S/t

Le 02/07/2016
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par Lourdes Phalanges
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Thèmes / Obscur / Psychopathologique
"He toi ! Dis-moi que tu m'aimes, même si c'est un mensonge, puisque je sais que tu mens. La vie est si triste. Dis-moi que tu m'aimes. Oublions tout, nous-mêmes, ce que nous sommes vraiment. Tireurs solitaires, dans une ville morte. Tireurs imaginaires. Mais après tout qu'importe, que nos vies aient l'air d'un film parfait." Lourdes Phalanges pète un disque dur et se met à faire de la poésie en prose. Le terroriste défouraille grave. ça tire dans le tas. Enfants, Femmes, Hommes, vieux, jeunes... Pas de distinction : On se prend de grandes rafales de littérature blanche pleine de métaphores, d'allégories, d'images. Un texte avec des SFX proches de ceux du slam et des textes performés. Chacun pour soi et Dieu pour tous, koi §
Demain, j’achèterai un fusil. Demain c’est demain, mais aujourd’hui, j’ai envie. J’ai ma petite liste, longue comme le bras. On a fait des films, écrit des livres sur mon cas. Certainement pas unique. Un jour, je périrai, mais pas sans avoir fait périr. Sans haine ni rancoeur, guidé par aucune vision : juste moi, la voix et mon petit tromblon. Pas un truc joli, mais un truc juste pour ça, faire des trous dans des troncs.
Et j’aurai tout gâché, l’espace d’un instant, pour mieux rejoindre les lignes des histoires banales.

Quand ça rime, ça va. Mais me voilà las, encore, et demain n'est plus si loin. Alors j’écris. Avant, on disait gratter, l’abrasif, le sordide, ce qui colle et qu’on gratte et qui colle à nouveau. Moi, ma peau, elle sent bon, elle est douce, elle sent bon le chimique. Bien peigné, tout sourire, je génocide tout bas, dans ma tête, en silence.

Je bats des records dans mon coin. Je brandis des pancartes, me rebiffe. J’attends mon tour pour gueuler. Sur le trottoir, je récupère ce qu’on me laisse de mots. Puis avec confectionne le début d’une potence. Potence que jamais je ne finirai, car les plus durs m’ont été confisqué. Et le jour s’abat sur la nuit et j’y crois, j’attends mon tour pour parler. J’envoie les restes de la potence en l’air, ils retombent dans les flaques et n’éclaboussent plus. Je trie mes souvenirs. Je vis en accéléré pour mieux freiner et penser que c’est comme ça qu’il faut faire. Sur le trottoir, désormais, plus rien. Il fallait s’en douter, mais au fond j’aime ça, car la forme a tout pris, et le fond n’est plus sale, ou trop joli; même pas creux ou tendancieux, érotique ou martial.

J’ai fait un rêve cette nuit, c’est l’autre qui me l'a dit. Mais cette histoire, je la connais, il l’a tient d’un autre, un autre qui m’a tout dit.

Mourir, c’est sympathique, il faut faire ça gentiment.

Mon succès est certain dans cette entreprise à la dérive.

Le reflet me ment.

Mais aujourd’hui c’est aujourd’hui, et demain, je n’aurai peut être plus envie.