3 contes burroughsiens

Le 31/01/2021
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par iThaque
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Dossiers / Placement de produits
Y a pas de raison qu'il n'y ait que HaiKulysse qui trinque. J'ai regroupé les 3 textes en attente d'iThaque qui sont des abominations de cut-up burroughsien pour les mêmes raisons. On ne sait toujours pas si HaiKulysse et iThaque sont la même personne et peu importe en réalité. Le cut-up à petites doses ça va mais quand ça devient plus de 50% de la production zonarde faut canaliser la pulsion de l'auteur avant que son cerveau ne se mette à fumer.
Des pilules pour dormir...

C’était beau comme une pub Vinted après un clip de Saez, Pilule ; c’était beau en effet ces couloirs de métros vendant leurs réclames, leurs placements de produits à d’autres colonies d’insectes et d’hommes-scarabées pour réguler le trafic autoroutier ; et les responsables suspectés de les avoir enfanté qui touillaient les cartes du monde jouaient leur dernier va-tout tandis que les miradors, elles, guettaient.
Envers et contre tous, j’avais décidé d’arrêter de prendre ces pilules pour dormir, je les regardais d’un œil vague, attaché presque sensuellement aux câbles électriques d’un suicide assisté par des menottes moyenâgeuses ; le suicide, cette vacherie de plus !

En me balançant au dessus d’un gazon verdoyant quoique imaginaire, j’apercevais quelque chose : peut-être un panorama cahotant de fantassins avec caméra à l’épaule, avec de tortueux sentiers et des naufrageurs oubliant leur tirade en tirant sur leur oinj qui ne leur procurait plus rien.

Comme décor : des taillis boisés exultant des insecticides sibériens, des fleurs sauvages falsifiant les câbles où j’étais suspendu à quelques pieds du sol, et le ciel d’un bleu spectaculaire ; il y avait aussi des ours qui se battaient avec les hommes-scarabées pour cracher sur les murs et tout le tintouin pour se référer à l’urbanisme de la ville.

Atterrissant comme un phylloxéra dans les refuges bouddhistes, je plaignais sincèrement ces esclaves, à portée de fouet, qui n'attendaient que l'échec de fin de mois... Qui se tuaient métaphysiquement dans un travail de sape à effondrer les valeurs occidentales ; bien que physiocrates, leur Tableau économique se résumait à un monde de silicone noire, de naïades fantasmagoriques baisées jusqu'à être rouées. Et ce supplice de la roue utilisé comme carburant pour le compte de cette étrange machine, censée recenser tous les traumatismes résultant de leurs arbres généalogiques ; des arbres qui sécrétaient sur un tronçon d’autoroute des accidents un brin trop affectifs, trop sarcastiques... Une sorte de défis pour retrouver leurs squelettes d'hommes modernes entremêlés et que j'avais décidé de relever sous la lumière tamisée de leurs réverbères...


Un job à la John Malkovich

Les voisins gueulaient : le chat s’était enfui et on cherchait un coupable. De mon côté, j’avais été embauché dans une étrange entreprise. Mes factures d’électricité et de chauffage étant exorbitantes par rapport à mon allocation chômage, je m’étais résolu à trouver un job. Un job à la John Malkovich. Le long du trottoir, où descendaient des rivières glacées, résidus de neige fondu, j’avançais un peu anxieux, vers la porte de mon futur employeur.

Deuxième partie :
J’étais à présent sur les rails, c’était toujours l’hiver mais je n’étais plus seul. De collègues de bureau, ils étaient passés mystérieusement dans le clan tapageur de mes amis.
Cette fois, les voisins ne s'entre-tuaient plus pour un sujet de chat perdu, mais sur le douloureux problème, cet épineux dilemme, à savoir si oui ou non, il fallait débarquer chez moi pour faire cesser la musique trop forte. Mais je ne m’en souciais plus. J’allais faire un long voyage.

Troisième partie :
Une de mes collègues de bureau, ce job dont je ne savais plus en quoi il consistait, m’avait tapé dans l’œil. Dès que j’étais entré dans cette boite, ils m’avaient placé devant un étrange ordinateur, comme tous les autres employés travaillant sur ce site. J’étais rapidement arrivé à décrypter tous les mots de passe du serveur interne, et ça me donnait toutes les autorisations nécessaires pour pirater les autres disques durs. Je me souviens que je lui avais envoyé un message, il devait être assez clair puisqu’un jour ou deux après, ses cheveux flottaient au fond et au-dessus de ma baignoire.

Quatrième partie :
Le seul jour de paye, vous me croyez ou non, c’était le mardi-gras, le salaire était suffisamment élevé pour que vous abandonniez toutes vos opiniâtretés de labeur. Le seul hic, c’est qu’il fallait attendre un an, en travaillant d’arrache-pied, et en ne recevant rien si vous étiez pris le lendemain du mardi-gras.

Cinquième partie :
La liberté, c’était donc cela :
Du tapage nocturne et des neiges précoces par brouettés
Du spleen face à la brièveté de la vie
La chienlit homérique
Se préparer à un long voyage désordonné
Orienter sa lampe frontale du côté de sa nudité
Et fumer goulûment, ce qu’on avait reçu le jour de paye :
Le Mardi-Gras comme tous les jours de paye !


C'était une nuit belle comme une pub Vinted

Venant des profondeurs de son appareil Kodak, les données de son iPhone sauvegardé à l’époque où Paris c’était Paris émettaient quelques notes de blues consolateur, en dirigeant sur des sites féodaux, crocodiliens.

… Des processeurs qui effectuaient leur mise à jour, en agaçant la glotte de leur créateur placé sur la scène prête à feu prendre ou d’oreilles coupées en RER à sur place à rester, tandis que je farfouillais dans les options de ce traitement de texte. Des options qui plagiaient le contenu du carnet de notes de Kaphrium et, sur l’écran de l’ordinateur maintenant, un traitement de texte qui avait capturé, à l’aide d’une clé USB, des photographies de jeunes filles galbées et longilignes.
Pour étudier les fluctuations du marché boursier, à partir de mon ordinateur, je devais brancher cette clé USB qui ressemblait au stick d’un rouge à lèvres et qui appartenait à Supertramp le vagabond. Plus tard, dans le métro, le réseau gangrenait des univers cicatrisés et vidés de leur suc et de leur prépuce ; un réseau qui téléchargeait d’immenses agrandissements photographiques. Sur ces photos, on voyait les promoteurs numériques se précipiter tête-bêche dans le caniveau, en crachotant des spermatozoïdes pacifistes.
De mon côté, je gribouillais à présent sur mon bloc-notes : une caméra filmait les mouvements saccadés de l’écriture automatique, symbolisée par cette petite babiole de disque dur.
Synthétisées lors de ce transfert, des partitions musicales célébraient les films scénarisés montrant des maisons lourdes, hautes, kitsch et noires ; en avançant l’heure locale et en réduisant cette infime distance entre le décor photographique et les faux raccords, ces partitions musicales bourdonnaient comme le disque dur de cet étrange ordinateur.
Les hackers s’accociaient pour riposter et s’engouffrer dans les failles virtuelles, lançant une restauration du système et, de l’autre côté des portes de l’hôpital, on s’intéressait alors à la science des labyrinthes et des chemins de fer antique.
Des hackers qui assistaient, impuissants, à la révolution informatique de la poussière narcotique, tombant sur les ordinateurs obsolètes.
De la poussière narcotique qui redevenait poussière narcotique tandis que j’observais la tapisserie jaune de la chambre d’hôtel.
Il y avait aussi, parmi cet amas de nouvelles technologies, des photos en noir et blanc évoquant une scène libidineuse classée X. Des photos représentant des stripteases aussi ésotériques que hermétiques pour ces pirates informatiques ou ces amas de nouvelles galaxies qui se résumaient à cette tapisserie jaune !