Je pars à Zyte.

Le 07/12/2016
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par pascal dandois
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Dossiers / Nouvelles lovecraftiennes
Nous voici en Normandie, dans le petit village abandonné de Pirou où l'on peut se promener durant les beaux jours et prendre quelques clichés. Par contre, il est déconseillé de s'y balader la nuit, des choses semblent grouiller dans la pénombre, des choses venues d'ailleurs et qui seraient sous le contrôle du grand Shub-Niggurath, Dieu très ancien incarnant une fécondité malsaine et corrompue. Rangez vos orifices et rentrez-vous rouler en boule dans votre lit. MOUaaaAaAaaAhhh....
Dans le but de me mettre bel et bien dans une ambiance « glauquisime », j’avais choisi pour m’y fixer seul, un temps, et pour y rédiger des récits des plus horrifiques de merde, cet endroit pourrave, ce village, ce bled isolé, véreux et vaseux, réputé pour sa population abrutie de crétins des alpes. Et, de prime abord, malgré sa réputation de lieu hanté, habité par l’obscure et la lugubre morbidité, il m’avait semblé, outre l’air bovin, voire de bovidé d’une imbécilité crasse, d’habitants d’une laideur absolue, d’une mocheté « presque indicible » dirai-je même en y repensant désormais, que dans cette cambrousse froide et morne, ce bourg était des plus ordinaire. Mais bientôt, il m’apparut que de bovine, l’attitude des gens se rapprochait de plus en plus de celle de zombies déprimés, effrayés, ou comme mus par une angoisse que je ne saurais définir. Puis de plus en plus, il me sembla qu’en me regardant de temps à autre, affolés, ils voulaient tous me cacher de la main l’emplacement de leur ventre. D’ailleurs, un jour, j’en surpris un, il ne m’avait sans doute pas senti arriver, qui s’observait l’abdomen tout seul dans un coin, chemise relevée, comme horrifié et emmerdé. Un abdomen sur lequel je cru distinguer l’espace d’un instant, quelque kyste monstrueux qui avait tout de la tique extraterrestre. C’est du moins ce que je pensai voir, le peu de temps lors duquel il me permit de regarder, avant qu’il ne camoufle ostensiblement sous ses nippes tout en déguerpissant et en me lançant le visage mauvais d’un sale gosse pris en faute, ce qui m’avait paru être un abominable parasite.
Et puis, bien sûr, catastrophe ! un matin, pour autant qu’on puisse nommer « matin » ces obscures moments où le jour semble revivre sa mort, alors que je me réveillai en sursaut et en sueur en ayant la certitude qu’il fallait que je me tire vite fait de là tout en me doutant bien que c’était trop tard, je vis la même horreur parasitaire, une saloperie de petite monstruosité, sur mon propre ventre. Ne voulant, ne pouvant admettre le fait, ne pouvant accepter, supporter l’augure de rejoindre cette populace immonde dans son abrutissement contagieux, je saisi des doigts l’intrus affreux et tirai désespérément dessus à toute force, pour tenter de m’en débarrasser, et en effet je réussis, j’y parvins au-delà de tout espoir, je l’avais vraiment arrachée, mais en même temps mes intestins partirent avec cette sale bête.