La métamorphose d' Alfredo Nomore #TrollCon2016

Le 31/07/2016
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par pascal dandois
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Rubriques / ALFREDO NOMORE
Je sais que c'est pas bien de spoiler un texte dans l'illustration et en particulier le climax du texte. Je vous rappelle que c'est la guerre et que tous les coups sont permis de conduire B. Voici donc le troisième épisode des aventures d'Alfredo Nomore. Dans le cadre de l'attaque par déni de service menée sur la Zone le 31/07/16, après Clacker et HaiKulysse qui ont ouvert les hostilités, Pascal Dandois nous assène une triple inception onirique avec 3 niveaux récursifs de digression narrative. Contrairement aux textes de Martin, à lire avec la bonne clef sur TELEGRAM, Pascal Dandois ne se sert pas de la Zone pour faire passer des messages cryptés à Daesh, c'est un vrai feuilleton de troll littérature bien contemporaine parodiant à l'infini par dichotomie les textes et films d'anticipation les plus emblématiques et/ou stéréotypés. Soyez donc près à saigner du nez à la lecture et n'hésitez pas à rejoindre la résistance en envoyant un texte non Burroughsien à la Zone afin de lui éviter de sombrer, irrémédiablement cataloguée comme étant la référence ultime des revues dématérialisées sur le net traitant exclusivement du cut up.
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"Merde!" se dit Alfredo Nomore,"Théoriquement, ça devrait faire au moins cinq minutes que j'aurais dû m'écrouler, sur le trottoir de cette cité maudite, et mourir, asphyxié, par l'air saturé de gaz d'échappement divers; pets industriels. Et ce qui est d'autant plus désolant, c'est que si j'ai enlevé mon masque à gaz, exprès, justement, c'était bien dans ce but précis: mourir. Mais, non, mon corps se contente de conserver tous les symptômes de la vie, tous, à part celui de la respiration, qui, je viens de m'en apercevoir, se fait totalement absent."

« Déçu, dépité, il ne me reste plus qu'à regarder bêtement la centaine d'hélico-filtreurs, toujours bien réglée dans son emploi du temps, qui consiste à essayer de rendre l'atmosphère à peu près respirable. »

« Les hélicos sont suivis de près par les R.A.R.C. (Robot-Automobile-Ramasse-Cadavres) qui collectent sur leur passage les corps des distraits, ceux qui n'auront pas vérifié le niveau d'air de leur bouteille avant de sortir du bureau-devoir, et des autres, qui auront eu la même idée que moi, avec une meilleure réussite. »

« Maintenant je dois sérieusement m'inquiéter, car cette survie, contre nature, est certainement due, et l'arrêt total de mouvements respiratoires en témoigne, à une mutation génétique de ma personne. Et ça, c'est un coup à se retrouver cobaye au L.R.S.D.V.P.F.M.G. (laboratoire de recherches scientifiques diverses et variées, avec un petit faible pour les mutations génétiques).
Lors d'une visite aux portes ouvertes, j’ai vu l'un de ces cobayes, j'ai assisté à ce qu'on était capable de leur faire et je l'entends encore, pendant qu'on lui implantait des électrodes dans son cerveau décalotté, et qu'on regardait à l'intérieur par un hublot bricolé par élargissement du nombril, je l'entends encore, chanter...hurler...chant‘hurler les paroles qui suivent:

"Offrons-nous un coup d'euthanasie
Une goutte fatale d'anesthésie
Allons, infirmière, soyez chic!
Versez-moi un verre d'arsenic

Mais ma chère, ces tubes en plastique
M'envahissent gorge et muqueuses
Et je crois que ma dernière cuite
Doit passer par intraveineuse

Oui, la piqûre est douloureuse
Mais enfoncez cette seringue, encore
Faut savoir souffrir pour être mort!
Non, ne soyez pas si nerveuse...

Comme il est dommage que mon sang-bouse
Entache la blancheur de vot' blouse

Injectez-moi mon overdose
Ô, ma solution fatidique
Jusqu'à c'que ma cervelle explose
Re'vla la douleur spasmodique

Vous admettrez que j'n'ai plus d'corps
Où s'inscrivait avant un homme
Il n'en reste que les symptômes
Agissez sans aucuns remords

Il serait dommage que ce p'tit drame
Encrasse la candeur de votre âme."

« Je ne m'avoue pas vaincu, se dit Alfredo Nomore, la vie, j'arrête si je veux! ainsi que la tabacocaïne et l'alcoola-cola ; Je viens de faire l'inventaire des quelques produits pharmaceutiques et d'entretien ménager que contient mon appartebox, produits dont la particularité qui m’intéresse est de provoquer la mort, si on en fait une consommation abusive. M'en suis fait trois quatre cocktails...rien, pas d'effet mortel, ai juste esquissé un haut le cœur. De plus en plus déçu, et inquiet, j'ai fait une bêtise en allumant la télévidange:

"1995463ième épisode de votre feuilleton quotidien débile:

Ce matin là, Ginette eut un sursaut de courage. Dans son regard, on pouvait lire la détermination, car elle avait un regard déterminé, du fait, qu'elle même, était déterminée, d'ailleurs, on pouvait le lire dans son regard. Elle retira sa chemise de nuit, sa peau nue frémissante sous le courant d'air qui glissait entre ses..."Il faut que je lui dise" se dit-elle en se disant qu'il fallait qu'elle le lui dise juste après se l'être dit (qu'il fallait qu'elle le lui dise). Elle alla trouver son père, cher la fourmi sa voisine, et lui déclara deux points ouvrez les guillemets: «Papa je suis enceinte ! »
-Qui a osé!? Qui est le père? (Dit le père.)
-Le père, bah, c'est toi papa, le père, puisque je t’appelle "papa", et même que plus haut y'a écrit :"Dit le père".
-Mais non, fille d'idiot! Je veux bien évidement parler du père de ton enfant, qui dans le 4OOOOOOO1ème épisode va mourir assassiné par l'oncle de la tante du beau frère adoptif de son chien par alliance, celui que quand tu vas me dire son nom, je vais mourir d'un infarctus de l'œsophage sous le choc de la surprise, pardi ! Putain ! Mais lis ton texte, merde !
- Ah, oui... tu veux parler de ... (elle prend une large inspiration) Charles-Henri-Auguste-Louis, celui qui t'a piqué 55 puits de pétrole grâce à l'habile taque-tique d'un ingénieux stratagème issue de la traîtrise.
- C'est cela même...AAAAAARGG, mon intestin grêle... tu pourrais t'habiller quand même.
Et il mourri? Mourut? M'HOURRA!
Fin de l'épisode.

A la vue consternante de cette émission, le désir de mort d'Alfredo Nomore, s'accentua encore:"J'ai les idées morbides et j'ai le mors aux dents, oui ! j'ai la mort au bide...dedans" se dit-il
.
Après avoir bousillé son poste de télévidange, à l'instar bien sûr, de Robert de Niro dans «Taxi driver», il se projeta de toutes ses forces sur la fenêtre, qui se brisa, et il tomba d'une douzaine d'étages pour s'écraser sur le bitume comme une merde d'hémoglobine.
Un R.A.R.C qui passait ramassa la flaque organique, ses capteurs y décelèrent une trace de vie, alors, au lieu de l'emmener à l'incinérateur de chauffage mondial, Alfredo Nomore fut transporté au laboratoire de recherches scientifiques diverses etc.
« Au laboratoire, qui sert accessoirement d'hôpital, les chercheurs, après avoir été surpris, puis ravis, par ma rapidité de cicatrisation (que pour ma part je n'ai apprécié que moyennement; mon organisme a perdu tout discernement, mes membres se sont tous reliés les uns aux autres comme pour former une camisole de chair. C’est la seul comparaison que je puisse faire, n'ayant pas vraiment de source de reflet, sur le mur blanc qui me fait face. Ils se sont laissés emporter par leur passion de la science, et ont testé sur moi, nombre de substances virales et, ou, cancérigènes, ainsi que ma résistance au feu, et aux radiations qui, je crois, s'est avérée... « Très bien ».) A cause de la manie qu'ils ont de me faire des piqûres par derrière, par paranoïa, j'ai contracté un œil dans le dos, ce qui brouille un peu ma concentration. Comme je m'ennuie à mourir, mais que je ne meure pas, pour me distraire, j'écoute à travers la cloison, le cobaye d'à-coté qui raconte son histoire, voila ce qui se dit »:
"Ah…Comment vous dire mon secret personnel ?
Vous savez quand on est un agriculteur perdu au fin fond de la Poirente-Chatou, on n’a pas beaucoup l'occasion de rencontrer du monde...
Alors voila, pendant plusieurs semaines
A défaut de terrienne
J'ai vécu avec une alienne
Une relation passionnelle
C'est vrai, qu'elle avait un physique des plus étranges
Des sécrétions des plus épaisses
Pourtant, mon Dieu, qu'elle était belle !
Quand ses écailles translucides, brillaient au soleil
Qu'à travers on devinait, ses entrailles arc-en-ciel
Et puis, le contact de ses yeux-mandibules sur mes zones érogènes
Me mettait en extase!
Etant télépathe, ma gluante et douce inhumanoïde
Elle était capable
En dévorant mes spermatozoïdes
De me dire "je t'aime"
Parfois elle m'enlaçait de ses multiples pattes
Puis, elle se mettait à pleurer des larmes d'hydrogène
Ensuite, elle déployait ses membranes en me disant:
"Notre amour est impossible je dois te quitter"
Et, elle s'envolait dans l'espace.
Alors, moi je criais "ALIENNE !"
Pour qu'elle revienne
Et elle, au moins, elle revenait.
Mais un jour, elle m'explique
Que sur sa planète, la reproduction se caractérise par le parasitage des autres espèces, qui périssent dans d'affreuses souffrances en mettant au monde leurs progénitures.
Puis elle me demande si cette révélation remet en question notre amour éternel.
Je lui réponds que non, bien sûr.
Sur ce, elle m'annonce que nous allons avoir un enfant, et que c'est moi qui le porte, ce a quoi elle ajoute, qu'il faut être courageux, qu'après mon décès, elle prendra soin du petit comme d'elle même.
La salope!
Je savais bien que je n'aurais pas dû la laisser me mettre ce tentacule, mais aujourd'hui je regrette surtout, de lui avoir porté ce coup de fourche fatal… c'est difficile de lutter contre sa nature…qui va s'occuper du petit maintenant? »
Un craquement flasque suivi d'une plainte horrible se fit entendre:" Docteur « l'enfant » est en train de naître, il a transpercé l'abdomen, on voit les mandibules", affirma l'infirmière. "Abattez moi tout ça vite fait, nom de Dieu ! Faut tout vous dire ou quoi?"
-Bien docteur.
Deux coups de feu retentirent: "voila docteur."

Alfredo Nomore reprend le cours de sa narration : « Une infirmière s'est sans doute approchée un peu trop près de moi, car je (mon organisme) l’ai happée, gobée, assimilée, ou plutôt, nous avons fusionné. Je suis, nous sommes, devenus un seul être unique et indivisible; un hermaphrodite. Et même plus que ça, je constate à l'instant que cette symbiose et hybridation, est également un accouplement, je suis enceint(e). La raison de la transmutation est à présent claire; naissance d'une nouvelle espèce. Amen.

Bienvenue à société-hermaphrodite!
Ou cohabitent en chacun; con, bite
Ovaires, testicules
Spermatozoïdes et ovules
Des corps parfaitement homogènes, d'une hygiène parfaite
A hermaphrodite-planète
Pas de guerre des sexes
Et par extension logique; pas de guerre du tout
(En effet, à quoi bon convoiter le vagin du voisin, quand tout le monde a l’sien ?)
A hermaphrodite-City
Z' ont pas voulu m'laisser entrer
A hermaphrodite-ville
Le plaisir,
Ça sert juste à se reproduire régulièrement
Z' ont pas voulu m'laisser entrer, vous dis-je.
Car à hermaphrodite-land
On n'accepte pas les sodomites
Même pour de rire
Même si c'est que les mouches.

« AAAH! Avortons cette horreur! Quel sottise que d'éparpiller les chances de survie dans la multitude, c'est évident, l'immortalité réside dans l'unité cellulaire.
Alors, ma tête s'engouffre dans la cellule, la tête est la cellule en totale autarcie, dénuée de capteurs-cavités reliés à l'extérieur.
Vide entouré de rien, centre d'inexistence
Surdité de silence
Que c'est bon de ne pas être.
Je ne pense pas, je ne suis pas.
Pour de bon, ne plus être.
Je ne pense pas, je ne suis pas.
Surdité de silence inaudible.
Surtout, oublié de naître.
Surtout, jamais renaître.
Je pense pas, je suis pas.
Merde, voila que je me surprends en train de penser, comme un con, oh, et puis,, tant mieux!
Cacophonie!
1, 2,3 j'implose un coup !
50, 13, 128, et je reprends tout à zéro. »