Ce cher Arthur Rimbaud !

Le 11/02/2019
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par HaiKulysse
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Thèmes / Débile / Faux obscur
Après la confiture verte de Baudelaire, invitation d'HaiKulysse a consommer de l'absinthe sans modération. L'auteur se livre à des mélanges de drogues exotiques. Probablement suce-t-il des crapauds d'Amazonie.
Descendant rapidement les fleuves impassibles, le visage d’Arthur Rimbaud et de Jack Kerouac se fermant en maugréant, j’étais guidé par les haleurs du désert américain, à contre-courant. Un autre personnage, issu de l’imagination de la Beat Génération, résolvait, pendant ce temps là, une équation à une inconnue ; les chiens du désert aboyant, le bonbon de la putain, accroché à une croix où il y avait eu un accident, fleurait bon les jacinthes kafkaïennes.
Jouant du jazz le long du boulevard, j’arrachais pour la dernière fois la crinière blanche des fleuves impassibles et les nuits, requinquées au porto et à ces corps de femmes nues, imaginaient pour nous des silhouettes d'origine africaine. Nous étions des fumeurs de marie-jeanne, expérimentant à l'orée du bois d'autres existences. Une troupe de joyeux drilles avec une énorme fièvre à faire suer les feuillages et les ombres noires autour de nous.

Autour de nous aussi, des bateaux ivres, qui en s’échouant sur notre grève, brûlaient tout leur carburant tandis que nos oreilles-coupées tombaient dans les tasses à café, tandis que nos pipes d'opium racontaient notre périple lorsque nous nous jetions dans le poème de la mer !

Les vaisseaux une fois vandalisés, les hussards, qui regardaient notre manège, rêvaient de nous mettre aux piloris pour notre manque d’éducation.
Fermant doucement les paupières sur un livre de poésie qui racontait des univers saccagés, le soir, ils se changeaient en terre, et nous demeurions sous le pont Mirabeau, pissant des haïkus en éventrant la gueule d’un crocodile polaire.

Notre faillite spirituelle, c’était nos vies, nos vieilles nostalgies enfantines qui nous rappelaient notre enfance quand nous nous goinfrions d’une centaine de friandises acides.

Mais notre bonne étoile nous amenait déjà dans un monde avec des brins de soleil partout dans les rues ; un monde d’orties et de crevettier échoué sur la plage. Un monde où le comique et cosmique Lamartine ainsi que Théodore de Banville nous emportaient dans les clapotements furieux des marées avant d’entrer en héros dans une cité légendaire menacée d’extinction.
Pensifs, avec les poissons de la mélancolie haletante pour seuls guides à présent, nous marchions la tête baissée avec la communauté des hommes rats, une brindille de blés coincée entre nos deux gencives altérées !
Et quelque chose fermentait dans l’utérus de ce crocodile calcifié ; gavé de neurotoxiques, ce crocodile des tropiques allait accoucher d’enfants misogynes qui plus tard voleraient leur mère et finiraient en taule.
À tout moment, le crocodile pouvait perdre ses forces, décliner et nous laisser ces enfants turbulents qui déjà montaient à la cime des arbres pour mieux préparer leur connerie.

Pour en revenir à Rimbaud, les gamins ne le connaissaient pas, préférant sécher l’école et déclencher du haut de leurs branches des avalanches aux yeux de panthères.

Des yeux de panthère hitlérienne qui embrasaient l’horizon pour mieux préparer leur atrocité à venir et des avalanches qui faisaient vaciller les rois, le crépuscule embaumé, la flamme de leur jeunesse brûlant à leur dépend leur jeune âge opalescent !

L’un de nous, un troll de lazone.org, sous l’éclairage crémeux d’un néon, se cachait dans le schiste argileux des années à fumer de la marijuana, décodait pour nous les vagues matricielles provenant et s’échappant hors de nos ordinateurs. Il vulgarisait pour nous le langage ubuesque d’étranges musiques chuchotées : un véritable enseignement !

Mais quelque chose clochait : sous les cieux ultra marins, une nouvelle divinité exploitait un nouveau système informatique sapant les fondations de nos sites virtuels.
Paul Verlaine buvait comme un excentrique, réchauffant son ovoïde organisme chaud comme le punch, avant de cascader sur les plates-formes de notre domicile céleste ; une lueur sacrée entourant ses hélices sur son crâne en manque d’outil étymologique !
Et de surcroît, Rimbaud, en scarifiant nos paupières chloroformées désormais, vidait aussi nos bouteilles de vodka chromées alors que la divinité de cette nuit nous avait transféré, par un branchement électrique, grégorien, aussi obsédant que sobre, dans la gueule de ce crocodile.
En changeant sa dernière rime, Rimbaud décrivait les glouglous de nos alcools et, au loin, le chant d'un ténor scandinave crucifié jadis comme le Christ résonnait encore.