La salle de bain

Le 07/03/2021
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par Théo Azibert
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Thèmes / Obscur / Introspection
Ce poème de rupture amoureuse déguisé en prose, avec sa tendance surréaliste, ses petits dérapages dans le tragique, sa typographie irritante et ses fautes assez grossières n'a que fort peu de chances de trouver grâce aux yeux de la plupart des lecteurs zonards dont les crocs commencent à pointer à un mois de la Saint-Con. Ce n'est pourtant pas dénué d'idée, bien qu'au final fort peu zonard.
La radio me fait de la peine ,la baignoire me donne un mal de reins . La vie privée de mon ex s’expose dans la salle de bain . J’écoute son quotidien dans son oreille perdue , agrandie par le tirage hebdomadaire de l’orifice anodin . Les disputes passées ont déjà résonné aux grès de mes murs , à la chair de ma peau qui n’entendent rien . Je barbote dans l’oreille de ma rescapée , elle est fixée surement dans son canapé et je peux distinguer ses commentaires déplacés, qui zappe à la télé , nos émissions préférées. L’organe rempli d’eau salit par la nostalgie négative, s’ébouillante grâce à mon corps , chaudière naturelle, physique pratiquant de l’alchimie. Je m’endors , des vapeurs entourent ma tête , les ondes de la radio s’amplifient . Je fronce des sourcils et flatulent dans la baignoire quand une discussion , encore une fois , ne me plaît , alternant ma vision et mon goût. Celle de notre rupture, mes oreilles sont peut-être les baignoires des personnes qui se font le plus la guerre , à savoir nous . « Mes moi , ses raisons de mon teint, se querellent encore ta main, quel régal , main caressante, projection astrale du miroir de ma salle de bain. »

Je décide de conjurer le sort d’une telle ignominie , en établissant quelques travaux dans cette pièce. La radio émet un passage de cette pitoyable amie , elle s’écrit de détester les aiguilles , une autre peur de cette gonzesse . J’empoigne ma perceuse et troue le lobe de ma baignoire , pour installer un porte-serviette comme créole . La maitresse devient servante de mes désirs , les hurlements de souffrances cassent le miroir , je m’urine dessus , elle devient folle . Quand tout d’un coup un silence remplace la cacophonie ambiante . Une main toque à la porte , j’ouvre, c’est elle, une oreille en moins , elle revient , elle me hante .

Mon caleçon est l’arche des noyés, avec tout le fluide qui n’a pas de mal à monter , je prends ma perceuse pour empaler une fois pour toutes son cœur , mais elle disparaît dans les décombres de ma rage , de mon fléau . Je dois l’effacer de ma tête , je prends l’outil pour trouer mon crâne , une panne de courant survient alors au moment où la mèche érafle une mèche de cheveux .

Ma destinée est le suicide, car l’oreille c’est moi,cette idée de me pendre me traverse l'esprit , tant pis elle finira sourde , je me rends compte que j’étais son seul auditeur, le seul gars pendu comme son oreille, je suis son oreille . J’allume une bougie, j’installe la corde puis monte sur le lit . Le lit où on s’était couché , où on avait baisé . Je veux qu’elle se souvienne de moi pour être un homme abandonné et pas une simple oreille pour la consoler . Je m’étais baigné dans la surface, la haine, tout ce temps , j’échoue comme une épave au fond du récif des rejetés .

Je t’aime