Egrégor

Le 27/07/2017
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par Hécate XIII
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Thèmes / Obscur / Psychopathologique
Ainsi se présente Hécate XIII sur son compte ShortEditions : "Ce qu'il y a de bien avec les gens fêlés c'est qu'ils laissent passer la lumière. Maman me dit que je n'écris que des élégies. Je ne sais pas décrire les petites fleurs et les papillons. Promis j'y travaille. En attendant mes poèmes sont mes exutoires. " et à la lecture de sa première contribution sur la Zone, aucun doute, elle semble assez bien cerner son personnage de poétesse émogothique maudite avec humour et autodérision. Généralement, sur la Zone, on ne publie pas de poésie, sauf les ballades et sonnets de Dourak Smerdiakov. Comme le Grand Techno-Inquisiteur MySQL Trismégiste végète dans les limbes de la geôle onirique 2222 et qu'on a plus de nouvelles de lui, on va donc outrepasser cette règle séculaire au sein de notre ordre secret et jauger un peu les réactions en commentaire que cet affront va susciter. Peut être espérons-le, Dourak viendra lui même s'en indigner ? (ça fera une bonne contribution pour le dossier de Lourdes Phalanges au passage) Croisons donc les doigts et prions très fort pour que cela se produise. Quoi qu'il en soit, le masochisme ésotérico-hermético-guimauve de ce texte est assez original pour rassasier l'appétit carnassier du lectorat. Quelque part entre Gérard de Nerval, E. L. James et Booba.
Poème.
J'ai le goût de l'Interdit parce que le Vice s'est incarné.
Il s'insinue tel un poison tardif, il nourrit cette nouvelle entité,
Lilith murmure "Les lois sur l'Amour, ces commandements sur la Fidélité,
Ne sont-ils pas pure hypocrisie et mensonges éhontés?"

Je meurs et renais dans ces écrits maudits,
Dans ces tracés pleins et sensuels qui me ramènent à Terre,
Quand je flotte au dessus de ce Tout que soudain je renie.
Je veux qu'on m'entrave de chaînes, de mots et de lanières.
 
Immobiliser le corps pour retrouver l'esprit.
J'en appelle alors à cette âme de fureur investie,
J'offre ma peau pour qu'il la zèbre de délices éphémères. 
Pour être punie à sa guise par le cuir et par le fer.

J'ai le désir de son sang sur mes lèvres et du mien glissant sur mes reins.
Parce que les mots sonnent faux, parce qu'ils n'expriment rien,
N'expiant en somme qu'une fausse volonté,
Je n'ai que cette envie sadique de la voir brisée,
Par ses mains, sur ma gorge, de passion gantées.
Je veux être entravée parce que je m'y sens libérée.

Je réclame tour à tour les caresses des pétales de roses soyeuses sous ses mains délicates
Et puis vient le temps où je désire m'immoler dans les épines et les ronces, les tourments d'Hécate.   
La poétesse sombre répand son élégie,
Son ombre plane et tout est obscurci.

Je veux oublier tout honneur feint dans l'étreinte hargneuse,
Sa plume phallique traçant profondément dans mes chairs.
Et si le Néant répond à l'invitation posément scandaleuse,
Sommes-nous autre chose l'un pour l'autre hormis un exutoire pervers? 

J'ai un besoin ardent, un désir d'amnésie.
J'aspire donc à ce rôle qu'en un temps je maudis,
Puisque moi c'est le son qui m'appelle, les hurlements et les cris.
Je veux une parenthèse, la douce Marie réclame un entracte à cette vie.

Hécate XIII, janvier 2011.