Hommage à Ouin-Ouin

Le 20/07/2017
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par LePouilleux
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Dossiers / Testament
Enfin le retour d'un vrai texte überlittéraire et zonard dans le secteur, en l'espèce, une contribution de LePouilleux au dossier "Testament" de Muscadet, certes excellent mais court CMB (mais c'est peut être ça, l'avenir de l'überlittérature zonarde, la concision, CMB) Le propos me reste cependant obscur car je n'ai pas la référence, pas la moindre idée de la personne, a priori fraîchement décédée, ici identifiée sous le blaze de Ouin-Ouin. J'ai d'abord pensé au juge Lambert qui lui même a fourni à la presse une belle contribution au dossier "Testament" de Muscadet qu'il serait peut être intéressant de palimpsestiser, mais tous les qualificatifs employés ne peuvent décemment pas convenir au personnage. Quoi qu'il en soit il y a trop de sacs plastiques suspects dans l'affaire du petit Gregory et trop peu d'entre eux sont mis en examen. Mais ceci est une autre histoire, probablement. Retenons une chose, cependant, méfions-nous des testaments des piliers de comptoir et autres alcooliques notoires ou anonymes, on ne sait jamais trop bien dans quel état d'ébriété ils ont bien pu être rédigés. En particulier, les testaments qui contiennent des phrases type du genre "Ceci est mon sang" ou qui prétendent que lors des noces de Cana, de l'eau aurait été changée en vin, et autres trucs d'auteurs ivrognes totalement déchirés, sous-Bukowskis et Hemingway-likes de contrefaçon.
Il était là.
Comme un vaisseau tanguant dans la tempête. Le centre de gravité n'était pas clairement établi. L’œil était vitreux, morne d'intelligence. Son rugissement était un gargouillis traînant. Parfois il gazouillait comme un enfant heureux, en tripotant sa cannette-hochet de 8°6. Il se perdait dans une poésie intime. Une mélodie qui touchait presque ses semblables. Puis il s'emportait encore, vociférant, telle une bête mordue par les taons. Les gens s'arrêtaient, guettant les gestes. La mère cachait son enfant. Les jeunes hommes bandaient leurs muscles. Il traversait un fleuve de voitures qui s'appelait "Avenue du Général De Gaulle" avec l'insouciance d'un suicidé, puis il réapparaissait sous les traits d'un pilier de bar mimant ses grimaces dans un café à l'autre bout de la ville. Tout le monde le connaissait, personne ne savait rien de lui. C'était pourtant tout : un prince déchu, un saint, un traître, un divorcé, un pédophile, un banquier, un imposteur, un salaud, un père.

C'était Ouin-Ouin.