Gloomy Matrix

Le 07/06/2025
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par HaiKulysse
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Dossiers / L'IA dans le storytelling
Un grand sage a dit un jour : « Qu’est-ce que le réel ? Comment définir le « réel » » ? Vous avez 3h. Nous voici plongés dans l’univers halluciné de HaiKulysse. Une rêverie à la cyberpunk dopée aux réseaux et saupoudrée de LSD numérique. Un trip dense, chaotique, fragmenté en chapitres donnant l’illusion d’une structure générale du récit. Mais ce n’est qu’un leurre, les amis. Chaque paragraphe est une avalanche d’idées, de références, d’images. Mélange entre absurde, SF et manifeste cryptique. « You take the blue pill... the story ends. You take the red pill... you stay in Wonderland. » Je sais, en anglais, c’est classe.
L’agent Smith dans Matrix lançait des pierres par-dessus le canal, ce qui au surplus arrondissait les angles des profondeurs inférieures où l’on devait trancher entre la transgression et quelque chose nous empêchant de chapeauter nos préparatifs pour avorter les programmes informatiques.
Morpheus accoutumé à appliquer le reboot des machines des éboueurs n’avait pas changé un iota le code. Tout était bloqué, impossible d'aller même jusqu’à une heure très-avancée dans le monde réel qui avait sacrifié la raison et la conscience pour quelque chose d’aussi invraisemblable qu’incommensurable… mais nous consentions à risquer notre vie pour faire jaillir la vérité ; et jusqu’ici l’énigme qui masquait la fange de nos vies et de leurs vies d’esclaves nous martelait qu’on était encore au stade de l’observation.

Cependant il me semblait retrouver une force nouvelle et je voyais à présent quelque chose d’espiègle dans les yeux sombres de Mioussov. Un truc un peu du genre comme de la folie obsessionnelle aussi. Et à présent, les réseaux sociaux renchérissaient de convenances décadentes. Nos douloureuses expressions sur nos visages dans la matrice où nous étions prisonniers en attestaient.

Les influenceurs créaient toujours ce que les miroirs moirés voulaient nous faire voir et qu’on jugeait préférable pour nous de transgresser. Et parfois qui nous bluffait malgré tout. Comme cette fois où nous étions arrivés à décérébrer l’inventeur de ce système qui avait conçu, à notre insu, des ashrams d’épouses aussi volages que dangereuses…


Deuxième partie : Kill Bill et cyborgs

Sur le téléscripteur on matait des bastons dans cette petite église qu’un maitre du Kung Fu n’aurait pas fustigé, des massacres à la tronçonneuse ou au fusil à pompe ou même aux sabres de samouraïs dont le synopsis ne pouvait que croître en folie meurtrière et en violence sanguinaire à en revendre des cadavres.


La mariée, qui avait ouvert subitement une fenêtre dans la chapelle, ne s'imaginait jamais voir des cyborgs assassins envahir le lieu avec leurs armes lourdes, perturbant ainsi le mariage modeste en préparation. D’un diamètre d’environ trois kilomètres et d’une longueur de cent pieds le câble cryptait l'interprétation des données en donnant vie imprudemment à ses réflexions au serveur et aux ordinateurs dont le code défilant sur l’écran des ordinateurs signifiait à peu près ça : « Pourquoi, pourquoi était-elle sortie du monde réel pendant de longs intervalles, pourquoi l’avait-on envoyé dans le monde de ces pin-up rapidement créées par l’intelligence artificielle pornographique ? »

Elle s’était fait massacrer dans la paroisse avec sa petite bande d’amies et son futur époux, architecte du système et de tous les autres, jadis dans une autre vie virtuelle (systèmes informatiques ayant foiré mais qui furent remodelés pour que les générations futures ne rejettent pas l’implant) et pressentant qu’il avait eu un rôle important à jouer durant ses existences antérieures mais se souvenant de presque tout uniquement en dormant et ne se rappelant de pas grand-chose sur ses rêves satisfaisants lorsqu'ils s’évanouissaient à l’heure du réveil.


Les premiers et les plus vieux pionniers qui avaient mystérieusement fortifié leur cité à l’abri de ces mercenaires robotiques braillaient en voyant l’atroce spectacle devant leur poste de télévision parce qu’ils avaient, après une vision prémonitoire, prédit la libération par cette femme justicière de toute cette populace enfermée dans des gangues biocybernétiques.

En effet, Aliocha, succédant à l’ancien Élu, apparaissait comme la seule à mettre fin à cette prison mentale et factice qui gangrénait l’esprit de ceux ne voulant surtout pas être débranché. Ou du moins ne connaître qu’à moitié la pure vérité empruntant beaucoup aux cauchemars et aux psychoses à bien des égards. Et comme elle avait survécu et avait une furieuse envie de se venger, elle avait fait sien cet adage « Au royaume des aveugles les borgnes sont rois » pendant son ermitage au monastère de Shaolin.

Les intellects d’une vaste capacité, qui se tamponnaient en ce moment même de l’incohérence des lignes de code, choisissaient toujours la pilule rouge de l’amphétamine plutôt que la pilule verte, ce garde-fou neutralisant, d’après le traître parmi eux, tout ce qui était absolument secondaire… À moins que ce soit l’argumentaire de l'une de leur roublardise se couplant, à l’aide d’un processus par lequel un algorithme évalue et améliore ses performances, avec l'intervention d'un programmeur, répétant son exécution sur des jeux de données jusqu'à obtenir, de manière régulière, des résultats aussi oniriques que pertinents.


Troisième partie : Les légendes de ces sous-sols mystérieux où l’on apprendra qu’à l’aide d’une application d’un genre singulier les hackers réamorceraient ce soulèvement en annihilant tous les apprentissages automatiques de cette intelligence artificielle dont se targue la matrice ! Et trouvant une mine d’infos utiles pour livrer bataille dans cette guérilla aussi réelle que virtuelle…



« Tu prends la pilule bleue - l'histoire se termine, tu te réveilles dans ton lit et tu crois ce que tu veux. Tu prends la pilule rouge - tu restes au Pays des Merveilles et je te montre jusqu'où va le terrier du lapin. »



Je n’avais qu’un peu mal à la tête mais d’autres propriétés de cette drogue étaient sur la desserte ; les miroirs aussi reflétaient nos escarres purulentes et commençaient à ébaucher notre triomphale retour dans la matrice qu’on croyait jusqu’à présent inaccessible…

Tout était réel, ou du moins on croyait avoir loupé le moins possible ce qui nous faisait sentir vivant malgré la situation alarmante.

Le raffut des machines nous décervelait et nos caractéristiques improbables d’hominidés instiguaient toujours à leurs neurones artificiels un forcing dans leur base de données à cause de l’accumulation des informations, et surtout de leur haine pour le genre humain…
Leurs caissons cryogéniques ne servaient au début qu’à nous maintenir dans un état latent et larvaire, et à produire des rêves sales dont la plupart d’entre nous dépendaient désespérément... Mais depuis peu, on observait notre régime capitaliste céder à la panique et au black-out, suite à des failles de sécurité dont nous étions à l’origine. Car si ça collait avec les versions précédentes des différentes matrices, les divers Élus n’étant pas à la hauteur, le monde des machines avait bien auparavant créé tout ce qu’on s’efforçait de démontrer comme étant totalement factice aux gens, des laitues davantage plus proche des cadavres du crématorium que des vrais résistants.
Et ne voulant surtout pas gamberger, ayant par-dessus tout peur de la panne totale et irrémissible !


Et pendant ce temps-là au milieu d’un pandémonium d’agents essuyant des revers sévères, l’Élue prenant chaque fois l’avantage sur toutes ces nombreuses répliques de Smith, on croyait enfin qu’on pouvait vaincre la tyrannie des machines avec cette étrange application dont tous les abonnés et tous les followers recensaient d’illustres techniques de combat. Mais aussi des cachettes introuvables - souvent des souterrains - où l’on se soûlait sans se soucier de ces mercenaires nous traquant en vain. Et d’autres partages bigrement utiles et capables de renverser la tendance…

Quatrième partie : Les pérégrination des utilisateurs d'AngelOfDeath® ou comment l'on apprend que cette application stocke leurs données à tous ces givrés se méprenant au sujet du secret garanti par le logiciel...


Aliocha vida la bouteille de vodka cul sec et elle se précipitait toujours pour ça automatiquement quand elle codait ou réussissait à semer les vindicatifs agents dont les mœurs malgré tout s’étaient épurées, supervisées par les sarcoptes sévissant dans les cocons de la matrice…
Et pour mettre fin à ce réseau de neurones artificiels ça la bottait toujours de négocier dans les brocantes tout ce qu’on pouvait trouver des débris d’un cyclomoteur pour en faire un super-ordinateur permettant par syllogisme algorithmique d’exproprier les données des pérégrinations des utilisateurs d’AngelOfDeath®, et ainsi de débusquer ses ennemis traînant dans le coin !

Vérifiant des mots clés sur Internet sans savoir ce qu’elle voulait faire pendant une fuite de robinetterie qu’un plombier besogneux s’avisait de réparer, elle était censée essayer de convaincre les influenceurs en leur fournissant davantage de détails. Comme la fois où même les plus pessimistes d’entre eux, après une rencontre avec des créatures venues d’un autre monde, avaient touché tant de royalties qu’ils en étaient devenus intègres, banalisant le fait de donner 500 euros en cash aux clochards et autres pestiférés de la société.
Elle paraissait tout à coup ivre et avait les mêmes nerfs en pelote et la même tête givrée que ce Jack Torrance dans le film de Kubrick. Mais aussi comme le personnage central dans Crime et Châtiment, lorsqu’elle vit qu’une tentative de sabordage d’AngelOfDeath® était en cours, car elle culpabilisait d’avoir détruit quelque chose (ou quelqu’un) sans même avoir fleuri sa sépulture…
En cogitant comme ça sur tout ce qui lui incombait de faire pour sauver l’application des rebelles, elle fuma dans son bureau en laissant bouillonner le café bien noir dans le micro-ondes de la cuisine où des rets, pour piéger des rats ou des ragondins, pourrissaient avec une odeur de méthane. Elle était en pyjama, et il devait être cinq heures du matin ; et déjà à cause d’un bug de la matrice et de l’alacrité ultra-luminescente de son écran d’ordinateur elle devait mettre sa main en visière pour protéger ses yeux et ainsi continuer son travail (émigrer les données d’AngelOfDeath® sur un site très mal coté à l’argus)

Cinquième partie : les locaux de Thinktankule d’où l’idée de créer cette application a jailli du Mérovingien

Les locaux de Thinktankule se trouvaient au rez-de-chaussée d’un bâtiment à la façade brute situé au milieu de Main Street, coincé entre un Dollar Tree et un Western Auto fermé depuis un bail. Les planches étaient branlantes et les clous avaient laissé des traînées de rouille. La porte était verrouillée. Formant des œillères avec ses mains, Aliocha regarda à travers la vitre. Des gibets datant sûrement du mésolithique que le mérovingien avait gagné lors d’une tombola caritative, mais aussi des glaces brillantes comme des miroirs de bordel ouvrant sur des univers inconnus, ainsi que des électrophones détournés de leur usage et parfumant la pièce, à moins que ce soit la présence de ces sextuplées certes un peu gauche dans leur berceau mais promettant, quand elles seraient jeunes filles, tellement de sensualité, de désirs insensés.

La nuit, le mérovingien faisait la guerre, et il la perdait. C’était une vieille histoire mais cette fois il ne comptait pas ajouter une énième défaite ; sa main se referma sur le coude d’Aliocha, au point de lui faire mal. Il l’obligea à le suivre jusqu’à une porte coincée entre un scooter d’où des fientes de pigeon pleuvaient et un réfrigérateur abandonné d’où des poules caquetaient parmi les relents d’essence…

Elle lui demanda d’abord si quelque chose clochait. Puis si cette riposte contre le monde des machines était liée à son énervement. Enfin, étant donné qu’il demeurait silencieux, elle le questionna pour savoir si la ruée sur un certain livre rouge vif dans les librairies de la région avait été aussi été encodée par l’application d’AngelOfDeath® apportant ses étrennes aux penseurs et développeurs les plus fous…

- Cela je l’ignore, et je porte avec moi plus de questions que de réponses. Tout ce que je sais, c’est que j’ai longtemps marché jusqu’à sur la voie de ce chemin de fer où une chaîne de levage de moteur de camion avait été montée avant de trouver un vieux moustachu, puis une antique putain au visage de cire. Ensuite, la nuit a voulu me guider jusqu’ici.

- Alors tu as trouvé la Porte aux milles mondes, que nul ne découvre jamais par hasard. Son histoire est bien étonnante, le sais-tu ?

Elle voulait parler du premier terminal qui avait fondé l'originel système de la matrice ayant par acquit de conscience paramétré toutes les rêveries que tous les insoumis projetaient secrètement de rosser à mort pour penser aux si belles, aux si moches choses…