L'orifice profané

Le 27/05/2025
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par RV
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Thèmes / Divers / Poèmes de merde
Si CARAMBAR s'appelait CARAMOISI, ce petit texte en serait la blagounette. Ce petit poème en prose aurait toute sa place dans nos fameuses semaines TDM mais hélas, ô combien hélas, on n'en fait plus.
Je trouve de mauvais goût d'écrire une intro à ce texte.
Il errait dans sa chambre close, parmi les relents d'encens mort et les poussières d’un siècle oublié. Son doigt exhalait une odeur impure. Ce n’était pas simplement le signe d’une négligence corporelle ; c’était un avertissement. L’odeur, suave et fétide, semblait provenir d’un orifice secret, comme si la chair elle-même avait ouvert une bouche pour murmurer son dégoût.

L’index, souillé, portait en lui une énigme : celle de la pourriture intime, lente et majestueuse, comme une rose noire qui pourrit sous verre. Il le porta à son nez, fasciné par la pestilence sacrée qui s’en échappait. Il y avait dans cet orifice invisible — peut-être un pli de peau, une fissure oubliée — une poésie honteuse, une sensualité malade.

Il pensa aux alcôves silencieuses, aux catacombes de la chair, aux baisers qui laissent des traces invisibles. Peut-être qu’il ne s’agissait que d’un résidu de rêve, ou d’un reste d’amour mal lavé. Il ne savait plus. Il ne voulait plus savoir.

Il lava le doigt. L’orifice suintait encore.
Il accepta l’odeur, comme on accepte un vers dans le fruit, une larme dans le vin.

Et dans ce doigt corrompu, il reconnut enfin son double.