Ich bin tres gentil. Je ne suis pas un terroriste

Le 31/01/2017
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par Pierre Merejkowsky
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Thèmes / Polémique / Société
Pierre Merejkowsky est un nouveau contributeur sur la Zone et nous propose ici le premier épisode sur 26 d'un feuilleton anarcho-primitiviste. Certes ce n'est pas la première fois que l'on publie des textes basés sur de telles doctrines sur ce site, cependant toujours avec le second degré, la distanciation et l'absence de prise de parti de toute bonne fiction qui laisse à réfléchir sans tenter d'endoctriner les gens. Ce qui me gène avec ce texte, c'est qu'il transpire le militantisme même s'il a la délicatesse de prendre appui sur une trame narrative fictionnelle. Certes on ne peut pas comparer ce premier épisode au manifeste de l'Unabomber (au passage David Fincher après Zodiac, bordel, qu'est ce que t'attends pour t'attaquer à un film sur Ted Kaczynski ?) Je n'en parle pas gratuitement cela dit, relisez le titre et vous comprendrez mon allusion. Laissons le bénéfice du doute à l'auteur car pour l'instant la mécanique scénaristique se met lentement en marche dans un style télégraphique fait de retours à la ligne intempestifs, de sujets et prédicats à colorier, que nos amis slameurs apprécieront à n'en point douter. Cependant l'anarcho-primitivisme tend à faire de l'Homme dépouillé de l'industrie, de la technologie et du productivisme forcené, une sorte de bonobo, downgradé d'une branche dans son arbre généalogique. Même si des tensions existent dans la société du bonobo ici devenue utopie humaine, elles sont rapidement apaisées par le biais de pratiques sexuelles fréquentes, car le sexe est un instrument essentiel de leur vie quotidienne. Il est utilisé pour le plaisir et pour supprimer l’agressivité entre les membres du groupe, avant d’être un moyen de reproduction. C'est une sorte de monnaie d'échange et Castor Tillon ou Pascal Dandois parleraient probablement (à ce stade de la présentation) d'échange de BiteCoins, blagounette que je me refuse à faire et d'ailleurs vivement la suite de cette telenovela brésilienne.
FEUILLETON DE 26 EPISODES

Intention :

Dans le milieu des années soixante dix, Pierre Merejkowsky a participé aux prémices de la création du Mouvement Ecologique. Il s’agissait de créer tout de suite une société parallèle qui en s’opposant principalement à l’énergie nucléaire, symbole de la domination de la technologie sur l’homme et la femme, construirait une société à l’échelle humaine. Dans cet esprit germa l’idée sans doute contradictoire de présenter un candidat à l’élection Présidentielle, celle de René Dumont. Dans ce récit, PM et AC font sans cesse référence à cette libération des esprits et des corps qui s’opposent aux prédateurs qui veulent construire par peur de la mort un monde fondé sur le rationnel de la production, de l’efficacité, tant électorale qu’affective. AC estime en effet que l’enthousiasme d’un mouvement vert balbutiant a été détourné de son chemin par les professionnels, les prédateurs inféodés en fait au Parti dit Socialiste et PM dans sa quête effrénée et répétitive transpose de son côté cet enthousiasme propre à l’éclosion de toute révolte dans une refondation des rapports amoureux qui déboucherait sur un monde tragi et plutôt comique débarrassé des chauffe - eaux et des bus anti -pollution.
A travers ces deux personnages de PM et de AC se dessinent les facettes d’une même évolution : celle du salutaire rêve d’une révolution qui en repoussant la haine de l’autre se transforme en une quête effrénée d’un nouveau rapport sexuel qui sera la matrice d’un monde débarrassé de ses prédateurs.
PREMIER EPISODE :

Dimanche 18 mars
Je n’ai aucune raison de vous cacher mon identité.
Je m’appelle PM.
Je suis de taille plutôt petite. Je porte des lunettes. Je vous aime.
C’est dimanche.
Ils ont dit que la neige n’allait pas continuer à tomber.
XX m’a dit qu’elle me téléphonerait. J’espère qu’elle va me téléphoner. Je ne suis pas certain qu’elle va me téléphoner. J’ai peur qu’elle ne me téléphone pas. J’aimerais qu’elle me téléphone. Je ne supporte plus vos rapports de séduction. XX est liée par son corps à l’homme de sa vie. L’homme de sa vie est parti sur le chemin de Compostelle, c’est son problème. Non, j’ai tord, c’est mon problème. LLL s’est suicidée. Elle a été paysagiste, elle n’a plus été paysagiste, ses parents étaient des connards d’extrême droite, elle a écrit un scénario en commun avec une cinéaste scénariste femme qu’elle aimait, un producteur a repris le scénario en s’arrangeant pour l’éjecter, elle, LLL. C’est tellement jouissif pour un producteur de masquer une impuissance créatrice en se donnant un rôle d’éjecteur sous des prétextes d’efficacité professionnelle. Nous sommes tous coupables, TOUS, du suicide de LLL.
Et vos téléphones je ne les supporte pas.
Vos bagnoles, je n’en veux pas.
J’ai un chauffe eau. Ca me suffit largement.

Dimanche 18 mars
Qu’est ce que ça peut vous faire de connaître mon nom ?
Je ne vous dirai pas mon nom. Ils ont pris l’habitude, les dominants, de personnaliser le débat, la politique. Ils attendaient tous de savoir qui, de moi, ou de B. allaient finalement sortir vainqueur du débat qui nous opposait et qui nous oppose toujours. Je ne suis pas un débateur. J’ai un téléphone. Je n’ai pas la télévision et vous pouvez si vous souhaiter me téléphoner, ça m’est parfaitement égale. Le nom complet de B. et des autres seront dévoilés le moment venu et ce jour là, les comptes seront réglés. Définitivement. Le système médiatique nous oppose les uns avec les autres. Un jour les chasseurs contre les non chasseurs, le lendemain les français contre les non français, le surlendemain, l’extrême gauche contre l’extrême droite ….Mais je vous le dis, à tous, le temps viendra où tous ce qu’ils appellent les extrêmes se débarrasseront des manipulateurs vendus à la presse…comme cette salope d’avocate. (oui salope, j’ai le droit d’employer ce terme et je vous emmerde tous et toutes autant que vous êtes, femmes ou hommes, ce n’est pas la peine de tenter de nous diviser entre homme ou femme) Ce qu’ils ne comprennent pas et qu’ils ne veulent pas voir c’est leur pourriture. Votre pourriture.
Elle m’a souri quand je suis entré dans la salle de sport.
Elle était assise sur la selle d’un vélo d’appartement.
Et puis elle a écarté ses cuisses pour me montrer sa petite culotte.
Qu’est ce que j’en ai à foutre de sa petite culotte ?
Vous n’avez pas encore compris que le principal danger, c’est leur programme électro nucléaire fasciste ?
Vos chauffe eau, et autres cafetières en chauffant l’eau en un temps records contribuent largement à la demande électrique et donc à la mise en œuvre du programme électro nucléaire fasciste.
Je ne suis pas animé par un souci de communication. Je ne suis pas un communiquant. Je ne suis pas un porte parole, ni un porte voix, ni un délégué élu ou non élu.
Mort aux fascistes, aux bureaucrates, aux manipulateurs, aux présidents des associations loi 1901 aux profs de fac et aux réparateurs de chauffe eau.

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