Nadir

Le 11/07/2016
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par HaiKulysse
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Thèmes / Obscur / Autres
HaiKulysse, j'en suis à présent certain, est un bot. Pas n'importe lequel cependant : Ses algorithmes vicieux résultent de l'incroyable mélange du code assembleur de Maman, l'ordinateur de bord du Nostromo et de HAL9000, l'ordinateur de bord du vaisseau dont j'ai oublié le nom dans 2001 l’Odyssée de l'espace. HaiKulysse, notre bot, a pour objectif d'écrire des textes aléatoires à partir de tout ce qu'il ingurgite et en particulier les derniers textes de la Zone. Ici on reconnaîtra Laurel de martin, et une mystérieuse histoire de fantômes hantant les boîtes d'allumettes. L'existence d'un auteur algorithmique ayant le potentiel de vendre plus de bestsellers que Levy et Musso réunis est véritablement problématique. La question se posera bientôt. Faut-il débrancher la machine avant qu'elle ne génère avant des génies humain, l'intégralité de la bibliothèque universelle ultime ? Faut-il fusionner les cerveaux de Gavalda et Pancol pour contrecarrer le plan récursif et itératif d'un sombre professeur fou dans sa cave dont jamais nous ne connaîtrons l'identité ?
Nadir est un Esprit qui vit quelque part enfermé dans le château où il a vécu, il a cherché d'abord à entrer en communication avec les propriétaires actuelles mais, peine perdue, il essaie maintenant de les manipuler en s'engouffrant par télépathie dans leur cerveau.
Les visions de Nadir -ses visions de Projet Blair Witch- en fondu enchaîné fabriqués maison étaient d'une richesse mortelle. De son vivant, il s’était battu pour prendre sa place, ici au château, mais il y avait trop d'obstacles. A présent, en quinconce avec un autre malade du cerveau, son Esprit dormait dans une boite de très longues allumettes et défiait les systèmes de la logique cérébrale, recevant par télépathie des informations importantes sur Laurel et Martin.
Il était malade mais il connaissait des moments d'extralucidité. Nadir devait compter sur leurs têtes bien nourries pour s'échapper. Quand il ne dormait pas, difficile de le localiser, il était quelque part... un lieu sans doute humide où il se réfugiait, où il hurlait d'angoisse sans réveiller personne... Un lieu qui n'avait pas été visité depuis des lustres et dont il était le moteur par la pensée, un effet de synesthésie le reliait à ce couple de châtelain qui prenait possession de la demeure, uniquement l'été, comme résidence secondaire.
Ah Laurel ! L'épouse de Martin, quand elle rêvait, un halo semblait se former autour de son bonnet de nuit. Dans ses rêves, elle abandonnait sa pudeur et son côté coincé, et Nadir s'immisçait pour la pénétrer : une série boueuse et tourmentée d'orgasmes où elle était bousculée, renversée dans tous les sens... Lorsque les premières semences ruisselaient en elle telles les flammèches traînantes d'un feu d'artifice, sa bouche s'ouvrait, ses yeux se révulsaient, ses membres se mettaient à frémir et à se tordre. Nadir la pénétrait violemment ; du sang gargouillait enfin dans la bouche de Laurel et s'écoulait, sombre, sur ses joues et son bonnet en dentelle. Au réveil, elle paniquait ; elle ne se souvenait plus du rêve, mais le sang qu'elle avait rejeté l'angoissait : elle se croyait malade, avait reçu de nombreuses fois la visite du docteur qui la rassurait maintes fois : elle était pourtant en parfaite santé !
Martin, lui, semblait subir une mutation plus lente : tout d'abord, ses érections étaient de plus en plus rares, il avait à peine la trentaine et, au bout d'un mois au domaine, il n'avait quasiment plus de désir, même les vidéos pornographiques qu'il avait sauvegardé sur un serveur n'avaient plus aucun intérêt.
Dans leur propriété, le temps s'écoulait lentement, trop lentement ; Martin regardait de longues heures son thé infuser. Une poignée de feuilles flottait au gré des courants chauds et obscurs ; le reste restait prisonnier de la passoire.
Laurel passait son temps à regarder cette boite d'allumettes posée sur l'abat-jour de la chambre, elle se recroquevillait sur son fauteuil ; parfois elle prenait des notes quand elle voyait un détail qu'elle n'avait pas remarqué précédemment. Elle ne savait pas qu'elle progressait à l'aveugle : elle se heurtait au début aux limites de la raison, mais elle avait fini par adopter secrètement l'idée qu'il fallait tout brûler : ce château isolé dans la campagne mâconnaise, la bagnole de Martin, et même Martin qui l'avait emprisonné dans cette vie de couple. Elle ne pouvait se défaire de cette idée.