Quatrième chapitre ! Le Viêt-Nam du Vieux des Montagnes

Le 21/12/2019
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par HaiKulysse
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Rubriques / Le Carnet de Moleskine
Grand retour de la rubrique "Le carnet de Moleskine" publiée sur la Zone fin 2016. J'ai relu les 3 premiers volets pour me remémorer de quoi ça parlait et bien sûr c'est du cut-up burroughsien comme d'habitude pour HaiKulysse. Étrangement une trame scénaristique semble se dessiner en sous-texte et on verra bien où nous mèneront les chapitres à venir déjà postés par l'auteur. De toutes façons ça ne peut pas être pire que les épisodes 7,8,9 de star wars. à lire drogué.
C’était à la une de tous les journaux : le « Vieux des Montagnes » avait encore frappé, une apocalypse numérique et virtuelle se préparait, obligeant les Autorités à fermer pendant une période indéterminée, d’après eux, le réseau 5G des Smartphones.

Les partisans de la Théorie du Complot prétendaient que le Vieux des Montagnes était un ancien terroriste sanguinaire, venu des montagnes afghanes, qu’on croyait bel et bien mort et pourtant il sévissait toujours d’après eux…

De notre côté, sous contrôle des inspecteurs de police, notre squat au 135 Louxor Highway avait été abandonné, j'imaginais encore les ombres de mes colocataires écrire les dernières Lettres du Voyant qui étaient restés dans l'appartement et qui étaient maintenant des preuves à conviction sous pli scellé.

On avait gaspillé inutilement notre temps pour décrire cette impasse poétique, ces élucubrations de types paumés travaillant à se rendre voyant, et pourtant aucun résultat positif n'était apparu mais les délires consignés occupaient les juges et les enquêteurs travaillant sur le meurtre de mon sieur colocataire.
Le lendemain de la perquisition, dans ce microcosme un peu morbide, je m'étais réveillé, ne me souvenant plus de ce que j'avais fait la veille... Après quoi, la morgue en enfilant ma chemise, assis sur le paddock et sifflant des paillardises, naturellement édulcorées, j'allumais un marocco, déjà essoufflé, hors d’haleine et écoutais les rumeurs de la rue, la fenêtre étant ouverte, qui portaient essentiellement sur l'émeute à venir, dû à cette panne de réseau sur les mobiles.
Mais mal à l’aise avec les effets raphaéliques du cannabis, j'éteignais mon mégot et, comme un recommencement de défonce païenne, dans le cendrier, cette auge que j'utilisais, se consumait, en projetant des scintillements, une ultime Dunhill...

Les rumeurs s'amplifiant sur une échelle démesurée, je décidais de faire mes bagages et de partir de ce Viêt-Nam où le Vieux des Montagnes Afghanes allait sévir par une série d'attentats ; et démesurée était aussi la science parfaite des cosmétiques de Nausicaa quand j'entrepris de les ranger dans l'une de nos valises !

Alors que j'étais en train de m'affairer, je me souvenais de ces steppes parcourues jadis par notre van ; ce véhicule ne roulant plus depuis des lustres... en effet, dès le réveil de subliminaux souvenirs remontaient à ma conscience fragilisée, uniquement dédiée à la survie...
Et, alors que j'étais presque en train de claquer la porte, j'apercevais les pilules de Nausicaa, posées sur le bureau, qu'elle prenait avec un grand verre d’eau, cette eau du Viêt-Nam où se cachaient de traumatisants tambours de lave-vaisselle, et où se cachaient aussi des modèles de voyages transitant par l'Océanie : notre destination finale.

Et dans la salle de bain, il y avait aussi, inscrits au rouge à lèvres sur les miroirs fulgurants, reflétant mes traits tirés, de traumatisants idéogrammes représentant les tribulations des sangsues qui s'échappaient par le robinet ; la responsabilité de cette affaire étant à attribuer au Vieux des Montagnes Afghanes...

Et tous ces modèles de voyages pulsaient entre les tympans : ils devaient, comme les images du cauchemar de la nuit dernière se brouillant dans ma tête, beaucoup à ces animaux rampants aux museaux jaunes, aspirant mollement l'eau de la baignoire...