Le lapin chinois

Le 15/02/2021
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par Théo Azibert
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Thèmes / Obscur / Psychopathologique
Théo Azibert nous présente assez justement lui-même son texte comme une « petite nouvelle grotesque poétique expressionniste cruelle et onirique ». D'accord, mais dommage que le psychopathologique s'exprime jusque dans l'écriture et la syntaxe, nous faisant par moments assez mal à la tête.
Le lapin chinois

Chapitre 1 : l’apéritif

Benoît prépare les amuse-bouche. Son invité est bientôt arrivé, il s’appelle Luc, un ami d’enfance recroisé dans une boutique où la climatisation était inoubliable par sa chaleur à donner un mal de tête. Benoît imaginait qu’il avait un coup de barre par sa mine défraichie, que le magasin avait fait une autre victime, un assommeur à coup de buée frappa. Mais étant à l’heure au rendez-vous, Luc ramène toujours son visage terne et sans vie, « cela n’est hélas pas passager pour lui » pense l’hôte au contraire qui est excitée comme une maladie grave, un insecte s’attaquant à un organe vital, la toile se tend , le coléoptère fait une salutation dynamique, il sent ses battements de cils , Benoît la mite rongeant sa veste à l’entrée tel un parasite chaleureux qui la recoudra à sa sortie, impatient d’échanger le pollen qu’il a récolté durant ses envols de fleur en fleur, impatient d’échanger des mots et pas de toux . Aucun médecin ou désinsectiseur ne gâchera la soirée. Ils se dirigent vers le salon où des cacahuètes, des rouleaux de printemps, des briques aux chèvres miel et des gin-tonics de la distillerie wassabo les attendent. Une fois installées les deux connaissances discutent Benoît engage la conversation :
—    Tu es au courant ? On est l’année du lapin dans l’horoscope chinois, je suis lapin et toi ?
Au mot « lapin », Luc écarquille ses yeux et tremble .
—    Je suis de la même année que toi donc je suppose que je suis … lapin moi aussi.
—    Tu en fais une tête ! Ah, oui ! Que je peux être bête ! Je t’ai concocté un jeu après le petit apéritif, c’est des ombres chinoises. Tu verras je sais faire tout, le zoo , la ferme et la jungle .
Benoît rigole, mais son convive lui ne se calme pas et fais comme si rien n’avait été dit, il boit l’alcool d’une traite.














Chapitre 2 : L’animation

Le mur d’un coin de la chambre d’ami va être le théâtre des silhouettes de doigts, Benoît enchaine les animaux, du cerf au chien en passant par le lapin. Quand l’ombre du léporidé est sur la cloison, Luc se remémore Pinpin son animal domestique tué dans les w.c. en voulant lui rendre la liberté, il tire la chasse, un amas de chair et de fourrure bouchent le conduis, le lapin meurt coincé et noyé. Il était petit, mais le traumatisme le hante et le dévore toujours autant, Luc est fragile mentalement le peu de choses qu’il lui reste de banal est son apparence, un monstre à longues oreilles bondit dans le coin de sa tête, les rires de Benoît s’amplifient, résonnent, distordent, saturent dans sa boîte crânienne. Une idée noire traverse son esprit pervers, couper les mains de Benoît pour récupérer Pinpin.



































Chapitre 3 : l’entrée

Les deux hommes sont à table, face à face, Benoît se lève pour aller couper le rôti dans la cuisine. Luc en profite pour le suivre discrètement, il ramasse une brique par terre et frappe dans la tête de sa pauvre victime, Benoît est au sol, il lâche le couteau par la même occasion. Lame qui découpe les mains de l’inconscient. Le boucher met les pattes sur le plan de travail en formant le lapin, un sentiment de « faux » épanouissement prend le relais, « faux » car juste après une grande tristesse abat le docteur Frankenstein, sa bête ne vit pas, une deuxième mort qui ajoute un arrière-goût de défaite. Il court droit vers la fenêtre ouverte et plonge corps perdus dans le néant.























Chapitre 4 : le plat

Il atterrit dans un terrier. Au moment où il se relève, il aperçoit, toute une famille de lapin autour d’une table, devant le plus gros aux ivoires plus longs qu’une carotte se tient le plat à la cloche mystérieuse. Le lièvre enlève le dôme, Luc découvre une dinde formée de mains humaines. De l’eau coule de la terre, un maelstrom engloutit tout.


























Chapitre 5 : le dessert

Luc se réveil dans une cellule, où les portes n’existent plus , où une fenêtre aux barreaux donnent une lueur, un lampadaire comme soleil de nuit, cette lumière se projette sur le mur en face d’un être à camisole de force, un nouveau spectacle avec les contours de ses pieds tâchés de sang allé commencer.