos contemporains à suivre leur trace avec des œillères. Et s'il a échappé par l'abjuration au bûcher, Galilée n'aurait pourtant pas volé une bonne lapidation pâtissière pour être tout autant subversif que terre à terre puisque ces deux comportements ne sont pas antithétiques et peuvent malheureusement se conjuguer. Mais ne mélangeons pas les torchons et les serviettes. En cycle court à 40°, on peut parfaitement le faire, mais pas ici.

Ce soir là, il n'y avait pas de savonnier dans la salle polyvalente Henri André. Pas de confusion possible : les lanouéens n'avaient pas été sélectionné à l'improviste pour participer à Intervilles, d'ailleurs il n'y avait dans les parages, ni vachette, ni la moindre âme qui vive à Les Forges. De la crème, des tartes et des chutes en cascade pourtant. Cette fois, la cible de Noël Godin était Alain Finkielkraut, la vedette de la convention littéraire lanouéenne, qui n'en demeurait pas moins le digne successeur et concurrent de BHL sur le terrain de la philosophie contemporaine de comptoir. Il s'en prenait vraiment plein la gueule et semblait presque suffoquer sous toutes les couches de Chantilly qui recouvraient à présent son visage sous les assauts répétés des activistes de l'Internationale Pâtissière. Au « Lève-toi vite, ou je t'écrase la gueule à coups de talon ! » de son auguste prédécesseur, Finkielkraut préféra un renâclement offusqué suivi d'un pitoyable «Gna Gna Gna ! Mais arrêtez, pauvres cons !" complètement hors de propos.