Jack s'ennuyait chez lui. Son ami, François Berléand venait de follower un tweet improbable indiquant que des gens se massaient par centaines en public et toute la nuit, aussi Jack dont la libido bourgeonnait en ce début de printemps 2016, pensa immédiatement que des parisiens libertins se livraient à des massages érotiques collectifs voire peut être même à une gigantesque orgie, et il fut d'abord vexé de ne pas avoir reçu de carton d'invitation.
Certes son honneur personnel venait d'en prendre un sacré coup. N'était-il pas connu sous le pseudonyme du "Spéléologue facétieux" par le tout Paris mondain fréquentant les backrooms des clubs libertins ? Une telle omission était tout bonnement intolérable et Jack passa de longues heures à se contempler dans le miroir géant de la salle de bain, nu, avec pour seuls accessoires, son casque à lampe frontale, son piolet et son petit tonneau de Saint Bernard autour du cou. Il prenait des poses aguicheuses tout en enchaînant des duckfaces de haut niveau. Il finit par s'en convaincre : ça ne venait pas de lui. Il était toujours aussi sexy et désirable. Il appela tout de même le centre d'UV/épilation brésilienne intégrale pour réserver 5 séances supplémentaires dans le mois et ceci mit un point d'arrêt à ce sentiment de vexation hors de propos. Mais alors, si on ne l'avait pas blacklisté, pourquoi n'avait-il pas reçu d'invitation à la soirée libertine à thème outdoor debout ? Il pensa à un complot en premier lieu. Certains jaloux et envieux ne supportaient pas son charisme et ses exploits dans le milieu bondage SM haute volée de compétition. Il lui fallait bien réfléchir à cela. Qui était le fieffé filou qui avait assez d'influence pour le bannir d'un tel événement ?
Pour réfléchir à cette épineuse problématique, Jack devait avoir l'esprit libre, délivré de toute entrave, de tout souci d'ordre terrestre et bassement humain. Il suivait rigoureusement une méthode pour atteindre la zénitude : il bricolait. Il avait aménagé son cagibi pour cela : bricoler pour avoir l'esprit serein et réfléchir déconnecté de la réalité. Il passa d'abord près d'une douzaine d'heures à plancher sur un projet d'arme secrète visant à détruire les cerveaux de ses concitoyens oublieux avant de se rendre compte qu'une arme de ce genre existait déjà et qu'on l'appelait télévision.
Jack,dans la foulée, décida de s'initier à l'ombromanie en compagnie de Sven, un ami cartographe. Mal lui en pris. En effet, Sven n'était pas réellement cartographe, même s'il réalisait régulièrement des cartes de France dans son slip durant son sommeil, car oui, en réalité, Sven était un éjaculateur précoce, et les jeux d'ombromanie se concentrèrent très rapidement et exclusivement à la reproduction de cétacés expulsant de l'eau par leurs évents dorsaux. Jack se sentit trompé et souillé. Il se dirigea donc vers la salle de bain pour se laver et, sur le chemin, il se sentit suivi, ce n'était pas Sven mais une de leurs ombres crées à quatre mains, une sorte de marsouin, qui semblait nager dans le mur derrière lui. Le cétacé du papier peint ne le lâchait pas d'une nageoire et Jack, de plus en plus épouvanté, se réfugia dans la salle de bain, à double tour, mais c'est l'ombre qui l'accueillit, encore plus terrifiante, lorsqu'il alluma la lumière. Il bu le Laphroaig planqué dans le tonnelet pour reprendre du courage, prit un piolet dans une main et son gode arawak en bois bandé dans l'autre et se lança à l'assaut de la bestiole qui le narguait en nageant dans le mur. Il fracassa le fidèle témoin de son narcissisme en mille morceaux tranchants qu'il lança ensuite tels des fléchettes, les mains bientôt en sang, sur le mur, là où apparaissait, par intermittence, l'infernal marsouin ; il explosa le cumulus au dessus de la baignoire, il fit des trous un peu partout, il gueula même, hystérique : "Klatu Verata Nektu", "Klatu Verata Nektu", avant de se rendre compte, à genoux dans le chaos, pleurant presque, que l'ombre n'était en fait qu'une très collante persistance rétinienne.
Rassuré, soulagé, et pourtant éreinté - sans doute le contrecoup - il se servit un grand verre de Martini menthe nippone arrosé de sucre glace, lâcha un rot présomptueux et y alla d'un rire amusé. Ça lui rappela ses vacances en Corse. Et Claire, son ancienne voisine, rousse et disciple de feu Joseph Pujol, le célèbre pétomane. Elle avait pour habitude de s’entraîner le mardi et le jeudi. Lundi : choux et pois chiches, mercredi : flageolets. Elle avait réussi à développer une technique lui permettant de littéralement sculpter ses gaz. Et c'est ainsi qu'elle animait soirées d'anniversaire et autres commémorations, elle rencontra d'ailleurs un franc succès à la 67ème reconstitution de la bataille de Verdun. Mais le temps mettait à rude épreuve son organisme et c'est un dimanche qu'elle partit rejoindre le paradis des personnages secondaires sans intérêt. On sonna soudain à la porte.
D'un geste prompt et délicat du pouce, Jack fit coulisser circulairement le cache de l’œilleton. Bien sûr, il ne souhaitait pas que la personne qui n'avait pas annoncé sa venue, probablement un VRP ou un témoin de Jéhovah, ne sente sa présence juste là derrière la porte, à être jaugée du regard. Jack d'expérience savait que les importuns se montraient plus insistants dès qu'ils percevaient sa puissante aura sexuelle charismatique capable de traverser la triple épaisseur blindée du sas de coffre-fort qui sécurisait l'entrée de son logis depuis qu'une inexplicable fatwa s'était abattue sur lui, tout bêtement suite à ce stupide accident où Jack, certes un peu éméché, avait dépucelé les 10 héritières d'un soit-disant grand mollah iranien. Le temps de faire le point avec sa confusion mentale et une pensée fugace traversa l'esprit de notre jeune héro : En anglais, on désigne un judas par le terme « peephole ». Il ne put s'empêcher de lâcher un petit ricanement benêt qu'il tenta maladroitement de couvrir de sa main comme par association d'idées, ses neurones furent chatouillés par un souvenir inavouable : ce fameux soir où son sexe était resté coincé des heures durant dans le « glory hole » d'un sordide sex-shop près de la station de métro Strasbourg-Saint-Denis. "Une allergie à un cocktail frelaté de Cialis, Viagra et Redbull" : lui avaient expliqué les 12 sapeur-pompiers venus désencaster, à la hache, l'organe génital de Jack dont la puissante pression exercée latéralement sur les parois par l’afflux sanguin torrentiel, menaçait de faire s'effondrer tout l'immeuble sous lequel ce sordide établissement, probablement pas aux normes, où jamais plus il ne métrait les pieds ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs, avait été construit (mais qu'elle idée aussi de faire un trou dans la poutre porteuse de tout un quartier parisien). Des vidéos immortalisant l’événement avaient fait le buzz sur Youtube d'ailleurs. Maintes et maintes fois parodiées, trafiquées avec tous les outils de la Suite Adobe Première, permettant de remplacer visuellement son énorme gourdin, et ce pour éviter la censure, par mais ma gueule bordel et NyanCat, Double rainbows, Sneezing Pandas, Bucket Challenges, Gangnam Styles, licornes et autres stupidités peu inspirées issues du cerveau unique que tous les membres de la communauté 4chan se partageaient. Ceci considéré, Jack pensa qu'il était temps d'en finir avec tous ces flashbacks digressifs et introspections itératives, pour appréhender l'image qu'allait lui restituer l'instrument optique à lentilles permettant de voir sans être vu, trahissant la relation comme le Judas du Nouveau Testament, d'où son nom irrévérencieux et blasphématoire. Au début c'était flou puis Jack plissa d'avantage sa paupière gauche et cru reconnaître Laurence Boccolini puis un énorme pacman mais Jack comme d'habitude était trompé par l'objectif fisheye du judas et son effet « œil de poisson » grossissant. Et ce n'est qu'après avoir rebooté son hémisphère cortical gauche que les puissants algorithmes neuronaux de reconnaissance faciale lui permirent d'identifier très distinctement l'invité mystère de dernière minute : il s'agissait de la conscience de Jack. D'ailleurs, elle se pencha, elle aussi de l'autre coté de la porte pour regarder à travers l'autre bout du judas pour tenter de pénétrer son « hôte » incompréhensible à la dérobée.
Cette rencontre avec lui-même agit donc comme un catalyseur. C'est alors que Jack comprit que son destin se trouvait au milieu du tumulte des foules, et il s'y rendait résolu à compléter le petit cabinet de curiosités à MST que son corps était devenu. Au même moment, Rémy Buisine se faisait grave chier chez lui. Cet illustre inconnu allait marquer l'Histoire et il ne le savait pas encore. L'ennui, le désœuvrement est le moteur principal des révolutions passées et futures. Rémy n'en savait rien. C'était un geek, bien résolu a afficher publiquement sa nerditude en exhibant son tout dernier iPhone. Il décida alors de se rendre place de la République pour la filmer en live sur Périscope.
Pour réfléchir à cette épineuse problématique, Jack devait avoir l'esprit libre, délivré de toute entrave, de tout souci d'ordre terrestre et bassement humain. Il suivait rigoureusement une méthode pour atteindre la zénitude : il bricolait. Il avait aménagé son cagibi pour cela : bricoler pour avoir l'esprit serein et réfléchir déconnecté de la réalité. Il passa d'abord près d'une douzaine d'heures à plancher sur un projet d'arme secrète visant à détruire les cerveaux de ses concitoyens oublieux avant de se rendre compte qu'une arme de ce genre existait déjà et qu'on l'appelait télévision.
Jack,dans la foulée, décida de s'initier à l'ombromanie en compagnie de Sven, un ami cartographe. Mal lui en pris. En effet, Sven n'était pas réellement cartographe, même s'il réalisait régulièrement des cartes de France dans son slip durant son sommeil, car oui, en réalité, Sven était un éjaculateur précoce, et les jeux d'ombromanie se concentrèrent très rapidement et exclusivement à la reproduction de cétacés expulsant de l'eau par leurs évents dorsaux. Jack se sentit trompé et souillé. Il se dirigea donc vers la salle de bain pour se laver et, sur le chemin, il se sentit suivi, ce n'était pas Sven mais une de leurs ombres crées à quatre mains, une sorte de marsouin, qui semblait nager dans le mur derrière lui. Le cétacé du papier peint ne le lâchait pas d'une nageoire et Jack, de plus en plus épouvanté, se réfugia dans la salle de bain, à double tour, mais c'est l'ombre qui l'accueillit, encore plus terrifiante, lorsqu'il alluma la lumière. Il bu le Laphroaig planqué dans le tonnelet pour reprendre du courage, prit un piolet dans une main et son gode arawak en bois bandé dans l'autre et se lança à l'assaut de la bestiole qui le narguait en nageant dans le mur. Il fracassa le fidèle témoin de son narcissisme en mille morceaux tranchants qu'il lança ensuite tels des fléchettes, les mains bientôt en sang, sur le mur, là où apparaissait, par intermittence, l'infernal marsouin ; il explosa le cumulus au dessus de la baignoire, il fit des trous un peu partout, il gueula même, hystérique : "Klatu Verata Nektu", "Klatu Verata Nektu", avant de se rendre compte, à genoux dans le chaos, pleurant presque, que l'ombre n'était en fait qu'une très collante persistance rétinienne.
Rassuré, soulagé, et pourtant éreinté - sans doute le contrecoup - il se servit un grand verre de Martini menthe nippone arrosé de sucre glace, lâcha un rot présomptueux et y alla d'un rire amusé. Ça lui rappela ses vacances en Corse. Et Claire, son ancienne voisine, rousse et disciple de feu Joseph Pujol, le célèbre pétomane. Elle avait pour habitude de s’entraîner le mardi et le jeudi. Lundi : choux et pois chiches, mercredi : flageolets. Elle avait réussi à développer une technique lui permettant de littéralement sculpter ses gaz. Et c'est ainsi qu'elle animait soirées d'anniversaire et autres commémorations, elle rencontra d'ailleurs un franc succès à la 67ème reconstitution de la bataille de Verdun. Mais le temps mettait à rude épreuve son organisme et c'est un dimanche qu'elle partit rejoindre le paradis des personnages secondaires sans intérêt. On sonna soudain à la porte.
D'un geste prompt et délicat du pouce, Jack fit coulisser circulairement le cache de l’œilleton. Bien sûr, il ne souhaitait pas que la personne qui n'avait pas annoncé sa venue, probablement un VRP ou un témoin de Jéhovah, ne sente sa présence juste là derrière la porte, à être jaugée du regard. Jack d'expérience savait que les importuns se montraient plus insistants dès qu'ils percevaient sa puissante aura sexuelle charismatique capable de traverser la triple épaisseur blindée du sas de coffre-fort qui sécurisait l'entrée de son logis depuis qu'une inexplicable fatwa s'était abattue sur lui, tout bêtement suite à ce stupide accident où Jack, certes un peu éméché, avait dépucelé les 10 héritières d'un soit-disant grand mollah iranien. Le temps de faire le point avec sa confusion mentale et une pensée fugace traversa l'esprit de notre jeune héro : En anglais, on désigne un judas par le terme « peephole ». Il ne put s'empêcher de lâcher un petit ricanement benêt qu'il tenta maladroitement de couvrir de sa main comme par association d'idées, ses neurones furent chatouillés par un souvenir inavouable : ce fameux soir où son sexe était resté coincé des heures durant dans le « glory hole » d'un sordide sex-shop près de la station de métro Strasbourg-Saint-Denis. "Une allergie à un cocktail frelaté de Cialis, Viagra et Redbull" : lui avaient expliqué les 12 sapeur-pompiers venus désencaster, à la hache, l'organe génital de Jack dont la puissante pression exercée latéralement sur les parois par l’afflux sanguin torrentiel, menaçait de faire s'effondrer tout l'immeuble sous lequel ce sordide établissement, probablement pas aux normes, où jamais plus il ne métrait les pieds ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs, avait été construit (mais qu'elle idée aussi de faire un trou dans la poutre porteuse de tout un quartier parisien). Des vidéos immortalisant l’événement avaient fait le buzz sur Youtube d'ailleurs. Maintes et maintes fois parodiées, trafiquées avec tous les outils de la Suite Adobe Première, permettant de remplacer visuellement son énorme gourdin, et ce pour éviter la censure, par mais ma gueule bordel et NyanCat, Double rainbows, Sneezing Pandas, Bucket Challenges, Gangnam Styles, licornes et autres stupidités peu inspirées issues du cerveau unique que tous les membres de la communauté 4chan se partageaient. Ceci considéré, Jack pensa qu'il était temps d'en finir avec tous ces flashbacks digressifs et introspections itératives, pour appréhender l'image qu'allait lui restituer l'instrument optique à lentilles permettant de voir sans être vu, trahissant la relation comme le Judas du Nouveau Testament, d'où son nom irrévérencieux et blasphématoire. Au début c'était flou puis Jack plissa d'avantage sa paupière gauche et cru reconnaître Laurence Boccolini puis un énorme pacman mais Jack comme d'habitude était trompé par l'objectif fisheye du judas et son effet « œil de poisson » grossissant. Et ce n'est qu'après avoir rebooté son hémisphère cortical gauche que les puissants algorithmes neuronaux de reconnaissance faciale lui permirent d'identifier très distinctement l'invité mystère de dernière minute : il s'agissait de la conscience de Jack. D'ailleurs, elle se pencha, elle aussi de l'autre coté de la porte pour regarder à travers l'autre bout du judas pour tenter de pénétrer son « hôte » incompréhensible à la dérobée.
Cette rencontre avec lui-même agit donc comme un catalyseur. C'est alors que Jack comprit que son destin se trouvait au milieu du tumulte des foules, et il s'y rendait résolu à compléter le petit cabinet de curiosités à MST que son corps était devenu. Au même moment, Rémy Buisine se faisait grave chier chez lui. Cet illustre inconnu allait marquer l'Histoire et il ne le savait pas encore. L'ennui, le désœuvrement est le moteur principal des révolutions passées et futures. Rémy n'en savait rien. C'était un geek, bien résolu a afficher publiquement sa nerditude en exhibant son tout dernier iPhone. Il décida alors de se rendre place de la République pour la filmer en live sur Périscope.