Le Projet

Le 15/01/2017
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par HaiKulysse
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Dossiers / Appel à textes de la Forêt
Seconde contribution à l'Appel à Textes de la Forêt et en l’occurrence une participation succincte voire subliminale, presque un tweet d'HaiKulysse probablement sous le charme de cette mode lancée par Donald Trump et son efficience démontrée. Un nouveau bourlingueur nous est présenté et chose amusante tout comme dans la première contribution nous avons à faire à un Indiana Jones en chaussons, un Tintin adepte du cocooning, un Jean Yves Cousteau abonné à télé Z sur le point de se lancer dans un interminable marathon Simpson sur W9. J'arrête ici mon descriptif de peur non pas de spoiler une fantastique aventure immobile mais afin de ne pas dépasser le texte commenté en longueur et rebondissements.
J'étais prêt à partir. J'avais classé les villes par ordre alphabétique puis par champ lexical, et les villes, chaque ville, renvoyaient à un récit ou à un poème. Le nombre de caractères dans un texte correspondaient aux bornes entre deux cités à parcourir. En les regroupant aussi en fonction du prix de la destination, j'avais aussi classé les hôtels et les auberges de jeunesse à écumer.
J'avais élaboré un système très sophistiqué, trop sophistiqué : la route, pour commencer, c'est mettre un pied devant l'autre. C'est tout.
Je me perdais dans des tableurs Excel et des tableaux Word et j'en avais ma claque. Alors j'ai tout envoyé valser. Je devais écrire ce texte avant de partir dans la nuit aussi noire que ces étoiles. J'ai commencé à faire mon sac à dos mais la situation tournait rapidement à mon désavantage. Je pensais à cette femme collante, à ces objets gluants que je ne possédais pas mais qui me possédaient, à mes kopecks qui retentissaient trop bruyamment au fond de ma poche, à mon manque d'imagination se cognant contre le pare-brise sale de la réalité.
J'avais envie de voyager dans la noirceur comme on se fait un café violent avant une fulgurante gastro.
J'ai pensé à ma tasse de marjolaine que je devais avaler le soir sous peine d'insomnie en soutenant les regards très sourcilleux de ma sangsue. Bref c'était un carnage avant même d'entendre l'appel de la forêt.
Pourtant je pouvais chier et enfiler d'inteminables phrases, comme des colliers de perle, sans agir : ça ne résolvait pas la question. Je fermentais dans mon cloaque mais j'avais la secrète intuition que ça n'allait pas durer...