Tranche de vie faisandée

Le 13/01/2021
-
par Clacker
-
Thèmes / Débile / Phénomènes de société
Clacker, au travers d'une tranche de vie (imaginaire ou pas peu importe) fait l'apologie du recueil de nouvelles y voyant le futur de la littérature. Il n’argumente pas trop mais prend pour exemple CTRL X publié dans le genre. Où l'on découvre que les Grands Inquisiteurs de l'Ordre de Saint Con peuvent se sucer les uns les autres et tant mieux s'il y a les transcriptions des ébats amoureux tant qu'ils sont bien écrits. C'est le cas ici. On attend la réaction de CTRL X qui se fait renifler le fion.
Aujourd'hui, mon chien a pissé sur mon ordinateur portable. Transi de pisse, il est complètement H.S. J'ai eu envie de défoncer la petite gueule du croisé bulldog malfaisant et de le jeter du haut d'un pont, mais vous savez, avec les animaux, il faut mettre de côté la vengeance et comprendre qu'ils font ce qu'ils peuvent. Si ça se trouve, il a cherché à me prouver son amour en faisant ça.
Tout ça pour dire que j'écris sur un PC qui date de 2002 et que mon traitement de texte rame comme un galérien. Mais au moins, je peux écrire, et taper sur ce vieux clavier se révèle plutôt agréable. Alors merci à toi, engeance canine du diable, malgré tous tes coups pendables et ton air chafouin. Tu ne t'en rends probablement pas compte, mais tu me sauves la vie à peu près tous les jours. Même quand tu détruis mon mobilier. Sans toi, je ne serais probablement pas en train d'écouter ce CD de Tom Waits sur un lecteur Dvd antédiluvien. Sans toi, on me trouverait figé tel un macchabée face à mon écran de portable, hypnotisé par les conneries qui pullulent sur Youtube.
Je n'aurais pas eu non plus l'idée de relire ce bouquin de Bukowski. Quel pied, de se retaper les conneries du vieux dégueulasse. Il adorait son mac de 1991. Je vous la fais courte, mais il disait que ça lui changeait la vie, et qu'écrire là-dessus lui faisait l'effet de faire du patin à glace, alors qu'il avait l'impression de fouiller la merde au fond des chiottes en tapant sur sa vieille remington. C'est peut-être pour ça qu'il était moins bon sur la fin, cela dit. Ou juste parce qu'il devenait vieux et célèbre. C'est le lot des artistes. Tant qu'ils ne sont pas reconnus, ils fouillent la merde et dénichent de temps à autre des diamants. Quand ils se tapent des restos tous les jours, ils se ramollissent et nous pondent du Proust.
Ainsi, je souhaite à CTRL X de ne jamais connaître le succès. Mais je lui souhaite aussi d'éviter d'expérimenter le suicide avant d'avoir pondu une douzaine de recueils de nouvelles. Les nouvelles, c'est l'avenir de la littérature française. Peu importe ce qu'en disent les fils de putes d'éditeurs et les critiques à la mords-moi le chibre. Car il faut savoir se faire saltimbanque, équilibriste sur le fil à couper le beurre, et boire beaucoup pour oublier.
Oublier quoi ?
J'ai pas souvenir.
Enfoirés d'écrivains maudits, je vous conchie. Attrapez les diamants au vol qui me sortent du cul, et faites-en quelque chose de potable, puisque j'en suis incapable.
Mais on vire doucement dans le pathétique, et ce n'était pas vraiment l'idée de départ de ce texte. L'idée, c'est de positiver. De voir le génie dans la merde. Sans perdre de vue que la merde peut n'être, en définitive, que de la merde. Là est toute la difficulté.
L'idée, c'est d'avoir un chien suffisamment intelligent pour avoir l'idée de pisser sur des ordinateurs. Là, ça confine au sublime.

Tom Waits me chante que je suis innocent quand je rêve. Pas tout à fait. Il paraît que je gémis et que je mets des coups de coude sans prévenir. Et que je suis limite sexsomniaque. Espèce de vieux singe à la voix de chèvre en phase terminale d'un cancer du larynx, je peux t'assurer que tu n'as pas envie de m'avoir dans ton paddock. Oui, parce que « padoque », ça n'existe pas, en bon français. Je l'ai appris la semaine dernière. On est toujours un peu plus con que ce qu'on imagine, surtout face à l'académie française. Mais on vire encore dans le pathétique. Y a qu'à dire que c'est mon style à moi. Le pathétique et l'écriture automatique. Pleurez avec moi, salopards d'écrivains, et arrêtez d'écrire, vous me faites de l'ombre. Je vais vous envoyer mon chien pour saboter vos traitements de texte. Elle va même pisser dans vos paddocks, et chier sur votre talent.
Quel animal admirable.