La revedere, tocardi. Eu traiesc în viitor acum.

Le 27/04/2020
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par Dourak Smerdiakov
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Thèmes / Saint-Con / 2020
Dourak Smerdiakov participă aici la Saint Con 2020. Este o piesă în trei acte, cu prolog și epilog. Autorul estompează piesele și ne oferă o comedie tulburătoare undeva între un omagiu adus lui Rick și Morty și un episod al lui Sliders, serie care îi place în mod deosebit. Trăiască România liberă ! Era încă mai bine pe vremea lui Nicolae Ceaușescu.
Bouffonnerie en trois actes, avec prologue et épilogue.

Personnages :

Dourak Smerdiakov, bouffon versificateur.
Commandant Alexandru, des forces spéciales de l’empire roumain.
Plutonium Sextan, con du futur.
Des spectres.
Prologue

- Chère amie ! Mais quel plaisir de vous revoir !
- Bonjour, très chère. Je ne pouvais pas rater ça, vous pensez bien. Vous n’êtes pas sans connaître le bruit qui court.
- Vous croyez vraiment qu’il va le faire ? Annoncer qu’il met un terme à sa carrière ?
- Ce ne serait pas déraisonnable. Il va finir par se couvrir de ridicule. Il radote. Il est temps de céder la place.
- Mais à qui ?
- Personne n’est irremplaçable. Ils viennent d’enrôler un jeune déméritant. Jeune peut-être, mais encore plus délabré que lui, si vous voulez mon avis.

- Vous l’aviez vu à son apogée, au Boeuf sur le toit, pendant l’Occupation ?
- Pensez-vous ? Ce salopard couchait avec les Allemands.
- C’est vous qui êtes bête. Mais non, c’était un racontar. Tout au plus un berger allemand.
- N’a-t-il pas eu une aventure avec cette jeune ennuyeuse… Une petite Émilie quelque chose ?
- Vraiment, je crois qu’il préférait la compagnie des animaux. Vous confondez avec Voltaire.
- Mais, maintenant que j’y pense, n’ était-ce pas avec vous ?
- Vous devez le confondre avec le chevalier de Faublas, et moi-même avec la duchesse du Maine.

- Oh ! Mais, si je ne rêve pas, j’aperçois le Cardinal de Retz.
- C’est étonnant. Il sort si peu. Mais c’est un signe qui ne trompe pas.
- Il n’y a pourtant pas tellement de monde.
- Ma foi, son Éminence nous cligne de l’oeil.
- Mesdames ! Chères amies !
- Vous pensez que ça va être bien ?
- Je voudrais y croire, pour sa dernière danse.
- Avant l’ombre et l’indifférence...
- Hi ! Hi ! Que vous êtes bête, décidément.




Acte I

Au lever du rideau, Dourak Smerdiakov se tient seul debout au milieu d’une scène vide, un bidon d’essence à ses pieds.

- J’en ai vraiment marre de ces conneries. Je n’en peux plus. Tout ça m’est devenu un fardeau. L’àquoibonisme a tout englouti, jusqu’aux consolations du sarcasme et de l’autodérision. Les dernières vaines petites illusions se sont évanouies : je suis aussi con qu’un autre, mais désormais un con triste. Et j’ai toujours été un tocard, même si j’ai pu berner mon petit monde par moments.

Il sort un papier de sa poche et fait mine de déclamer.

- Rondel. C’est un rondel… Pour les ballades, je n’ai hélas plus la force. Le Désespoir... Je ne sais si le style… Au reste, vous saurez que je n’ai demeuré qu’un quart d’heure à le faire. J’invoque la même excuse en sortant des chiottes.

-...Le désespoir tranquille du tocard
Me rassérène et m'étouffe à la fois.
Je ne fais rien de bon de mes dix doigts :
Je vais, je viens, je traîne en mon plumard,

Je m'enthousiasme un peu, oui, certains soirs,
Par accident... Illico, toutefois,
Le désespoir tranquille du tocard
Me rassérène et m'étouffe à la fois.

Par habitude (ou l'abus de pinard),
Je fais des vers de très mauvais aloi
Que je publie sur un vieux site en bois,
Où je partage avec d'autres ringards
Le désespoir tranquille du tocard.


- Non, rien à faire. Plus rien de bon ne veut sortir de ces tripes-là. Bon, c’est comme ça. On va partir sur un bide. Allez, ciao.

Il s’asperge d’essence et sort une boîte d’allumettes de sa poche. Les deux premières refusent de s’allumer mais il parvient à s’enflammer avec la troisième.



Acte II

En raison d’une action syndicale, l’acte II ne pourra pas être joué.



Acte III

Dourak Smerdiakov est toujours en train de brûler au milieu de la scène, s’agitant comme un demeuré et poussant des hurlements pathétiques. Un vortex s’ouvre côté jardin, et un commando d’hommes armés en sort. L’homme de tête, analysant la situation, court décrocher l’extincteur réglementaire en régie et éteint prestement les flammes.

Commandant Alexandru :
- Dourak Smerdiakov ? Vous êtes réquisitionné pour écrire l’Histoire du déclin et de la chute de l’Empire Roumain.

Dourak Smerdiakov :
- Mais ta gueule, enculé de Roumain. Pourquoi tu m’as éteint ?

Commandant Alexandru :
- Les ordres sont de vous ramener vivant par tous les moyens, monsieur.

Dourak Smerdiakov :
- Mais vous me parlez roumain, là, et je comprends ce que vous me dites ?

Commandant Alexandru :
- Vous avez toujours parlé le roumain multiversel, monsieur. C’est votre langue maternelle, celle de l’impératrice Ramona, ainsi que de celle de votre père l’empereur Iancu XIV. Les souvenirs vous reviendront progressivement. On vous a retrouvé, on vous ramène à la maison ! Si je puis me permettre, vous n’avez rien à foutre dans cette époque dégénérée et condamnée, votre altesse.

Dourak Smerdiakov :
- On va dans le futur ?

Commandant Alexandru :
- Euh... Par rapport à ce passé, oui.

Dourak Smerdiakov :
- Et je suis une altesse ? J’ai toujours su que j’étais un être raffiné et délicat.

Un vortex s’ouvre côté cour et un homme seul en jaillit. Il a l’apparence de Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, et il est en flammes.

Plutonium Sextan :
- Aaaaaaaaahhhhhhh.

L’homme roule au sol, se débat contre sa consomption, ouvre la bouche, crache des flammes, du sang, des flammes, du sang, des flammes, etc. Le commando roumain le met en joue.

Dourak Smerdiakov :
- Ça alors ! Plutonium ! Ne tirez pas, c’est mon plus grand fan ! Je parie qu’il connaît par coeur À travers la nuit noire. Hé, Plutonium !

Dourak Smerdikov s’empare de l’extincteur et tente d’éteindre Plutonium Sextan. Mais les flammes reprennent sans cesse et celui-ci finit par s’immobiliser définitivement. Son vortex se referme automatiquement.

Dourak Smerdiakov :
- Décidément, plus rien ne me retient ici.

Dourak Smerdiakov se retourne vers les spectateurs et leur adresse un bras d’honneur.

Dourak Smerdiakov :
- La revedere, tocardi. Eu traiesc în viitor acum.

Il se dirige résolument vers le vortex des Roumains et y disparaît, suivi par les membres du commando. Leur vortex se referme derrière eux.







Épilogue

- C’est pire que tout ce que j’avais imaginé.
- Quelle déchéance !
- Le bout du rouleau.
- Crépusculaire.
- Qu’en a pensé son Éminence ?
- J’ai fait pipi dans ma culotte.
- Vous volez sa réplique à Julia Roberts, c’est mal agir, monsieur le cardinal.
- Je l’ai trouvé fatigué.
- Je l’ai trouvé fatiguant.
- Il n’a pas pu s’empêcher d’ouvrir des vortex. C’est d’un mauvais goût. Ça me rappelle les tourbillons de monsieur Descartes, j’en ai le tournis.
- La prestation de trop.
- Il veut mourir sur scène, comme Molière et Dalida.
- Il n’a plus le sens du rythme.
- Aucun point-virgule. Il les plaçait si bien, autrefois.
- Et ses enjambements ? Ses fameux enjambements ?
- Je jurerais qu’il porte une prothèse de hanche.
- J’ai trouvé ça baroque.
- C’était rococo.
- Il est cuit.
- Il est tari.
- C’est la fin d’une époque.
- Il ne sait plus tout simplement laisser couler une phrase.
- Si c’était vrai pour sa miction…
- Hi ! Vous êtes bête.
- Si au moins l’on voyait ce qu’il a voulu faire.
- Mais était-ce un adieu, à la fin ?
- J’avoue que je n’ai pas compris.
- C’était en breton.
- Cela ressemblait à une langue romane, sans doute du roumain, par élimination, mais je n’en jurerais pas.