J’avais pris avec moi la vieille bible du développement personnel, elle avait été conçu dans une taule qui accumulait des histoires un peu nunuches. J’étais un vagabond qui prenait des trains sans payer et c’était bientôt Noël ; dans le wagon en seconde classe il y avait une lumière cuivreuse qui tombait en cataractes sur les passagers. Je n’étais pas très riche mais j’aimais bien cette vie, comme la bible du développement personnel m’avait appris à aimer cette vie. J’aimais aussi inventer des histoires ; des histoires qui ressemblaient toutes aux filles sourdes, muettes, croisées lors de mes voyages.
J’avais un chez-moi quand même : un petit studio à Vienne loué pour mes études. Des études que je ne suivais plus depuis longtemps. Je me souviens, quand j’étais encore en BTS communication des entreprises, d’un bar à côté du Lycée qui s’appelait Le Cactus. Là-bas, face à mon verre de vodka, je rêvais de ces halls de gare enfumés à vous donner la nausée, imaginaires bien sûr mais ça m’aidait à tenir, en attendant de concrétiser mon projet. Je rêvais aussi de rapporter des coquillages pour les changer en cendriers, de retour dans mon appartement.
Ma conception de l’amour, c’était deux yeux fixes toujours ouverts ; n’importe quelle fille aurait pu faire l’affaire, mais personne ne voulait de moi. Cependant, au lieu de m’attrister, je lisais et relisais la bible du développement personnel pour abandonner ce chagrin passager. Je croyais que tout allait s’arranger. Faut dire que je supportais mal la solitude quand je traînais à la gare en regardant les correspondances qui ne venaient pas. Mais ça aussi, c’était pas bien grave ; après tout, je me prenais pour Kerouac qui me recommandait de remplir des carnets secrets et de taper à la machine des pages frénétiques.
Quand je me retrouvais dans un hôtel minable, par exemple à Marseille, exténué par cette longue course précipitée, je m’étendais sur le lit et je ne bougeais plus. Il y avait toujours, à ce moment là, une pluie fine et pénétrante dehors qui glaçait l’air ; il y avait toujours, aussi, dans mes pensées, une fille qui trottinait pieds nus en direction de la cabine téléphonique pour me passer un coup de fil. Mais bon, ce n’était qu’une pensée parmi d’autres.
Un jour, alors que le printemps battait son plein, tous mes espoirs s’étaient consumés, tout ce que j’avais construit dans le vide aussi ; l’avenir m’étais clos, j’allais « générer des comportements violents » autour de moi, arrêter de faire le bouffon. Cette bible du développement personnel m’avait fatigué le cerveau.
Des arbres avaient chu les cendres et la magie de Noël mais j’avais trouvé une idée de flyer originale pour mon BTS communication des entreprises. Les cendres de Noël flottaient dans la poubelle avec la bible du développement personnel : j’avais tout arrêté. La bouteille de vodka était terminée, je regardais la nuit.
Dans le ciel, il n’y avait que des étoiles noires.
Ma conception de l’amour, c’était deux yeux fixes toujours ouverts ; n’importe quelle fille aurait pu faire l’affaire, mais personne ne voulait de moi. Cependant, au lieu de m’attrister, je lisais et relisais la bible du développement personnel pour abandonner ce chagrin passager. Je croyais que tout allait s’arranger. Faut dire que je supportais mal la solitude quand je traînais à la gare en regardant les correspondances qui ne venaient pas. Mais ça aussi, c’était pas bien grave ; après tout, je me prenais pour Kerouac qui me recommandait de remplir des carnets secrets et de taper à la machine des pages frénétiques.
Quand je me retrouvais dans un hôtel minable, par exemple à Marseille, exténué par cette longue course précipitée, je m’étendais sur le lit et je ne bougeais plus. Il y avait toujours, à ce moment là, une pluie fine et pénétrante dehors qui glaçait l’air ; il y avait toujours, aussi, dans mes pensées, une fille qui trottinait pieds nus en direction de la cabine téléphonique pour me passer un coup de fil. Mais bon, ce n’était qu’une pensée parmi d’autres.
Un jour, alors que le printemps battait son plein, tous mes espoirs s’étaient consumés, tout ce que j’avais construit dans le vide aussi ; l’avenir m’étais clos, j’allais « générer des comportements violents » autour de moi, arrêter de faire le bouffon. Cette bible du développement personnel m’avait fatigué le cerveau.
Des arbres avaient chu les cendres et la magie de Noël mais j’avais trouvé une idée de flyer originale pour mon BTS communication des entreprises. Les cendres de Noël flottaient dans la poubelle avec la bible du développement personnel : j’avais tout arrêté. La bouteille de vodka était terminée, je regardais la nuit.
Dans le ciel, il n’y avait que des étoiles noires.