Sur une terre plane et entourée par des montagnes
la maison en bois est haute et solide
En son centre
en partant du sol granuleux jusqu’au toit en charpente
se trouve un large cylindre dans lequel pousse un jardin.
Il laisse passer les chants du temps
Souvent ce sont des lignes
chaudes et rassurantes qui de leurs ondes éblouissantes
réfléchissent à travers cette structure en verre
Il y a aussi des pointillés de glaçons
ils chuchotent tant de secrets
en rencontrant la paroi
Et quand c’est au tour de la pluie
de s’écouler le long de ce cylindre
les plantes qui le comblent absorbent une grande partie
de cette eau froide tombée du ciel
Ensuite
au bout d’un moment
lorsque la végétation verdoyante
s’est suffisamment abreuvée
la porosité de la terre
en bas
ne permet pas à ces perles d intempéries d’y pénétrer
mais plutôt de laisser stagner une mare
bleue et toute mouillée
On peut trouver dans cette flaque parfois et selon la recette
un ou deux coquillages et parfois encore
des algues et des poissons
plein de couleurs
Cette maison évolue avec les besoins du propriétaire
l’alimentation reste centrale.
L’habitant de cet endroit a besoin de se nourrir sainement
avec ce qui lui parvient
Aujourd’hui est demandé
un oignon
une pomme de terre qu’importe la chair
un morceau de gingembre
un morceau de curcuma
des feuilles de curry
Evidemment, ils poussent tous ensemble
juste à côté
Dans des bacs de terreaux et de terres adaptées
Pour que d’un rien ils soient récoltés
Sur terre
Il y a
un réchaud
un couteau
un pilon
et une casserole qui se remplit d’eau
La pomme de terre est épluchée avec attention
ébouillantée puis rafraîchie à l’eau glacée
la peau se dénude avec simplicité
L’oignon demande de l’attention
épluché puis coupé dans sa longueur
et les parties inutiles mises de côté
fini émincé
Le morceau de gingembre et le morceau de curcuma
sont écrasés avec beaucoup d’attention
on gratte la peau avec une cuillère
et se sert d’un pilon
pour les réduire en poudre
Les feuilles de curry sont finement émiettées à l’aide
des deux mains et de l’attention
L’ensemble est placé dans une casserole en fonte,
La casserole posée sur le réchaud
Le temps passe
La soupe chauffe
Les ingrédients fondent
La soupe est brûlante
Il est là, il va commencer à déguster son repas
Les petits yeux de ce qui l’entoure, lui et sa soupe, le fixe !
Et moi j’aperçois ses cheveux s’enrouler autour de son petit visage crispé
Le nez se tord rentre dans sa bouche, beuglante
haha !
Il a fini son repas
Sa tête joyeuse se courbe
son dos se brise
le menton transperce son torse
Ses orteils se retournent
touchent l’angle entre la fin de la jambe et le dessous du pied
Et encore une fois j’adore entendre tous ses os s’effriter
pendant que ses tibias s’enroulent jusqu’aux genoux
Cet ensemble de chaire à moitié broyée gesticule
L’anus se fendille
Béant !
Et le corps précédemment plié y rentre
Craquelant !
Un peu comme ranger un kway
C’est la soupe, la soupe excite, dilate, assouplit, décompose et engendre une petite boule presque textile que j’accroche à la porte, avec attention
Une boule presque textile que j’accroche à la porte, avec attention, pour me réchauffer quand je dois aller dehors
Une boule presque textile que j’accroche à la porte, avec attention, pour me ressourcer d’une vie condensée quand d’autres se disloquent
Et finalement, tout s'embrase, tout s'embrase et tout explose, ce petit fils de pute, un boxeur scatophile tatoué de la tête aux pieds qui cuisinait gaiement sa soupe incendiaire et moi la petite chienne aux aguets, on explose et nos cendres s'éparpillent dans cette forêt maintenant brumeuse
= commentaires =
Je crois bien qu'il y a deux point et quelques points d'exclamation dans tout le texte. Il y a une nouvelle écotaxe sur la ponctuation ?
C'est joliment écrit, la violence arrive doucement, sans se presser, et sans excès. La ponctuation anecdotique me paraît pas gênante avec tous ces retours à la ligne. Ca reste fluide.
Par contre, j'ai pas compris le délire avec la soupe. C'est l'histoire d'un touriste occidental qui se retrouve avec des champis magiques dans sa soupe pho prise dans un boui-boui de Phuket ? un délire bouddhiste ?
Voila de vraies questions.
Dommage pour la phrase mentionnant le kway qui arrive comme une couille dans le pâté.
Dommage surtout pour l'absence du trait d'union dans K-way™. Pourvu qu'on échappe au procès.
J'ai moi-même parfois eu la flemme de foutre de la ponctuation et décidé que je m'en foutais, donc je n'ai rien contre le procédé dans l'absolu.
Plutôt agréable à lire, j'ai quand même buté sur "touchent l’angle entre la fin de la jambe et le dessous du pied". A priori, on parle du talon, mais pourquoi cette périphrase bizarrement inutile et alourdissante ?
Sinon, c'est de nouveau encore un texte qu'on peut qualifier de récup', et même doublement, dans la mesure où on a l'impression que le dernier paragraphe est rajouté pour en faire un texte de Saint-Con. C'est dans l'air du temps et écoresponsable, pourquoi pas; d'autres diraient même que tous les textes sont de récup'.
Sinon, si quelqu'un de précis est ici visé, la référence m'échappe.
Moi, j'ai bien lu "qwaillle", comme pour le mogway et le gremlin, donc ça pourrait être un client de resto chinois ébouillanté par un bouillon au wok, qui se nommerait alors en mandarin, kway...
ou alors :
"Le mannequin canadien Zombie Boy, mort à l'âge de 32 ans, avait acquis une notoriété planétaire grâce à de spectaculaires tatouages sur l'ensemble du corps qui lui ont valu de défiler pour de grands couturiers et d'apparaître dans un clip de Lady Gaga."
Bon, il est pas boxeur et apparemment pas scatophile, mais il est mort et tatoué, et il a une amie avec deux a dans son pseudo !
Bon, c'est sans doute poétique, quelque part, et il y a des formules qui fonctionnent.
Les trois dernières lignes sonnent effectivement comme un rajout un peu facile.
Et à "Cet ensemble de chaire à moitié broyée gesticule", j'attendais la rime qui jamais ne vint.
j'avais oublié de mentionner les majuscules aléatoires.