La genèse de la Fosse Noire. Troisième chapitre.

Le 19/03/2021
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par HaiKulysse
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Thèmes / Obscur / Autres
Suite des aventures d'Alice dans la fosse noire. Vous pouvez le vérifier avec la fonction RECHERCHER du site, en tapant fosse à chercher dans le titre, il existe bel et bien deux autres épisodes à cette histoire. Le premier posté pour la Saint-Con 2017 était le plus lisible et c'est pratiquement le seul texte d'HaiKulysse qui ne vrillait pas en Cut-Up hideux, où on découvrait un personnage travaillant dans une petite boîte et qui gérait sans trop s'en soucier les aiguillages du métropolitain. Le texte est devenu crescendo burroughsien avec l'apparition d'hommes-hérissons pataugeant dans la fosse noire et en voici espérons-le le paroxysme.
Le futur, son futur où elle jouerait dans les films des rôles de godiche, aurait pu continuer longtemps comme ça. Longtemps jusqu’au moment où cette grosse mouche noire en me dérangeant intronisait quelque chose de neuf pour elle sur le papier.
Ce script où je croyais m’attaquer à une nouvelle version de Blair Witch, épuisé par les serpents et les anguilles qui l’entouraient.
En effet, la machine à écrire, infaillible, avait même prédit ce soir là ce vent glacial qui vivifiait en pleine nuit toute la ville, cette fourmilière ne rêvant que de soleil irisant de ses derniers rayons le terrier du lapin blanc.

Au prochain panorama que je décrivais en tapant sur la machine pour elle, lisant par dessus mon épaule, elle m’intrigua en introduisant un indice pour cette série policière où je lui réservais le premier rôle : une éclatante pyramide d’œufs frais au sommet où gisait un cadavre, typiquement répugnant. Sur ses pentes, en changeant de registre, Alice, cette jeune nymphette de dix-huit ans, aidait par d’inexplicables invocations à faire fleurir tout un tas de graines latentes...

Des plantes chancelant sous le poids du travail des quenouilles d’autrefois, de la servitude des canuts ou de ces inventeurs lyonnais comme ce Jacquard... et quelquefois, je me demande encore si de leurs voix séraphiques, elles pousseraient Alice à sortir nue de son lit à minuit. Pour se rendre à un mystérieux procès.
Et d’autres fois je me disais que si elle se levait de son lit à baldaquin à cette heure obscure, ce ne serait que pour inoculer dans leurs veines matricielles cette quinine à tous ces trépassés du panthéon.

Peut-être parce qu’elle les jalousait, mais cette nuit là elle était d’une gaieté inexplicable ; sûrement parce que la plus grande idée jamais imaginée, la plus percutante en terme cinématographique et la plus inexorable à travers les temps, sur ces feuilles de papier qui zébraient le carrelage de la cuisine où j’écrivais, avait enfin été conçu : un authentique travail d’orfèvrerie spirituelle.

L’idée ? Elle allait devenir cette actrice qui s’infiltrerait dans les bas-fonds où le label Sub Pop avait été créé, où les conceptions du monde de demain, du moins dans le domaine du grunge, survivraient aux tractations des Majors.
Mais seraient malgré tout envahies par les déchets de la Fosse Noire

Maculés à la fin de cette soirée interminable de sang, ces textes n’obéissaient, j’en étais le seul convaincu, qu’à une logique tellement folle, chapeautant à la place de Beethoven dans Orange Mécanique qu’un Offenbach quelque part hantant et planant au-dessus de nous.
Pour une filmographie sans cette pauvre dévotchka.