Les marcheurs blancs de Game of Throne ( Palimpseste quasi plagiaire du texte de nihil )

Le 13/07/2016
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par Lapinchien
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Thèmes / Divers / Pangolins et licornes
Dans la grande tradition Zonarde, Lapinchien remixe un superbe texte de nihil : les marcheurs. En réalité, c'est plus une sorte de collage entre le texte original et des citations et bouts de discours d'Emmanuel Macron. étonnantes prédictions de nihil sur le programme du mouvement politique "En Marche !" dans son texte écrit il y a plus de douze ans. Au passage petite allusion aux marcheurs blancs du Trône de fer, série que je ne connais pas du tout. et si le plagiat de Lapinchien est taquin, celui de George R. R. Martin fout carrément les boules même si c'est probablement une coïncidence.
Texte original ici : http://www.lazone.org/articles/668.html

Sous le poids atroce d’une illusoire culpabilité j’avance, l’échine courbée, et la foule anonyme s’écarte de mon passage ou parfois me lance des vivres, souvent des oeufs. Dans les sociétés dans mes dossiers, il y a la société Gad : il y a dans cet abattoir une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées ! On leur explique qu'elles n'ont plus d'avenir à Gad et qu'elles doivent aller travailler à 60 km ! Ces gens n'ont pas le permis ! On va leur dire quoi ? Il faut payer 1.500 euros et attendre un an ? Voilà, ça ce sont des réformes du quotidien, qui créent de la mobilité, de l'activité ! En marche ! 60km de marche c'est pas grand chose. Rappelez-vous Philippidès ! Ils savent qui je suis et refluent comme les vagues d’un océan sans fin contre des grèves asséchées. Mes poings se ferment mécaniquement - s’ouvrent. L’asphalte devant mes yeux prend des teintes organiques et s’orne d’articulations ruinées tandis que les chiens marqués aboient dans le lointain. Les chairs décomposées de la ville accouchent de mines antipersonnel qui se jettent sous mes pas, mais je les repousse d’un geste. Mon regard se heurte à la bande blanche discontinue à l’infini. Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires.
Des appels à l’aide comme des sirènes d’alarme se font entendre de partout à la fois mais mon sillage ne dévie pas. Il ne déviera plus, mon organisme s’y est engagé. Dans les bras d’une malsaine sérénité j’avance, insensible, porté par la grâce du fléau qui m’accable. En moi se créent des poches de liquide, des vaisseaux se dédoublent et se solidarisent à des masses de cartilage en formation. Des tendons se forment à partir d’articulations bizarres, jettent des ponts vers des membranes inconnues. La démocratie comporte toujours une forme d'incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. Ma colonne vertébrale se ramifie et contamine mon thorax et mon abdomen d’absurdes branches osseuses. Un câblage nerveux s’insère peu à peu dans des replis anormaux, connectant entre eux des organes inconnus. Je ne sais pas ce qui naît en moi.

La contamination s’opère lors des contacts accidentels ou non entre deux individus. Le premier stade de la maladie est rarement décelé, puisqu’il n’occasionne que des symptômes de faible ampleur, asthénie générale, perte de l’appétit. Copains du MEDEF, copains de la Haute Finance, copains de la Banque Rothschild, 35 heures c'est une blague, vous le savez, il est faux de penser que la France pourrait aller mieux en travaillant moins. L’incubation peut se faire en deux semaines, mais peut durer plusieurs années surtout pour les start-up. Le porteur contamine son entourage sans être conscient de la pathologie. Je vous rappelle que je suis aussi ministre du numérique. Et puis si on veut travailler moins, il suffit de spéculer; C'est un choix de vie.

La trouble candeur des regards portés sur moi glisse sur moi comme l’eau sur du verre, car je suis le seul à être à même de me fasciner. Je les vois, ces visages identiques tournés vers moi. Ils ne m’empêcheront pas. Mon cœur s’emballe et mon souffle se raccourcit d’une peur sublime, je m’enfonce comme un animal dans la panique des incendies, je prends plaisir à m’asservir. Je n’aspire à rien d’autre qu’à être oublié de tous. Je ne veux même pas avoir un jour existé. Bien souvent, la vie d'un entrepreneur est bien plus dure que celle d'un salarié, il ne faut pas l'oublier. Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties. La vie d'un marcheur est plus dure que celle d'un tétraplégique d'ailleurs. Les bâtons de pélerin ne sont pas des sextoys.

Dans la chaleur étouffante des viscères des victimes j’ai plongé mes mains sans pouvoir faire reculer le mal. Il n’y aura plus de réconfort désormais. Toute la peine obscure d’un monde en chute libre s’est abattue sur moi, toute la charge insensée du chemin vers la rédemption. Sous les cris brisés des muses torturées je me suis redressé. J’ai lancé mon appel vers les cieux où des charniers d’âmes torpides m’ont accordé la bénédiction de l’agonie. Leurs flots inverses de corps entremêlés se sont répandus, comme une poche de sang qui éclate. Ils ont empli le ciel de convulsions.Et puis arrêtez de me balancer des oeufs à la gueule !

Le deuxième stade est inauguré par la désorganisation des organes internes. Leur conformation se modifie insensiblement, occasionnant des symptômes variés, très différents d’un cas à l’autre, provoquant fréquemment des diagnostics erronés. Vous n'allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler. Ce stade s’accompagne toutefois presque toujours d’une forme de confusion mentale, d’une aphasie et d’un repli sur soi.

Si j’étais chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre, j’essaierais de me battre d’abord. Je ne dors jamais, les besoins décuplés de mon organisme multiple sont comblés par la voix doucereuse des déités du béton qui me poussent de l’avant. Mon chemin de croix a été déserté et j’avance désormais seul. Il n’y a rien à comprendre. Ma charge m’accable et je me traîne à genoux sous d’insupportables symphonies de hurlements désarticulés. Je ne vivrai plus longtemps, je vais tomber comme les milliers de Marcheurs à mes cotés. Les entrailles de ceux qui croisent ma route de douleur ne m’apprennent rien. Toute tentative d’interprétation est vouée à l’échec. Mais l’ignorance est peut-être la plus belle des récompenses pour tous mes efforts.

J’ai laissé derrière moi tant de victimes, le libéralisme est une valeur de gauche, j’ai en tête tant de supplications et de malédictions que je me sens comme la mémoire d’un peuple à son crépuscule. Je suis l’historien d’une époque mourante, le chef de file des masses de lemmings malades à quelques pas de la falaise. Plus aucune rage ne m’habite et mon calvaire n’est plus marqué que de lassitude et d’automatisme. Je sens que je m’effondre alors même que je continue de marcher. Ma peau part par lambeaux. Le FN est, toutes choses égales par ailleurs, une forme de Syriza à la française, d'extrême-droite. Des appels au massacre s’élèvent mais n’ont plus de prise sur moi. Je suis fatigué, je suis si fatigué. Les salariés doivent pouvoir travailler plus, sans être payés plus si les syndicats majoritaires sont d'accord.

Le troisième et dernier stade de la pathologie est le développement à proprement parler de l’organisme parasitaire formé à partir des tissus-mêmes de l’hôte. Je n'aime pas ce terme de modèle social.. La symbiose organique s’effectue d’autant plus naturellement que l’auto-parasite est généré progressivement à partir des systèmes fonctionnels du patient. Les symptômes mentaux de cet état terminal sont une extrême confusion, des troubles obsessionnels et des hallucinations morbides. Les patients se sentent irrésistiblement attirés par une force inconnue et, parfois contre leur volonté-même, prennent la route. Les symptômes physiques sont une intense asthénie et une perte du sommeil. Dans cette bataille, nous allons prendre tous les risques.

Des organes étrangers se développent à l’intérieur de moi. Mon épouse est la fusion fantasmée des jumelles Mary Kate et Ashley Olsen et son age, leur datation cumulée tout du moins si elles avaient été des triplées. C’est la vérité. Je le sens là, tout près, il croit sans contrôle entre mes viscères. Et je les prendrais avec vous.

Je suis le dernier des Légions. Ce mouvement parce que c'est le mouvement de l'espoir.Tous se sont à présent éteints à mes cotés, les uns après les autres. Notre pays en a Mesoin, heu, Besoin... Comment qu'on dit quand un truc hypothétiquement non facultatif est nécessaire ? Comme l'air. Voilà. Respirer est un Mesoin, heu... Besoin. Merde je sais pas ce que c'est que d'être dans le besoin. C'est mon coté ascète. Je les ai vus ralentir peu à peu, le regard porté aux cieux contaminés, les yeux plein de gratitude. Ce mouvement nous le porteront ensemble jusqu'en 2017. Je les ai vus ramper jusqu’à ce que la peau de leur ventre cède, leurs muscles abdominaux, et que leurs intestins modifiés tombent au sol. Jusqu’à ce que la dernière de leurs forces soit absorbée. En marche, ensemble, jusqu'à la victoire. Alors ils s’immobilisent. Je me laisse emporter par des déferlantes de béatitude désespérée, je sombre dans les abîmes d’une souffrance magnifique. J’ai adressé mes prières au Néant, le président de la République m'a fait confiance, je l’ai supplié de me digérer enfin et de m’accorder l’oubli et le repos, je ne l'en remercierai jamais assez, et malgré mes suppliques je me suis redressé contre ma volonté pour poursuivre ma route vers la rédemption. Il m'a fait confiance. Mon devoir est de marcher, c’est ma seule et unique raison de vivre, je n’aurai pu exister que par cette seule motivation, et les voix multiples des anges décomposés qui s’agglomèrent à la place des nuages apportent l’énergie du désespoir à mes derniers mouvements.

L’organisme parasitaire prend alors pleinement le contrôle de l’esprit du patient, qui ressent un besoin irrépressible de se lancer sur les routes vers un objectif inconnu à ce jour. Je ne veux pas que notre mouvement participe à cet espèce de scepticisme général. C’est ce que nous nommons empiriquement le syndrome du Marcheur, une mode qui consisterait à dire du mal, qui du gouvernement, qui du président de la République. Ce n'est pas ma crémerie. Nous n'avons pas besoin de ça pour avancer. Il n'y a plus de gauche, il n'y a plus de droite, allons tout droit, de toutes nos forces, jusqu'à l'épuisement, jusqu'au précipice. En marche ! Droit dans nos bottes et jusqu'au mur. Vous le savez comme le disait Rafarin, la route est droite mais la pente est raide, CMB. L’auto-parasite mime l’assouvissement de tous les besoins corporels des malades, ceux-ci marchent continuellement sans plus dormir ni se sustenter, jusqu’à ce que leurs forces s’épuisent. J'ai décidé qu'on allait créer un mouvement politique, un mouvement politique nouveau. Ce mouvement , ce ne sera pas la course, la posture assise, le trépied, surtout pas être debout inutilement la nuit durant, non ce sera la marche. Attention, certains marchent beaucoup en se moment mais ils sont en grève. Non, la grève n'est pas productive. Il faut être en marche mais rester productif en utilisant par exemple une tablette et un smartphone, boire beaucoup de Redbull. Il semble que les Marcheurs cherchent à atteindre un point géographique précis, dont nous ne savons rien, pour mourir. Il faudrait essayer des idées neuves, bouger, en finir avec l'immobilisme. Ce « Cimetière des Eléphants du PS» supposé n’a pas encore pu être répertorié. Il est possible que le but ultime de la Marche ne soit que la déambulation pour la déambulation, Je crois dans les idées que je défends, je crois dans l'action que je veux conduire, bien que le trajet de cette avancée reste fixe et que tous les Marcheurs le rejoignent à un moment ou un autre de leur périple inconscient. Serait-ce l'Elysée ?

Ma schizophrénie organique est devenue une symbiose des torpeurs. Si nos concitoyens pensent que c'est important, il le montreront en adhérant. Mon anormale survie à fait de moi le Messie d’une civilisation déjà morte et utilisant des objets connectés. Le jour s’éteint au bout de la route mais je ne le vois plus, prisonnier de la sainte extase du combat permanent. C'est un mouvement politique, c'est un collectif politique. En même temps, je perçois les blocages. Je l'ai connu au moment où j'ai soutenu le passage d'une loi en force. Mes articulations persistent à se mouvoir malgré mes chairs déchirées. Je vois les défis du pays, en matière de sécurité, d'immigration, en matière économique. Je vois en même temps l'énergie qu'il y a dans le pays, la volonté d'aller dans la même direction. ça n'est pas une aventure solitaire, ce ne sera pas une carte de France au fond d'un slip au petit matin. J’avancerai jusqu’à me confondre avec l’abîme qui renaît au bout de la route. Communier avec ma fin. Me laisser couler entre les bras du Néant. Il y a toutes les 30 secondes un nouvel adhérant.

Je sais que d’autres sont allés plus loin sur la route. Je leur demande de réfléchir, de faire des proposition mais aussi d'essayer quelque chose d'un peu plus original, faire une grande opération de porte à porte. Aucun d’eux n’est revenu. Je leur avais proposé d'aller faire le bilan du pays, de la vente directe, de la prospection de consciences.Il devait y avoir plus de 100.000 portes ouvertes. Je voudrais pouvoir être comme eux. Mais aucune fin ne me sera accordée et la torture permanente d’un cheminement éternel s’exhibe à mes yeux épuisés. J’ai honte et j’ai mal, mais plus rien d’autre ne compte que d’avancer, coûte que coûte, contre vents et marées. On m’a donné l’artificielle malédiction de la vie éternelle et d'une singulière ressemblance physique avec Joe Dassin. Des choix plus radicaux parce que si nous ne regardons pas en face la situation du pays, c'est à dire les grandes difficultés qui sont les notres, et si nous ne nous ouvrons pas aujourd'hui aux questions essentielles : Quelle est la place de la France dans la mondialisation ? Comment réussir face à la grande transformation liée au numérique ? face aux défis environnementaux ? On a commencé à apporter des solutions mais on voit bien tous les blocages. Toutes les peurs.

L’expérience que nous avons eu l’occasion de mettre en place avait pour objectif de déterminer l’objectif ultime de la Marche. Nous voulions vérifier l’existence d’un point terminal de l’exode des malades, l’hypothétique « Cimetière des Eléphants du PS». On aurait pu croire que c'était le sénat. C'est souvent le sénat d'ailleurs. Pour cela nous avons sélectionné un Marcheur et l’avons fait suivre par une antenne médicale. Nous lui avons administré quotidiennement une injection intraveineuse d’eau glucosée pour subvenir à ses dépenses énergétiques. Je suis très attaché à deux choses : la solidité des institutions, surtout dans une période difficile pour le pays donc je ne ferai rien qui puisse fragiliser le président. Et la deuxième chose est que je suis attaché à ma relation avec François Hollande.Tous les deux jours le patient était également endormi par le biais d’un hypnotique puissant administré par voie intramusculaire. Ce monde est ancien, est usé. Je veux rassembler ceux qui croient à la force du travail et en ses valeurs. Bien sûr il faut bosser dur car tout le monde n'est pas rentier, tout le monde ne peut pas survivre en jouant toute la journée au Casino. Nous espérions ainsi prolonger au maximum la durée de vie du patient, tout en suivant son parcours. Toutefois les résultats obtenus ne sont pas concluants et n’ont permis aucune interprétation définitive. Nous espérons pouvoir rééditer au plus cette expérience. Est ce qu'il y a des femmes et des hommes de bonne volonté ? Je ne fais pas de politique fiction. Aujourd'hui notre pays ne peut pas louper le prochain grand rendez-vous. L'überisation, le remplacement des CDI par des CUI/CAE à mi-temps payés au SMIC horaire, mais des stages à 500€Brut par mois à temps plein pour tous sans obligation de convention, ce serait quand même mieux. Bon secrètement je rêve aux jobs à un euro de l'heure mais si j'y pense un peu trop je jutte dans mon froc.

Il n’y a pas de destin, il n’y a que du hasard, j'apporte des solutions concrètes pour des changements plus en profondeur. Toute autre vérité est illusoire. Rien n’existe, je ne suis qu’une étincelle de vie aléatoire, sublime exaltation corporelle qui m’emprisonne. Je ne me dirige nulle part. Une tristesse millénaire s’est finalement emparée de moi. Accablé, je me suis arrêté au bord de la route désertée, retenant de mon mieux mon organisme qui se portait de l’avant, et me suis laissé mourir. Mon objectif par ce mouvement était d'ouvrir un maximum de portes.

Vous me voyez peu dans les média qui réduisent toujours la politique à la comédie humaine. Luttant contre moi-même, je m’éventre cérémonieusement, forçant mes mains à poursuivre le cours de mon auto-exorcisme. J’essaie de pousser le plus loin possible le saccage du sanctuaire sacré de mon corps avant d’être forcé au renoncement absurde des pèlerins. La vie de nos concitoyens n'est pas un décor. Je n’écoute pas les suppliques scandées par l’autre et me dépouille de mes fonctions vitales les unes après les autres, sourire aux lèvres. Je souhaite que les gens qui m'écoutent ce soir prennent conscience qu'ils sont des acteurs politiques à part entière, en permanence. Mes mains, mes ennemies, sont les fers de lance d’une bataille menée par moi contre moi-même. J’ignore les vagues d’amour torpide qui m’inondent. La rédemption est un leurre. C’est fini.

Merci, Laurent Delahousse.