Les Sept - Baalzebuth (1)

Le 29/09/2016
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par Cuddle
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Rubriques / Les Sept
Premier texte de la nouvelle série d'un revenant, Cuddle. ça tombe bien c'est de la littérature de genre, de l'heroïc fantasy. Cuddle se lance-t-elle sur les traces de George R. R. Martin et Muscadet ? Pas vraiment, ce n'est pas un coup d'essai. C'est son genre de prédilection d'ailleurs. Peut-être a-t-elle un contact chez HBO pour produire la suite de Game of Thrones à moindre coût ? Cela expliquerait son retour. A moins que ce ne soit une rhinite allergique carabinée et un arrêt maladie ? Le premier épisode est expédié comme un shot de vodka mais ça a le mérite de vite planter de décor. J'imagine que dans les chapitres suivants, Cuddle va partir dans d'autres directions à chaque fois et puis au final toutes les histoires et personnages vont converger. On découvrira alors que les Septs sont les nains de Blanche Neige. L'auteur promet qu'il y aura des scènes anatomiques de groupe par la suite.
On l’appelait le prince des Mouches. Ce seigneur habitait vers le sud, là où les températures les plus clémentes atteignaient les 37 degrés. Ses terres, largement étendues, étaient situées dans une zone tropicale propice à la propagation des maladies infectieuses. Sa seigneurie était composée d’une demeure confortable, de terres fertiles et de quelques maisonnettes éparpillées ici et là. Il avait la particularité d’être craint de ses ennemis, car il était un guerrier redoutable.
Lorsque la guerre éclata, il fut le premier à enfourcher son étalon et à précipiter ses armées sur l’ennemi. La guerre s’éternisa durant des siècles et des siècles. Et plus les années passèrent, plus le prince semblait sombrer dans une folie sans nom.
Quand la guerre fut enfin finie, il sut que quelque chose avait changé en lui. Cette guerre l’avait transformé, elle lui avait ouvert les yeux sur un monde jusqu’alors imperceptible. La mort n’était pas une fin en soi mais une délivrance. Il prit donc la décision de participer, lui et ses troupes, à toutes les guerres qui éclateraient en ce bas monde. Et c’est ainsi que la métamorphose eut lieu.
Petit à petit, sur chaque champ de bataille, la terre se mit à se mouvoir sous ses pieds. Et alors qu’il tranchait des têtes dans un no man’s land infâme, son corps semblait s’abreuver de la mort.
Malgré la pluie et une chaleur écrasante, le prince continuait sa marche funèbre. La boue ralentissait chacun de ses pas mais sa détermination était sans failles. Enivré par l’odeur du charnier, il pourfendit un ennemi et lui passa l’épée à travers le corps.
Les cadavres s’empilaient à ses pieds dans des positions étranges, presque burlesques. Derrière son passage, les rats gambadaient d’un ventre à l’autre, sautillant gaiement dans un couinement strident. Il y avait dans ce spectacle macabre quelque chose de fascinant. Comme si la terre était assoiffée de sang, comme si elle semblait lui en demander encore plus.
Et c’est là, que la première Lucilie fit son apparition.
Elle se posa doucement sur un mort et pondit ses premiers œufs dans une plaie béante. En quelques secondes, le ventre du cadavre se gonfla et la vie reprit son cours. Les œufs se mirent alors à éclore et les larves dévorèrent leur hôte en quelques heures. Les exhalaisons attirèrent d’autres Lucilie sous le regard admiratif du prince. Il avait la certitude que ces mouches à viande ne l’attaqueraient pas tant qu’il continuerait à leur fournir de quoi se nourrir.
Lorsque la guerre se termina, il rentra chez lui avec l’intime conviction que les mouches ne le suivraient pas. Malheureusement, il ouvrit les portes de sa seigneurie à une nuée d’insectes affamée qui dévora tout sur son passage. La boucherie fut telle que le prince, lui-même, en eut la nausée. Il n’avait désormais plus d’autres choix que d’assouvir la faim de ses protégés. Désormais, il serait un prince guerrier. Désormais, il serait le prince des Mouches.