L'Etranger

Le 09/12/2016
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par AntonellaPorcelluzzi
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Thèmes / Divers / Pangolins et licornes
Voici l'histoire d'un veuf octogénaire qui, grâce à des ballons gonflés à l'hélium, envole sa maison vers l'Amérique du Sud accompagné d'un petit nanfant pour accomplir une promesse qu'il avait faite à sa femme décédée. Ah non merde, ça c'est le synopsis de Là-Haut. En tout cas, cette nouvelle m'a fait le même effet, une description de paysage assez flippante, des tons pastels et chaleureux comme dans un fucking disney qui fout grave les jetons ! La fin m'a laissé un peu sur ma faim. Je m'attendais à du sang sur les murs, des monstres mangeurs d'enfants ou un vieillard extra-terrestre en mode MenInBlack qui danserait en string sur la table mais nope. Donc j'attends vos réactions (et oui je racole pour que vous commentiez). Quelques maladresses sont à souligner mais l'auteur est italienne donc bon, allez, on est sympa avec les rois de la pizza (hum hum...).
Un homme venu de loin alla s'installer dans un village de montagne, situé au milieu d'une région très pauvre. Il aménagea rapidement à l'aide d'un gros camion qui transportait ses affaires. C'était un homme riche, et surtout très silencieux, il ne parlait jamais à personne. Personne ne savait d'où il venait, et s'il avait une famille quelque part, et vu son aspect noble, personne n'osait lui poser des questions. Il avait des yeux très bleus, bleus comme la mer.
La grande maison bleue en ardoise où il vivait était située tout en haut du bourg, entourée d'une fine pelouse et de petits buissons anciens, qui formaient des étranges dessins si on les regardait du haut des hautes fenêtres du premier étage. La maison était depuis longtemps vide, et comme les habitants du village diminuaient de nombre chaque année, les vieux mourant, et les jeunes allant vivre en ville, personne ne savait plus qui y avait habité avant, et qui avait vendu la propriété à l'étranger. Les jours passaient, personne ne remarquait rien de changé dans la vie commune en haut de la montagne.

Un enfant avait pris pourtant l'habitude de jouer avec son petit tracteur sur la pelouse. Chaque jour, avec la pluie et le soleil, l'enfant passait du temps au tour de la maison bleue, et ses parents, occupés par leur travail et leurs nombreux enfants qui étaient encore plus petits, ne remarquaient pas les nouvelles habitudes de l'ainé.

Un jour l'étranger appela l'enfant, et il l'invita à rentrer. L'enfant entra en courant, son petit tracteur sous le bras. L'entrée de la maison était imposante, le salon encore plus, mais l'enfant trouva rapidement sa place. Assis sur un fauteuil géant en soie rouge couvert de coussins noirs et dorés, il était tout petit, mais, avec son petit tracteur à coté, il regardait l'étranger sans gêne droit dans les yeux.

Les visites se répétèrent, l'enfant jouait désormais sur les tapis du salon de l'étranger tous les jours, avec son petit tracteur. Des fois l'enfant posait sur son tracteur une figurine en porcelaine, une de celles qui étaient posées sur une étagère entre plein d'autres. L'étranger ne parlait pas beaucoup, il ne parlait pratiquement pas, sauf pour offrir des biscuits à l'enfant, une fois par jour. L'enfant ne parlait jamais non plus, il écoutait la musique, que l'étranger laissait résonner dans la maison en permanence. Souvent l'étranger était lui même assis au piano, et jouait au même temps que la musique du disque, à l'unisson, ce qui rendait la musique encore plus marquante aux oreilles du petit.

Les nouvelles habitudes de l'enfant furent au bout d'un moment remarquées par ses parents, qui s'inquiétèrent. Ils allèrent sonner à la porte de la grande maison bleue, la mère avec les plus petit de ses gosses dans les bras. Ils échangèrent quelque mot avec l'étranger, les deux hommes se donnèrent la main, les parents partirent avec un sens d'étonnement dans le coeur, mais l'étranger affirmait n'être nullement dérangé par l'enfant, qui au contraire lui tenait bonne compagnie. Et vu que l'enfant allait bien, en corps et en esprit, et qu'il avait même l'air de recevoir une éducation, il n'eut pas d'autres remarques. Un jour l'enfant rentra chez sa famille avec un pair de lunettes sur le nez. Ses parents lui posèrent des questions. Il répondit que l'étranger lui avait montré un grand armoire en bois plein d'objets, pour en choisir un, un seul. Il y avait des jouets, des chapeaux, des habits, un candélabre, des pierres, des billes, toute sorte d'objet. Et l'objet qui lui avait le plus parlé c'était ce pair de lunettes à l'étrange monture en os de tortue, à travers les quelles il voyait beaucoup mieux.

L'enfant portait désormais ses lunettes tous les jours. Les années passèrent. Maintenant l'étranger lisait des livres à l'enfant, et ceci pendants des heures. Ils prirent aussi à se promener ensemble de plus en plus souvent, l'enfant avait désormais 16 ans.

C'était l'automne, la montagne était peinte en jaune et en rouge comme dans les contes, tout en marchant les deux hommes rentrèrent à l'intérieur d'un nuages, dans une épaisse brume. Ce fut là dedans que le jeune eut sa première vision: le terrain devant ses pieds s'ouvrit en profond précipice. Tout en bas, ses yeux arrivaient à voir dans la profondeur de ces abysses. Là au fond il y avait plein des gens, petits comme des figurines en porcelaine, il y avait des visages que le jeune homme connaissait bien, ils étaient tous morts. Mais ils allaient bien, ils étaient souriants, ils étaient passés dans un autre monde plus proche d'eux. Il eut alors une vision des sphères de mondes multiples, changeants, mais inexorablement hiérarchiques. Sans éprouver de tristesse, le jeune rentra chez lui, pour apprendre que ses parents étaient morts le jour même, ses frères et soeurs aussi.

Il alla chercher l'étranger à la maison bleue. L'étranger ne répondit pas, le jeune poussa la porte et avança dans la maison déserte, il ferma la porte derrière lui. Il savait qu'il n'aurait plus revu l'étranger, il savait qu'il devait prendre possession de la maison à sa place, il savait avoir une mission. Il se regarda dans le miroir posé sur la cheminée, ôta ses lunettes en os de tortue, et il su à cet instant qu'il avait accompli son apprentissage, et que toutes les connaissances de l'étranger étaient désormais rentrées en lui de façon stable, vu que ses yeux avaient changé de couleur, et ils étaient devenu bleus comme ceux de l'étranger, bleus comme la mer. Il sentait que quelque chose d'important avait changé dans tout son corps, il était plus simple, plus primitif, plus résistent.

Seul dans la grande maison, il lu les livres de l'immense bibliothèque à une vitesse extraordinaire, il les pénétrait un par un avec le regard. Il passa seulement un an à lire, pourtant il connaissait maintenant tous les milliers de volumes qu'il possédait, et ainsi son travail pouvait commencer, l'intervention sur le passé et le future, l'envoi des messages par les ondes sonores, la mise à point du regard pour guérir ou tuer, accomplir en entier sa propre vision du monde. Il su à l'instant tout ce qu'il avait à faire, et il partit.

Les années passèrent vite, Il avait fait le tour du monde plusieurs fois, et il était un homme adulte. Il alla s'installer à nouveau dans un petit village, dans une grande maison bleue en ardoise en haut du bourg, où il fit transporter tous ses avoirs.

Un jour il remarqua qu'un enfant avait pris l'habitude de jouer sur la pelouse devant la maison.