L'Acropole

Le 07/01/2021
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par iThaque
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Dossiers / Placement de produits
Vladimir Poutine l'a dit : celui qui dominera l'intelligence artificielle sera le maître du monde. Il semble qu'une équipe très en pointe dans le domaine ait décidé de faire de la Zone son laboratoire pour se lancer dans la course à la suprématie mondiale. Ayant compris que l'émotion gouverne le comportement des sapiens et que la musique peut être la clé du cœur des hommes, l'algorithme tente de nous émouvoir en plaçant un vieux groupe grunge mort de Seattle en guise de produit. C'est du moins ce que je crois comprendre.
Y a une époque je bossais dans la pub, y avait même, je me souviens, un ordinateur qu'on appelait l'Acropole, ne me demandez pas pourquoi. L'Acropole monopolisait notre temps quand la nuit pluvieuse, comme une réconciliation, venait nous renifler, toute mouillante. J'étais là-dedans pour les infiltrer, infiltrer leur réseau, préférant les Clash à ces requins. Et de loin.
Donc tout était parfait jusqu'au jour où je me suis retrouvé seul face à l'Acropole. Les autres étaient parti pour une mission vitale selon eux, peut-être pour s'informer en détails d'un nouveau placement de produits.

Il y avait d'abord, à l'ouverture de la session, une liste sans fin censée indemniser les fils cachés et toutes les victimes des Rolling Stones. Après les avoir embrigadé avec moi par un e-mail groupé bien léché, je décidais de me consacrer à ce projet avorté, un ancien placement de produit couillonnant le Dark Web, je crois qu'il s'agissait d'un dentifrice pour ces rescapés d'Internet.
On avait, pour réaliser son affiche, fait se chevaucher plusieurs clichés des Pixies en concert et ça donnait un effet pas beau qui aurait pu alerter le CSA ; mais l'Acropole qui grouillait d'informations contradictoires finit par lui-même se déprogrammer et une épaisse fumée noire sortit de ses courts-circuits.

C'était une sorte de requiem et je me souviens avoir couru longtemps, très longtemps, peut-être même jusqu'au Brooklyn Bridge, pour échapper à l'incendie. En reprenant mon souffle, je fus aguiché par une vieille affiche de Nirvana collée sur les contreforts du pont annonçant leur représentation au festival de Reading ; c'était donc ça la nuit : un Scentless qui amassait du pognon, son venin coulant dans nos veines, une sorte d'Aneurysm qui courbait les statistiques de la Bourse Américaine par sa parabole inaccessible, avant de faire lovely-love avec une Acropole encore plus sophistiquée qui cravachait tant pour réapparaître !