Exposé sur la création des bisounours

Le 10/09/2016
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par nihil
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Thèmes / Editos / 201x
Après quelques recherches sur le forum, j'ai retrouvé un court texte de nihil expliquant les origines de la création de la Zone. Je me permets de poster ce témoignage archéologique aujourd'hui sans son autorisation car l'heure est grave : avec l'avènement des réseaux sociaux, les bisounours ont clairement remporté la guerre et vivent à présent leur Âge d'Or en toute quiétude, sans la moindre opposition, sans la moindre dissidence. Ils ont atteint l'apogée d'une société qu'ils ont rebâti à leur image. Certes le terme "bisounours" fait désormais partie du langage du profane, les politiques de tout bord se sont emparé de l'expression pour mieux en galvauder le sens. Ces sombres personnages font dans l'élevage intensif de bisounours en réalité et alors qu'ils les dénoncent, leurs spindoctors, dans l'ombre, mettent au point d'immondes techniques bisounoursiennes pour endoctriner les masses, aussi paradoxal que cela puisse paraître. La vérité historique devait être révélée. Il y a trop longtemps que les zonards sont dans le maquis.
Ce texte m'a été commandé par Soleilvert, qui voulait avoir un petit historique de l'origine de l’appellation "bisounours"... Espérons qu'il n'a pas été trop déçu du résultat.



Les bisounours, ces peluches aux couleurs pastel, qui passent leur temps à s’aimer, à se faire des câlins et à s’auto-abreuver de langage enfantin lobotomisant, ont leur contrepartie sur le net.

Depuis que je traîne sur internet je rencontre ces personnages mollassons qui s’entre-félicitent en permanence, s’alanguissant dans la facilité et l’inutilité du compliment automatique. Ils sont l’internaute moyen, celui qui n’a plus d’intérêt particulier dans la vie, celui qui vient exposer sa petite passion perso dans un site parce que c’est à la mode et qui attend tout un tas de léchouilles de tout un tas d’autres paumés aussi hypocrites que lui. La plupart de ces personnages sont des gens sans fibre, sans révolte, sans pensée propre, la plupart passent leur vie sur le net, errant à longueur de temps à la recherche de communautés pas trop regardantes pour entendre du compliment facile et en faire en retour. Ça conforte et c’est gratos, même si on sait que tout le monde ment et que tout le monde pense en secret « quel attardé ce type, quelle daube son site ».
La plupart de ces gens se laissent influencer tranquillement, balançant des bisous à qui les veut, lançant des cœurs et des « kikooo » et des smileys à rallonge. La plupart sont banalement des gens qui s’ennuient et qui comprennent vite que finalement ils n’ont rien à se dire les uns les autres. Des gens banals qui rient peu, qui sont choqués par tout, qui n’ont pas de but dans la vie et tentent de la remplir d’affection factice.

Cette espèce fourmille sur le net, je les ai toujours appelé les bisounours, parce que même si c’est une expression qui m’était propre, tout le monde comprenait ce que je voulais dire par là. Libre aux gens d’y mettre ou non la connotation négative que moi j’y met.

La Zone a été créée à l’image d’un site de communauté auquel je participais, mais qui m’a fatigué par son coté un peu bisounours à cette époque là, désespérément plat et vide, et j’ai ressenti le besoin de faire partie d’une communauté définie comme l’antithèse de la communauté de bisounours. Un endroit où les gens ont le droit de s’engueuler, de hurler, de s’envoyer des insultes, de critiquer, de dénoncer. Bien sur ça ne leurre pas grand-monde : si on traîne dans une communauté, c’est qu’on en apprécie un minimum les membres, aussi les insultes restent en principe factices. Par contre on a le droit, si on aime pas quelque chose (texte, personne…), de le dire, même si la nature humaine conciliante reprend souvent le dessus.

Toujours par réflexe anti-bisounours, j’ai essayé d’en faire un endroit avec un vrai contenu, des textes que je demandais de qualité au moins correcte, un endroit avec une bonne grosse part artistique, et un endroit foisonnant de connerie, de déjante et de débilité partant dans tous les sens, en réaction au vide et à la platitude mollassonne des sites de bisounours. Bref un endroit où on peut se défouler soit en lisant des textes violents ou drôles, soit en en écrivant, soit en participant au grand bordel communautaire du site. Le maître-mot du site est le défoulement, par tous les moyens nécessaires, pour conjurer une vie bien trop souvent aussi banale que celle de n’importe qui.