Les Sept - Béhémoth (3)

Le 12/11/2016
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par Cuddle
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Rubriques / Les Sept
Cuddle fait une OPA sur la Zone mais personne ne s'en plaindra. D'ailleurs je m'en vais de ce pas lui filer le titre "honorifique suprême d'employée du mois". Elle succède tout naturellement à Muscadet qui trônait en tête de gondole depuis la rentrée par ses sublimes confessions de nudiste surlittéraire. Sur la Zone, on misait tout sur l'incentive bien avant l'émergence de cette escroquerie du freetoplay, les micropaiements en moins. C'est donc sans être délestés de quelques centimes d'euro que vous aurez le plaisir de lire en freetoread le troisème volet de l'excellente et cohérentissime rubrique d'heroic fantasy de Cuddle, les Sept. Un nouveau personnage vient s'ajouter à la galerie de portraits de supervilains médiévaux qui se retrouveront probablement bientôt pour livrer bataille à quelque armée de bisounours en armure rouillée ou pour former le gouvernement de Donald Trump : après l'entomokinesie et la disruption pandémique, voici un nouveau fléau peu ragoutant en lieu et place de super pouvoir.
On disait de lui que ses parents l’avaient rendu fou en l’enfermant dans les oubliettes du donjon durant des semaines mais certains se demandaient s’il n’était pas né ainsi.

Dans le village voisin, des disparitions étranges s’étaient produites depuis que Béhémoth avait succédé à son père à la tête du domaine d’Anubarak. Tous les mois, des gens de toutes sortes disparaissaient brusquement. Des hommes, des femmes, des enfants…Certains avaient lancé une rumeur sur les bois alentour si bien que plus personne n’osa s’y aventurer. D’autres continuaient de nier l’existence d’un problème quelconque, riant à gorge déployée face à ces ragots absurdes. Mais au bout de la première année, les villageois commencèrent à avoir peur. Les disparitions étaient devenues régulières et se prolongeaient dans le temps. Le village se vida peu à peu de ses habitants et la seigneurie fut oubliée durant de longues années.

Ce n’est que trente ans plus tard que l’on s’intéressa de nouveau à lui, lorsque des disparitions touchèrent les habitants de la grande ville d’Oléos. Personne n’avait jamais franchi les portes d’Anubarak et voilà qu’une folle furieuse colportait des histoires abominables sur le seigneur. Une petite troupe de soldats s’était donc dirigé vers le domaine.

On leur avait ouvert les portes du château et invité à rencontrer le propriétaire. Qu’elle n’avait pas été leur stupéfaction en rencontrant enfin leur hôte. Avachi sur un large trône, Béhémoth était d’une obésité spectaculaire. Son ventre proéminent paraissait vouloir s’échapper par tous les bords du fauteuil et son immense manteau de fourrure le grossissait davantage. Cet homme ingrat au regard perçant semblait incapable de se tenir debout ! Certains soldats échangèrent un regard moqueur mais brusquement, Béhémoth se leva. Il lissa son énorme barbe noire et fit un signe de la main à ses gens qui s’occupèrent d’eux instantanément.

Alors qu’on descendait les corps en cuisine, ce dernier se mit à table. L’ogre d’Anubarak attendit longuement qu’on le serve mais il n’en avait que faire. La faim était plus forte que tout, elle le dévorait littéralement de l’intérieur, paralysait son être jusqu’à l’abrutir complètement. En bas, des cris se mirent à éclater contre les parois glaciales du château. Il frissonna à cet instant et ferma les yeux. Il s’imagina en cuisine, la victime sur la planche prête à être dépecée. Il fallait retirer la peau avant de débiter le corps et ce travail était long et fastidieux. Les cris devinrent des hurlements et les membres furent sectionnés. Il fallait désosser les morceaux et contenir le flot de sang qui inondait la pièce. Cette boucherie, il s’en délectait car elle attisait chez lui une excitation sans nom. Les cris se turent et il sut que la première partie de son repas était prête. Il fallait à présent un plat de résistance et l’homme suivant serait cuit à la broche durant des heures. Il se lécha les lèvres en guise d’appétit et imagina une fois de plus comment la broche transpercerait le corps de long en large, l’apothéose arriverait bientôt…

Le défilé de plat ne se fit pas attendre et son plaisir s’intensifia davantage. On lui servit des pâtés, des morceaux rôtis, des ragoûts…Et alors que sa mâchoire s’agrandissait de manière surnaturelle, il se mit à engloutir tous les mets proposés. Plus il mangeait, plus sa mâchoire s’allongeait et plus il s’empiffrait. Il en avait été tellement privé autrefois qu’aujourd’hui il ne pouvait s’empêcher de dévorer la nourriture de manière compulsive, comme pour remplir un vide sans fin.

C’est ainsi qu’il entendit l’appel. On lui offrait la possibilité de manger pour l’éternité, de posséder des êtres humains, de les dévorer de l’intérieur et de générer des famines…La légende pouvait enfin prendre forme, désormais, le Ventre d’Anubarak faisait partie des 7.