Pugilat et Élasthanne

Le 13/03/2022
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par Charogne
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Dossiers / J'ai fait un rêve
Charogne déterre un vieux dossier, l'appel à textes "J'ai fait un rêve", dont je vais rapidement rappeler les enjeux : l'auteur nous raconte son rêve, et nous autres zonards, en fins psychanalystes, nous interprétons tout le bordel en commentaires. Ici, des espèces de jeux du cirque avec des gladiateurs en Spandex® et des psychopathes peu crédibles. La fin est assez réjouissante. Que Charogne s'installe sur le divan, et vous lecteurs, prenez des notes et expliquez-nous en quoi notre client... je veux dire patient, est un cas désespéré.
Je me trouvais dans un gigantesque amphithéâtre à la romaine, sous un ciel bleu. L'ambiance était à la fête, malgré les gradins à moitié vides. J'étais assis à côté d'une famille. Au centre, l'arène était une plate-forme ronde recouverte de sable. Une crevasse sans fond longeait les contours de l'arène ; mais heureusement, quelques filets élastiques, à l'image de ceux entourant les rings de boxe, empêchaient les participants de tomber dans le vide. Un murmure mêlant impatience et excitation s'élevait dans les airs. Nous savions tous pertinemment pourquoi nous nous étions rassemblés ici : il s'agissait d'un tournois de pugilat. Les règles ? Aucune. Tous ceux qui se présentaient au centre de l'arène, sur base de volontariat, risquaient leur vie pour le plaisir du sport et de la violence.
Alors la cloche se mit à sonner. La voix de l'annonceur s'éleva dans les airs, annonçant avec enthousiasme le prochain match. Je me levai pour sauter vers l'entrée de l'arène, dégageant sur mon passage un gamin d'environs dix ans, qui s'apprêtait à combattre, en le poussant dans le vide. Ce match, c'était le mien, je n'allais pas laisser un gosse prendre ma place. Sous la chaleur du soleil d'été, la foule applaudissait lentement. C'est en entrant dans l'arène que je pus voir mon adversaire : une femme dans la vingtaine, qui voulait se faire passer pour une folle psychopathe, mais qui jouait très mal. Sa performance était désastreuse. Cependant, en avançant, je remarquai qu'elle était accompagnée d'un groupe de six adversaires, tous identiquement vêtus d'une combinaison en Spandex® noir et d'un épais masque de ferraille composite.     

Les figures masquées commençaient à s'avancer vers moi ; c'est alors qu'apparut de nulle-part une immense structure au plein centre de l'arène. On aurait dit un énorme container intégralement peint en noir dont l'extérieur était recouvert de tubes et de barres de métal soudées. L'apparition de cet élément désorienta l'équipe adverse, et j'en profitai : je m'élançai contre la première figure, une femme qui se tenait sur un cheval blanc. Je balançai mes poings un peu au hasard, et la femme finit au sol, son cheval la regardant avec dédain. Je n’eus pas le temps de me réjouir de cette victoire que les deux figures suivantes, un homme et une femme, s'élancèrent à ma poursuite. Pris de panique, je me réfugia à l'intérieur du container à travers une entrée découpée à même la paroi. L'intérieur était extrêmement sombre, la seule source de lumière provenant des deux ouvertures à chacune des extrémités de cette structure. Je fus tout de même surpris de découvrir, lorsque je courrais vers l'autre sortie afin d'échapper à mes poursuivants, que le container abritait trois terrains de tennis entiers. En arrivant à la sortie, je me retournai : les deux figures s'étaient volatilisées.    

En sortant, j’esquivai un coup donné par la quatrième figure, une femme se battant à l'aide d'un sac de boxe jaune et noir. Elle le tenait à l'aide d'une corde et le balançait pour donner des coups. Encore une fois, je fermais les yeux, et la seconde d'après elle était sur le sol, assommée par son propre sac. Une balle frôla mon oreille dans un sifflement au moment ou je me détournais du corps inconscient de la boxeuse : c'était la cinquième figure, un homme, posté au sommet d'un pylône électrique qui avait été érigé sur le container, armé d'un fusil de précision. Je m'indignait un instant de l'inégalité du combat, moi seul à mains nues contre un groupe de personnes disposant d'armes, puis me mis à monter afin d'aller le chercher. Arrivé un haut, j’empoignai son fusil par le canon ; son possesseur se mit à fondre lentement, et je considérai cette étrange réaction comme une perte de connaissance. Il ne restait plus que deux personnes : la sixième figure masquée, et mon adversaire, la fille qui se prenait pour une folle. Ce fut elle qui m'accueillit lorsque je touchais à nouveau le sol ; je fus particulièrement déçu, car en deux crochets et un uppercut, elle était au sol, inconsciente. Mais je reçu un coup sur la tête ; je me retournai, il s'agissait de la dernière figure, une femme particulièrement musclée dont les abdominaux étaient visibles à travers sa combinaison en Spandex®. Je mis ma main sur sa tête et commença à la lui cogner contre la structure en métal. Thonk, thonk, son masque se brisa, tomba à terre, pour dévoiler son visage. J'adoptais un rythme régulier, et après avoir percé sa lèvre et sa tempe, le sang qui en jaillissait se rependait contre le sol et la paroi du container. À bout de forces, alors que ma vue commençait à se troubler suite à l'effort, je la laissait tomber par terre.    

Mais le combat n'était pas fini. Cette garce se relevait, et elle souriait. Elle souriait de toutes ses dents, avec un rictus effroyable qui me narguait. Le sourire me parlait : Il me disait « tu vas perdre ». Sa voix résonnait dans ma tête. J'étais allé si loin, je refusais de perdre. C'était mon combat. Alors, déterminé à ne pas la laisser gagner, je plongeai ma main dans ma poche pour en sortir un sachet en plastique contenant une substance blanche, poudreuse. Des amphèt. Ni une ni deux, je me mis à déverser l'intégralité du sachet dans la gorge, et ma force me revint, magiquement. Je plongeai sur elle, et me mis à serrer mes mains autours de son cou. Son sourire ne disparaissait pas, mais le visage qui l'entourait passait lentement du rose au violacé. Serrant de plus en plus, voulant effacer ce sourire, je finis par sentir un délicat claquement sous mes phalanges, et le tête, n'offrant plus de résistance, tomba en arrière. Un filet écarlate s'écoulait de ses lèvres barbouillées, mais ce sourire grotesque persistait. Il fallait que je le fasse disparaître. Pris d'un instinct viscéral, je me mis à arracher sa combinaison avec mes dents, et à dévorer sauvagement sa jambe droite : peau, muscles, ligaments, même les os. Puis la jambe gauche. Même chose pour ses bras, son torse, jusqu'à dévorer sa tête. Lorsque j’eus fini, il ne restait que quelques morceaux de la combinaison par terre, noyées dans un marre de sang. Alors, relevant la tête vers l'annonceur avec un sourire béat, je me rendis compte que j'avais gagné le match.