Le Logiciel

Le 10/09/2016
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par HaiKulysse
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Thèmes / Obscur / Fantastique
Courte nouvelle d'anticipation d'HaiKulysse s'en prenant vivement aux déferlements de haine et lynchages qui constituent à présent le moteur principal de Twitter. Un savant fou dans son garage va mettre au point une sorte de bot viral qui va s'attaquer à l'épine dorsale de ce système nerveux collectif malade. A grandes doses de prion alphanumérique, il va provoquer sa dégénérescence en créant une cyber maladie céphalospongiforme. Certes ce n'est pas tout à fait cela car je ne suis pas un spoiler et la méthode trouvée est assez originale et mériterait pour le bien des générations futures qu'elle soit mise en application. Dommage que le texte soit aussi court qu'un tweet.
Il n’y avait aucune solution contre les pensées morbides...
j'ai tenté de fuir de cet espace clos... en vain... le tissu plaqué sur mon visage, seul dans l'obscurité, j'ai inventé un logiciel permettant de générer d'autres pensées morbides : tout a commencé avec une simple équation à double inconnue, et par une déduction mécanique, j'ai avancé dans mes recherches ; les calculs ont mûri en quelques heures... Je me suis aussi servi, comme énergie intarissable, des cocons colonisateurs qui peuplaient ma prison, m'extorquaient mon eau et ma nourriture.
Alors, s'épanouissant, le Projet Macabre, a pris ce qu'il restait de mon obole - Projet que je nourrissais de combustibles funèbres - ou plutôt laissais faire... s'épanouissant davantage, comme pour enrichir son imagination, il a changé mon mode d’existence, -un mode d'existence qui était routinier avant tout- et en m’associant aux relents d’humidité et de crasse de la pièce, le logiciel a continué de débiter davantage de pensées morbides, mais sans moi, comme si il était lancé en mode pilote automatique.
Ce logiciel, progressivement, a lancé dans tous les azimuts des tweets qui n'étaient autre que des louanges aux terroristes ; à ce moment de l'histoire, je pouvais encore intervenir, mais j'ai préféré fermer les yeux... La perspective de me retrouver face à face avec mon état initial m'angoissait, m'évoquait un cauchemar que je ne voulais pas revivre, et puis de toute façon, je n’avais même plus la force de vomir.
Mais le logiciel a accéléré le rythme, il est inutile de préciser toutes les exactions et les incitations à la haine que je voyais défiler sur mon écran, le visage pâle et les veines déjà gonflées de toute cette propagande.
Pourtant, comme je l'ai dit, tout a commencé à partir d'une équation à double inconnue, je n'avais que faire des algorithmes codant selon les lois du système en place et cicatrisant même les anciennes aigreurs des plus grands hackers ; à la place j'avais conçu cette équation pour démonter toute la grande chaîne moléculaire des bases de données, et ça ne m'avait pas coûté beaucoup d'efforts : je venais à peine de conclure et déjà apparaissait la timeline rouge du logiciel.
Le secret d'un tel succès ? Je ne savais pas vraiment d'où il provenait ; mais je me doutais qu'à l'intérieur des cocons ça travaillait frénétiquement : ils avaient pris la couleur du feu, une sorte de mutation incandescente où les braises nouvellement s’exerçaient à imploser l'organisme hébergeur.