Il n’y a pas d’image du corps sans un imaginaire de son ouverture.
Georges Didi-Huberman
Georges Didi-Huberman
Aujourd’hui
le ventre collé à la boue la tête au plus près
elle se cache des chiens qui tous autour
(fort médiocre curée) arrosent la terre de leur
sueur misérable et de leurs gueules suppliantes
elle a fui leur rage habillée de la casaque des
argousins du malheur et maintenant
elle se meurt en rampant dans la fange
mêlée aux étrons canins
son imagination combustible flamboie
épouvantée à l’idée d’être bouffée crue
elle les voit commencer par la pulpe molle du cerveau
(elle se trompe ils commenceront ailleurs mais elle
imagine comme tous ceux qui fabriquent des images)
elle entend leurs crocs claquer sur son crâne
ô elle a chancelé saignante et pâle
avant de tomber
la terre est sale et noire
comme les ailes de la corneille qui crie à la mort
casquée d’un bonnet rouge sang indéchiffrable
à force d’être surchargée de tous les supplices
auxquels l’oiseau posé sur un sapin vert assiste
la meute est prête
à l’abattoir prête à toutes les bouffonneries d’horreur
prête à l’extrême au pire et
tout se voit dans sa tête lumineuse qui s’éteint d’un coup
comme la tête d’une dogaresse tombe dans le panier un jour
d’échafaud
Hier
le jour où elle avait dit oui de toute sa face devinée
il l’avait classée comme numéro 3
acharnement inutile car elle l’aimait
et elle l’aimait avec grandeur (plus que toute autre dont
l’amour souvent se ramasse à même la terre)
Aujourd’hui
il est sorti du véhicule et s’approche de la meute
qui a commencé par les fesses au cœur tendre
cet anus qui ouvre jusqu’au reflet de son
visage dans la mare de sang où elle baigne
elle est maintenant livrée tandis qu’il pisse
jaune sur sa mort
comme une sentinelle immobile les jambes
écartées exauce une envie
Hier
elle aimait aussi se regarder si parfaitement
voyante devant son corps blanc posé
dans une authenticité absolue que la
photographie sous son laminoir rendait étrange
et vrai
les photos circulèrent sous les yeux du troupeau
les onagres en réseaux
Aujourd’hui
toujours debout au dessus du corps
il regarde le ciel bleu avec cruauté
il se veut encore bourreau prêt à
vomir cette femme donnée à la mort
vendue
aux chiens frappés de démence
c’est un ouragan de crocs et d’os
qui sort comme un geyser de la terre
inondée
Demain
elle sera enfin ce qu’elle est
ouverte et
nue comme une image
de toute éternité
Jacques Cauda
le ventre collé à la boue la tête au plus près
elle se cache des chiens qui tous autour
(fort médiocre curée) arrosent la terre de leur
sueur misérable et de leurs gueules suppliantes
elle a fui leur rage habillée de la casaque des
argousins du malheur et maintenant
elle se meurt en rampant dans la fange
mêlée aux étrons canins
son imagination combustible flamboie
épouvantée à l’idée d’être bouffée crue
elle les voit commencer par la pulpe molle du cerveau
(elle se trompe ils commenceront ailleurs mais elle
imagine comme tous ceux qui fabriquent des images)
elle entend leurs crocs claquer sur son crâne
ô elle a chancelé saignante et pâle
avant de tomber
la terre est sale et noire
comme les ailes de la corneille qui crie à la mort
casquée d’un bonnet rouge sang indéchiffrable
à force d’être surchargée de tous les supplices
auxquels l’oiseau posé sur un sapin vert assiste
la meute est prête
à l’abattoir prête à toutes les bouffonneries d’horreur
prête à l’extrême au pire et
tout se voit dans sa tête lumineuse qui s’éteint d’un coup
comme la tête d’une dogaresse tombe dans le panier un jour
d’échafaud
Hier
le jour où elle avait dit oui de toute sa face devinée
il l’avait classée comme numéro 3
acharnement inutile car elle l’aimait
et elle l’aimait avec grandeur (plus que toute autre dont
l’amour souvent se ramasse à même la terre)
Aujourd’hui
il est sorti du véhicule et s’approche de la meute
qui a commencé par les fesses au cœur tendre
cet anus qui ouvre jusqu’au reflet de son
visage dans la mare de sang où elle baigne
elle est maintenant livrée tandis qu’il pisse
jaune sur sa mort
comme une sentinelle immobile les jambes
écartées exauce une envie
Hier
elle aimait aussi se regarder si parfaitement
voyante devant son corps blanc posé
dans une authenticité absolue que la
photographie sous son laminoir rendait étrange
et vrai
les photos circulèrent sous les yeux du troupeau
les onagres en réseaux
Aujourd’hui
toujours debout au dessus du corps
il regarde le ciel bleu avec cruauté
il se veut encore bourreau prêt à
vomir cette femme donnée à la mort
vendue
aux chiens frappés de démence
c’est un ouragan de crocs et d’os
qui sort comme un geyser de la terre
inondée
Demain
elle sera enfin ce qu’elle est
ouverte et
nue comme une image
de toute éternité
Jacques Cauda