Sodoman - Genèse d'un Héros.

Le 27/03/2021
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par Un Dégueulis
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Thèmes / Débile / Parodies
Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne je commence à percevoir une thématique récurrente dans tous les textes du Dégueulis. C'est peut être quelque chose qui l'obsède, qu'il aimerait bien essayer mais qu'il se refuse à faire pour d'obscures raisons. Ceci semble être le premier volet d'une nouvelle série de super-héro. ça commence à en faire beaucoup sur la Zone. On va finir par être racheté par Disney+. Bientôt dans le MCU.
« Sodoman, le héros qui les encule ! »

Le slogan claquait bien. Pierre Banger parcourut une dernière fois la liste qu’il avait préparée pour la presse. Il avait rayé « Sodoman, votre trou l’aime bien ! » (trop bienveillant, les criminels risquaient de ne pas le prendre au sérieux), « Sodoman, sa bite, votre cul ! » (ressemblait trop au slogan d’Escortman), « Sodoman : le Sida ? Même pas peur ! » (contraire aux directives de l’OMS), et une dizaine d’autres. Il reposa son stylo et se leva. Après quelques étirements, il se regarda dans le miroir mural qu’il avait fait installer dans sa chambre, heureux de ne plus avoir besoin de chercher ses lunettes dès qu’il levait le nez, sa vision étant, comme tout le reste, devenue parfaite, voire surhumaine.
Depuis qu’il avait acquis ses superpouvoirs, lors d’une partouze où l’un des participants était en réalité le grand mage Jankull Tamaman, en voyage spirituel inter-dimensionnel, il ne pouvait pas s’empêcher d’admirer son anatomie. Son corps, à l’origine frêle et plutôt pâlichon, était soudain devenu musclé, bronzé et extrêmement poilu. Son pénis, un gringalet de sept centimètres au gland hypertrophié, s’était transformé en bête de concours et était désormais capable de se déplacer à la vitesse de l’éclair, en emportant le reste de son corps avec lui. Mais la plus grande transformation qu’il avait subie était la naissance d’un désir irrépressible pour les postérieurs hors-la-loi.

Au début, il avait essayé d’ignorer cette pulsion qui le faisait bander en lisant la rubrique « faits divers » ou en regardant les informations. Puis il avait été voir un psy. Plusieurs centaines d’euros plus tard, son désir d’enculer les malfrats n’avait toujours pas diminué, au contraire il grandissait chaque jour.

La révélation eut lieu lorsqu'il fut témoin d’un vol à main armée sur une jolie grand-mère de quatre-vingt-dix ans, une de ses voisines de palier sur laquelle il avait des vues, étant gérontophile depuis son adolescence. Le voleur avait sorti un couteau et en menaçait la pauvre dame, qui ne pouvait pas crier à cause de son emphysème. Ni une, ni deux, Pierre banda d’un coup sec et lui péta le fion avant qu’il ait le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait. Puis, la bite encore fièrement dressée comme un étendard, il ramassa le sac à main tombé à terre et le tendit à sa propriétaire.

Malheureusement, elle décéda quelques secondes plus tard d’une crise cardiaque provoquée par le choc mais, en contemplant le derrière encore fumant du malfrat inconscient, Pierre comprit que sa destinée était de lutter contre le crime et de protéger la veuve et l’orphelin. Et accessoirement les grand-mères, une fois qu’il aurait trouvé un moyen pour qu’elles ne décèdent pas inopinément pendant qu’elles étaient secourues.

Il rentra chez-lui, fébrile, en se demandant ce qu’il devait faire. Jusque-là sa vie avait été rangée, réglée comme du papier à musique : Bac STG obtenu avec mention bien, diplôme d’expertise comptable, vie bourgeoise parsemée çà et là de partouzes pour tromper la monotonie. Il n’avait aucune expérience du métier de super-héros, à part quelques comics américains trouvés chez des bouquinistes quand il était encore au collège et quelques films vus au cinéma. Mais ce n’était pas vraiment son genre, il préférait les grands classiques romantiques : « Titanic », « In The Mood For Love », « Affreux, Sales et Méchants », « Orange Mécanique », « Salò ou les 120 journées de Sodome », etc. Il alluma donc son ordinateur et entra sur Google « héros encule malfrats ». Recherche infructueuse, les résultats se résumaient à une critique d’un livre de Jean Genet, à de la littérature érotique gay et à quelques sites pornographiques. Il cliqua sur un lien et se masturba sur une vidéo intitulée « j’encule ma tante ». Puis il tapa « Marvel Comics » et, dans un autre onglet, « DC Comics ». Il passa le restant de la journée à apprendre tout ce qu’il pouvait sur les super-héros.

Le lendemain, son pénis avait gonflé et lui faisait mal. « Merde, j’ai oublié de me laver après avoir sauté l’autre con ! » comprit-il, trop tard pour ne pas devoir aller chez le médecin, qui lui diagnostiqua une inflammation causée par la remontée de vers parasites dans son urètre. Les malfrats n’ont pas un régime alimentaire sain, c’est bien connu. Pierre dût passer la semaine suivante chez-lui, à s’injecter des vermifuges dans le pénis en souffrant le martyr et en se jurant de ne plus jamais combattre le crime sans préservatifs. Une fois guéri, il se rendit à la pharmacie du coin et fit une provision de capotes. Il avait hésité entre Durex, Skyn et Manix, mais avait fini par choisir Durex en raison de leur pub « All it takes for a safe future », qui résonnait bien avec l’idée de justicier. Et puis ils avaient la bonne taille aussi.

L’étude des super-héros le convainquit qu’il avait besoin d’un costume et d’équipements. Il ne pouvait pas enculer du gangster en costume cravate, ça ne faisait pas sérieux. Il dessina lui-même une tenue adaptée en se basant sur les accessoires BDSM qu’il utilisait pour ses parties fines : masque, cape et string, bottes en cuir et ceinture pour accrocher les bouteilles de lubrifiant Fist Hot de Mr B. Ses revenus conséquents d’expert-comptable et son réseau lui permirent également de commissionner un ingénieur pour lui préparer des armes adaptées.
Quelques semaines plus tard, il reçut les objets suivants :

-    Un carton de missiles Cherchecul™, spécialement conçus pour rechercher et détruire les anus scélérats,
-    Une baguette électrique modifiée à douze-mille volts,
-    Des menottes,
-    Un fouet,
-    Des oreilles de lapin.

Il était plutôt satisfait de lui-même, et maintenant qu'il avait fini de rédiger son slogan, tout était enfin prêt. Il fit distraitement l'hélicoptère avec sa bite. Dans le miroir, son reflet lui renvoyait une image plaisante et même assez amusante. Il ne manquait plus qu’un dernier élément, essentiel. Tout super-héros avait besoin d’un super-vilain. En effet, enculer des voleurs et des braqueurs de banque, c’était bien, mais ça ne suffisait pas à construire une légende. Heureusement, la lecture des pages Wikipedia des principaux comics lui avait appris qu’il ne fallait en général pas longtemps après qu’une personne se découvre des capacités hors du commun pour qu’un super-vilain idoine apparaisse. Il passa donc dans le salon, alluma la télé et attendit.

Au bout d’une heure trente environ, les programmes furent interrompus par un flash-info et une présentatrice surexcitée commença : « le siège de la chaîne de sex-toys Passage du Désir a été attaqué par un groupe d’hommes armés dont le chef se fait appeler Trouduman, et qui semble être un déséquilibré. L’homme a fait parvenir un message à la rédaction de notre chaîne en menaçant d’exécuter les employés retenus en otage si nous ne le diffusions pas en intégralité. En concertation avec la police, nous avons décidé de le retransmettre. S’ensuivit une vidéo amateur où l’on voyait un homme en combinaison de latex et ceinture de chasteté vociférer sur fond de sex-toys :

« Je suis Trouduman, l’homme inenculable ! Celui qui m’enculera n’est pas né ! Je ne suis pas pédé, et je le prouve en faisant cette vidéo dans l’antre même de Sodome, un sex-shop ! J’exige une rançon d’un million d’euros et l’interdiction de la vente de godemichets pour libérer les otages ! »

Pierre Banger sourit, un flot d’adrénaline inondant son système nerveux. Il éteignit la télé, enfila son costume, s’assura qu’il avait bien ses Durex avec lui, et ouvrit la fenêtre. Puis il sortit son pénis et se laissa emporter en direction du siège de Passage du Désir.