À la recherche de Julien Coupat

Le 25/02/2018
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par Pierre Merejkowsky
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Thèmes / Polémique / Politique
Certains cherchent le temps perdu, d'autres Octobre Rouge, quelques uns Amy, d'autres encore Majorana ou même Manureva ; Pierre Merejkowsky, lui, recherche Julien Coupat. Celui-ci est-il donc si difficile à dénicher que le quêteur doive venir promener ses narines jusque dans les fétides marais zonards ? En n'attendant pas Godard devant son chalet suisse, faute de financement, on assistera au sabordage d'un entretien avec une mystérieuse interlocutrice ayant manifestement partie liée avec la mafia culturelle française, mais il se peut que j'ai rendu ça plus intéressant que ça ne l'est.
Ainsi que me l’avait remarqué ZZ, le délégué d’un festival de courts métrages en plein air de quartier, j’ai tout fait pour me faire virer. Absolument tout. J’ai commencé par dire que ce que nous voyons n’était pas ce que nous voyons, et que la recherche d’un succès commercial ne rentrait pas en compte dans la réalisation de mes films. J’ai ajouté qu’en absence de financement pour réaliser mon film un voyage Français, elle n’aurait même pas un sandwich pour déjeuner. J’ai ensuite précisé que mon film un voyage français était ponctué par une grosse voiture systématiquement arrêtée qui s’intercaleraient entre l’entrée des urgences psychiatriques de Sainte Anne, une soirée parisienne, un relais routier, l’épicerie autogérée du groupe de Tarnac et le seuil du coquet chalet suisse de Jean Luc Godard. Mon interlocutrice me demanda si je connaissais un tel et une telle réalisatrice. Je répondis que je n’avais pas d’ami parmi les réalisateurs et les réalisatrices parce que contrairement aux corps des métiers constitués (vendeurs installateurs de chauffe eau, notaires, peintres en bâtiment etc. etc.), je n’observe aucune solidarité avec mes collègues. Le silence gêné que provoqua cette déclaration franchement maladroite m’incita à déclarer qu’un film comme une rencontre étant promesse, il convenait en l'espèce de réfléchir sur le rôle du comité invisible temporairement hébergé dans la cave de l’épicerie autogérée de Tarnac, dont paraît il je partageais les options, et qu’il était clair que si Julien Coupat, alimentait par ses interventions invisibles la légitimité de la violence des cortèges de tête opposés aux syndicats, il ne pouvait en revanche être l’auteur de l’attentat contre les caténaires d’une rame de TGV puisque que notre appartenance à notre classe sociale de fils de la bourgeoisie nous avait rendu incapable de planter un clou. « Tu dis n’importe quoi. Julien Coupat est de toutes les manifs du black block »s’offusqua mon interlocutrice. Cette double constatation acheva de me convaincre que je n’avais manifestement pas résolu mon Oedipe familial et je me replongeai sans aucune hésitation dans le flot de ma logorrhée. J’affirmais sans la moindre hésitation que l’éditeur du livre l’insurrection qui vient appartenait à la même famille que l’éditeur égyptien qui avait édité les thèses de Curriel qui œuvrait pour un Proche Orient arabo juif kibboutz conseils ouvriers révocables et que si leur aura de révolutionnaire était fondée sur leur réel refus de la misère et de l’exploitation, il n’en restait pas moins, et peut être à leurs corps défendant, que la gestion des droits d’auteur même anonyme, les enfermait dans le sentiment de leur supériorité intellectuelle qui reposait sur la certitude, comme le sous entend Jean Luc Godard, que l'idiotie se nourrit du spectacle du renouvellement perpétuel et immuable de la contestation. Je précisais dans le même élan que les pages culturelles du Monde de Libé , des Cahiers du cinéma, des Inrocks et de l’écho de Ribérac financées par le marchand de canon avaient commenté mon artkivisme de réalisateur audiovisuel CAFien. Je m’apprêtais ensuite encouragé par un assentiment que j’estimais muet à déclarer que notre rencontre dans ce café proche des sans papiers dormant entre deux grillages allait m’inciter à relancer le tournage du film un Voyage Français, lorsque mon interlocutrice m’annonça qu’elle avait un rendez vous et qu’elle devait immédiatement partir.