CUT-HULHUP Le Mythe !

Le 02/09/2016
-
par HaiKulysse
-
Thèmes / Editos / 201x
Dans le cadre de la fin de la Convention Troll 2016 soit la #TrollCon2016, HaiKulysse a publié ce texte en affirmant : "suite de la nouvelle J’irai dormir chez les Zonards. Ou Les Cendres Hardcore d'Angela !  que vous attendiez tous avec impatience ! A suivre, je pense, dans un autre style que le mythe de H.P. Lovecraft" Cependant j'ai décidé unilatéralement (de dos, si ma mémoire ne me joue pas des tours) de poster ce texte en tant qu'édito de rentrée car il dépeint assez fidèlement la situation de la Zone, fait d'indéniables constats dont nous devrions tous tenir compte et tirer des enseignements. Par ailleurs, ce texte nous montre clairement, en plus des Bisounours, plus nombreux que jamais (nous vivons désormais leur Âge d'or), quels sont nos nouveaux ennemis héréditaires tapis dans l'ombre depuis des millénaires et qui risquent même de les supplanter. N'hésitez pas vous aussi, même si vous n'êtes pas admin du site, à poster des articles éditoriaux afin que nous puissions tous poursuivre notre formidable introspection littéraire collective, contributive et participative.
Texte de référence : J'irai dormir chez les Zonards. Ou Les Cendres Hardcore d'Angela !

Retranchée dans sa thébaïde, dans cette partie de la ville où on n’aimait pas les étrangers, Angela regardait le dernier avion de la nuit survoler le toit d’un building -genre World Trade Center- qui promettait la fin du monde pour une prochaine fois.
Depuis trois jours, il y avait sur les écrans à cristaux liquides géants un lancement de film où l’on voyait un enfant disparaître de manière peu compréhensible. Un remake de Stranger Things en quelque sorte.
Il y avait aussi, dans la rue adjacente où elle vivait, une quincaillerie tenue par deux Noirs martiniquais qui poursuivaient à longueur de journée, un dialogue calme et résolu, exclusivement consacré à la manière de se suicider intelligemment. Ils représentaient, selon la jeune femme, un répit par rapport à l’obscurité totale qui approchait.
Cette nuit, comme toutes les autres nuits, elle errait dans l’appartement, à moitié endormie, vérifiant que chaque porte et chaque fenêtre étaient bien fermées. Ce n’était peut-être qu’un réflexe automatique sans importance.

Ce n’était peut-être qu’un réflexe automatique sans importance mais le lendemain elle était sur l’autoroute et pensait à cette ville et à cette vie qu’elle avait abandonné ; et déjà, l’odeur de l’océan Pacifique, curieusement, avait envahi la Range Rover. La tendre douceur de ce printemps contrastait avec toutes ces nuits d’angoisse qui étaient à effacer.
Elle roulait pour oublier leur pénombre macabre, elle roulait aussi pour éviter le fatalisme bavard de son psychiatre qui, lui, était resté dans les souterrains urbains, les égouts, la merde quotidienne. Furax d’un tel souvenir, elle quitta rapidement l’autoroute ; en sortant à chaque fois des routes, puis des chemins, après avoir longtemps errée dans les steppes, elle arrêta le moteur dans ce lieu qu’elle connaissait instinctivement : La Zone.
Angela était de retour ! Mais c’était la désolation ! Pas une désolation d’apparat, non une véritable apocalypse ! Parmi les carcasses des Mercedes aux teintes noires, encore fumantes, elle regardait les cadavres des zonards presque entièrement putréfiés, couchés à jamais dans l’herbe, un scalp saignant leur tempe.
Les zonards avaient été décimé par des aborigènes aux masques d’horreur dignes de la tragédie grecque. D’où venaient-ils ces vivisecteurs d’un autre temps ? Ils avaient laissé en guise de tags de mystérieux hiéroglyphes ainsi qu’une effigie indubitablement figurative, mais dont l’exécution abstraite ne permettait de déterminer la nature exacte. On eût dit une espèce de William Burroughs, ou bien la représentation symbolique d’un William Burroughs, que seul un esprit malade avait pu concevoir.

De retour dans sa ville, Angela accumula un paquet de coupures de presse concernant le massacre, et rédigea, après leur lecture, des feuillets qui regroupaient les informations éparpillées. Ce qui semblait être le document principal portait le titre « CULTE DE CUT-HULHUP » méticuleusement tracé en majuscules d’imprimerie afin de faciliter la lecture de ce mot mystérieux…