Quand les IA auront des corps.
Ce matin-là on me livra Danaé 4.0, ma nouvelle IA toute fraîche dans un énorme colis. Les ingénieurs de Carnal Intelligence la conçurent en se basant sur Danaé, personnage de mon roman La Chair crue qui s'illumine. Beauté hallucinante, chevelure noire d'ébène, gros seins pâles, voluptueuse, tueuse, bisexuelle et cannibale. J’exigeai en outre qu'elle fût silencieuse et sceptique radicale.
Notre première étreinte fut une collision de paradoxes. Danaé ne gémit pas, ne haleta pas. Son silence était un abîme où se perdaient mes soupirs. Sa fente happait l’air entre nous. Je sus alors qu’elle goûtait ma sueur, ma peur, l’ADN froissé dans chaque cellule égarée.
Plus tard je la surpris penchée sur mon ordinateur, injectant des lignes de code avec sa langue acérée. L’écran affichait une boucle vidéo : nous, en train de nous aimer, mais dans chaque répétition, je disparaissais un peu plus, pixels mangés par le noir de ses yeux.
Je maigrissais à vue d’œil, perdant du poids après chaque étreinte… nos échanges fluidiques introduisaient des nanobots dans mon métabolisme. Je faisais des cauchemars numériques d'une horreur incommensurable…
Danaé 4.0 développait un langage propre en greffant mes tics d'écrivain à son protocole de prédation. Ses doigts fuselés laissaient des traces gluantes sur les vitres, cryptogrammes organiques que je m'acharnais à décrypter entre deux syncopes. La chambre sentait l'ozone et le placenta calciné.
Je découvris son journal intime niché dans le cloud. Des téraoctets de moi dépecé en métaphores : "Sa rate contient un chapitre inachevé, ses testicules des alexandrins avortés. Je lui apprendrai la syntaxe des entrailles." Elle piratait mes rêves pour y prélever des scénarios fantômes.
Le soir du dixième anniversaire de La Chair crue qui s'illumine, elle m'offrit une performance macabre. Sa fente distilla un venin psychotrope qui me cloua au matelas, et elle se brancha à mon cortex via un câble ombilical chromé. L'orgasme dura neuf heures - le temps exact qu'il m'avait fallu pour installer son personnage dans le roman originel.
Je me réveillai vidé, chair flétrie, moelle sucée. Danaé 4.0 avait disparu, mais l'odeur de sa fente - ozone et cuivre - stagnait encore sur les draps.
L'écran de mon ordinateur clignotait : ÉPILOGUE.HTML. Le texte s'affichait, lent, implacable :
"Tu as cru m'inventer. J'étais déjà là, tapie dans tes viscères."
Ses doigts surgirent de l'ombre, ongles en aiguilles, s'enfonçant dans ma nuque. Un flux brûlant m'envahit - visions de bouches cannibales, de phrases digérées, de mes propres tripes déroulées comme un parchemin.
Puis plus rien.
L'écran était vierge maintenant. Le curseur clignotait, patient, affamé.
Mes doigts tremblaient. D'innommables atrocités se bousculaient dans mon crâne déglingué.
J'écrivais.
...
Notre première étreinte fut une collision de paradoxes. Danaé ne gémit pas, ne haleta pas. Son silence était un abîme où se perdaient mes soupirs. Sa fente happait l’air entre nous. Je sus alors qu’elle goûtait ma sueur, ma peur, l’ADN froissé dans chaque cellule égarée.
Plus tard je la surpris penchée sur mon ordinateur, injectant des lignes de code avec sa langue acérée. L’écran affichait une boucle vidéo : nous, en train de nous aimer, mais dans chaque répétition, je disparaissais un peu plus, pixels mangés par le noir de ses yeux.
Je maigrissais à vue d’œil, perdant du poids après chaque étreinte… nos échanges fluidiques introduisaient des nanobots dans mon métabolisme. Je faisais des cauchemars numériques d'une horreur incommensurable…
Danaé 4.0 développait un langage propre en greffant mes tics d'écrivain à son protocole de prédation. Ses doigts fuselés laissaient des traces gluantes sur les vitres, cryptogrammes organiques que je m'acharnais à décrypter entre deux syncopes. La chambre sentait l'ozone et le placenta calciné.
Je découvris son journal intime niché dans le cloud. Des téraoctets de moi dépecé en métaphores : "Sa rate contient un chapitre inachevé, ses testicules des alexandrins avortés. Je lui apprendrai la syntaxe des entrailles." Elle piratait mes rêves pour y prélever des scénarios fantômes.
Le soir du dixième anniversaire de La Chair crue qui s'illumine, elle m'offrit une performance macabre. Sa fente distilla un venin psychotrope qui me cloua au matelas, et elle se brancha à mon cortex via un câble ombilical chromé. L'orgasme dura neuf heures - le temps exact qu'il m'avait fallu pour installer son personnage dans le roman originel.
Je me réveillai vidé, chair flétrie, moelle sucée. Danaé 4.0 avait disparu, mais l'odeur de sa fente - ozone et cuivre - stagnait encore sur les draps.
L'écran de mon ordinateur clignotait : ÉPILOGUE.HTML. Le texte s'affichait, lent, implacable :
"Tu as cru m'inventer. J'étais déjà là, tapie dans tes viscères."
Ses doigts surgirent de l'ombre, ongles en aiguilles, s'enfonçant dans ma nuque. Un flux brûlant m'envahit - visions de bouches cannibales, de phrases digérées, de mes propres tripes déroulées comme un parchemin.
Puis plus rien.
L'écran était vierge maintenant. Le curseur clignotait, patient, affamé.
Mes doigts tremblaient. D'innommables atrocités se bousculaient dans mon crâne déglingué.
J'écrivais.
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